Angela, Emmanuel et les autres…

Le plan de relance pour l'Europe que proposent Angela Merkel et Emmanuel Macron dévoile le véritable état de l'Union Européenne. Pour la plupart des Etats membres, la devise est : « chacun pour soi ».

Leur plan de relance économique pour l'Europe est bien pensé - mais fera-t-il l'unanimité ? Foto: ScS EJ

(KL) – Le plan de relance économique souhaité par Angela Merkel et Emmanuel Macron serait assez révolutionnaire. 500 milliards d’euros seraient prévus pour sauver l’économie dans les pays européens les plus touchés par la crise et ce, non pas sous forme de crédit, mais en tant que subventions pour des projets concrets, financés par un endettement collectif de l’Union Européenne. Mais ce plan est loin d’être entériné. Une fois de plus, la fichue règle de l’unanimité risque de faire capoter une bonne idée.

Evidemment, les pays du sud de l’Europe, particulièrement éprouvés par la corona-crise, sont favorables à ce plan qui pourrait contribuer à relancer l’économie dans ces pays. Sans surprise, les « Etats de Visegrad » y sont favorables aussi ; après tout, quand il s’agit de percevoir l’argent européen, ces quatre pays (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République Tchèque) se tiennent toujours au premier rang. Mais ce sont les pays du nord de l’Europe qui ont déjà annoncé leur opposition à ce plan franco-allemand : l’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède ne souhaitent pas injecter de l’argent dans les pays dans le besoin, mais insistent pour que les aides soient accordées sous forme de crédit. Mais à quoi bon augmenter la dette de pays qui, déjà, croulent sous leur dette ?

De toute manière, le plan présenté par Angela Merkel et Emmanuel Macron nécessitera l’unanimité, et on voit mal comment le « paradis fiscal européen », les Pays-Bas, pourraient retrouver le chemin vers la solidarité européenne. Pourtant, ce n’est pas en augmentant la dette d’un pays qu’on peut le sortir de la crise – l’exemple de la Grèce indique clairement que cela ne fonctionne pas.

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles – comme ce paquet qui a du coûter des nuits blanches à la chancelière allemande. Pour elle, ce projet franco-allemand constitue la seule chance d’éviter les « corona-bonds » et les « euro-bonds », donc, une mutualisation de la dette des Etats membres de l’Union Européenne. « Il s’agit d’un effort exceptionnel et unique », a-t-elle déclaré lundi, indiquant par là qu’elle serait prête à fournir un tel effort, à condition qu’on en parle plus des « euro-bonds ».

Le projet franco-allemand est bien pensé - L’UE prendrait des crédits à hauteur de 500 milliards d’euros à des conditions favorables et injecterait cet argent dans l’économie là où c’est nécessaire. Les destinataires de ces sommes ne devraient pas rembourser les sommes perçues : le remboursement se ferait de manière solidaire par l’ensemble des 27, par le biais de leurs contributions au budget de l’UE et sur une durée de 20 ans.

Le but du projet est clair : éviter que des régions entières ne décrochent pendant la phase de relance des activités économiques, sauver un maximum d’emplois et agir, enfin !, ensemble.

L’Union Européenne se trouve désormais devant un choix crucial. L’UE restera-t-elle  une sorte d’agent pour les lobbys et uniquement un marché intérieur, ou deviendra-t-elle une communauté d’Etats solidaires ? De ce choix dépendra l’avenir de l’Union Européenne – menacée par une désintégration proche, par exemple par une sortie de l’Italie de l’UE, elle doit maintenant choisir son orientation. Un tel acte de solidarité, qui pourrait apporter une véritable aide aux régions et pays concernés, relancerait l’UE sur un bon chemin. Si cet acte de solidarité est refusé, l’UE devra se faire à l’idée qu’elle vivra ses dernières années. Car une Europe non solidaire, personne n’en aurait besoin. Espérons que les 27 feront, pour une fois, le bon choix…

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