Amour ? Sexe ? Bang Gang ?

Nicolas Colle a rencontré en exclusivité l’équipe du sulfureux film « Bang Gang ».

L'amour avec un grand "A" se découvre parfois dans des situations et lieux invraisemblables... Foto: Ad Vitam Distribution

(Par Nicolas Colle) – En adaptant un fait divers survenu dans l’Amérique des années 90 où un grand nombre d’adolescents ont repoussé comme jamais leur limite en se livrant ensemble et mutuellement à des pratiques sexuelles de grande ampleur, Eva Husson signe un « teen movie » sombre et mélancolique mais aussi teinté d’un zeste de romantisme. Nous avons rencontré la cinéaste ainsi que le jeune comédien Finnegan Oldfield, grande révélation masculine de l’année dernière grâce à son rôle dans « Les Cowboys » et nominé pour le César du Meilleur espoir masculin en février dernier.

Ce qui me frappe, c’est que ces jeunes en arrivent à créer ce « Bang Gang » après avoir vécu des blessures affectives et intimes ?

Eva Husson : En effet, ce que je voulais, c’était explorer comment les stratégies individuelles peuvent mettre en place un événement collectif. Parfois plein de micro événements amènent à un macro événement. Donc effectivement suite à une déception amoureuse puis en voulant lancer une sorte de défi, on arrive à ce « Bang Gang ».

Au milieu de ce chaos, il y a tout de même de l’amour qui émerge avec une histoire très attachante entre deux des jeunes personnages ?

EH : Je crois profondément à l’altérité et à l’autre avec un grand A. J’ai eu des rencontres magnifiques dans des moments très incongrus et je voulais placer une rencontre dans le moment le plus incongru possible. On peut parfois rencontrer des gens qui nous amènent à une identité qui est supérieure à celle qu’on a quand on est seul. On se trouve alors plus en phase avec ce qu’on est et ce qu’on peut être. Ce garçon se fout de tout ce qui s’est passé, il ne voit que cette fille et peu importe quel rôle elle a pu jouer dans ce « Bang Gang ». Il comprend qu’il vaut mieux se reconstruire ailleurs car il sent qu’il y a quelque chose à construire. Je suis une grande romantique, une grande amoureuse mais en même temps je ne suis pas naïve, je ne suis pas sûr qu’ils finiront leur vie ensemble mais ils feront toujours parti, l’un et l’autre, de leur parcours respectif.

Finnegan, qu’est ce qui amène ton personnage dans cette folie selon toi ?

Finnegan Oldfield : Je pense que même si, en apparence, il semble mener la belle vie du fait qu’il est très libre, qu’il peut recevoir tous ses potes dans la maison de ses parents sans leur rendre des comptes car ils travaillent loin de chez eux, il est en réalité plongé dans une grande solitude et c’est ce qui l’amène à s’entourer de plein de gens qui sont également très seuls. Et le fait de passer de cette solitude à quelque chose qui semble tout d’un coup trop grand pour lui, l’amène à tout mélanger, la drogue, l’amour, le sexe. C’est cette sensation de « Trop » qui lui nuit.

Il y a un grand nombre de scènes de nu et de sexe… Ça n’a pas été trop intimidant à jouer pour le jeune comédien que tu es ?

FO : En fait, je me demandais depuis longtemps ce que je pourrai ressentir si je devais jouer ce genre de scènes. Et plus jeune, je me disais que je ne le ferai pas. Comme je ne m’imaginais pas jouer des fachos par exemple. Mais il faut savoir dépasser tout ça pour être acteur car dans ce métier, on n’est jamais soi. Donc même si j’avais une appréhension, quand Eva m’a demandé si j’étais prêt à tourner ce genre de scènes, j’ai dis que oui car c’est comme ça qu’on fait quand on veut trouver du boulot. (Rires). Mais tout s’est très bien passé par la suite…

EH : Et il faut savoir qu’au moment du casting, j’ai fais jouer une scène de nu avec du texte à chacun(e) des comédien(ne)s pour qu’ils n’arrivent pas bloqués sur le plateau et qu’ils puissent aborder ces scènes sereinement.

Quelle vision de l’adolescence vouliez-vous donner à travers ce fait divers ?

EH : Déjà, je tiens à signaler que c’est un fait divers exceptionnel donc je ne prétends absolument pas que cette génération a une telle vision de la sexualité. Mais je pense que les situations extrêmes sont très révélatrices des sociétés dans lesquelles elles arrivent. Donc je me suis demandé : « Qu’est ce que je peux dire sur cette génération d’adolescent à travers ce fait divers, sur leur rapport au corps, à l’amour à la limite de soi et de l’autre ? ». Je tenais à éviter la frontalité car je pense que le territoire du cinéma c’est avant tout la reconquête de l’intime. Et puis, même si je tenais à apporter une note de romantisme sur la fin, je voulais donner au film un ton assez mélancolique car c’est un sentiment que j’avais pu éprouver dans mon adolescence, que j’ai vécue comme une grande traversée de la solitude.

Selon vous, qu’est ce que ces personnages retiendront de toute cette histoire ?

EH : Pour chaque personnage, il y a une forme d’acceptation de soi et de son parcours. Ils comprennent que chaque parcours est singulier et qu’il n’y a pas de drame fondamental dans ce qu’ils ont vécu. Je ne crois pas que des événements douloureux ou violents vécus à l’adolescence puissent marquer à vie. Il ne leur arrive pas de tragédie véritable. Je voulais aller contre ce discours alarmiste qui dirait qu’ils allaient être perverti par la pornographie alors qu’ils vont laisser tout ça derrière eux et aller de l’avant.

« Bang Gang » est actuellement disponible en Vidéo à la demande ainsi qu’en DVD près de chez vous.

Lien youtube de la bande annonce.

Banggang Affiche OK

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