Angela Merkel fait le point sur les vaccinations

Après une concertation avec les ministre-présidents des Länder et les experts scientifiques, la chancelière à présenté les résultat du « sommet des vaccinations ».

Angela Merkel ne pense même pas à s'auto-congratuler. Elle préfère une information factuelle, précise et compréhensible. Surprenant. Foto: © Bernhard Ludewig / Finnish Government / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Il était 19h34 lorsque la première chaîne de télévision allemande ARD a interrompu son programme pour passer au direct de la conférence de presse de la chancelière. Quel contraste avec les « politico-shows » des Macron, Castex & Cie. ! Pas de drapeau, pas de palais, pas de gardes républicaines, pas de Marseillaise, pas de cadrage sexy – que du factuel. La chancelière Angela Merkel informe les citoyens et citoyennes. Sans pathos, sans « nous sommes les meilleurs », sans « qu’est-ce qu’on gère bien cette crise ! », que des faits. Sans posture entraînée, sans gestuel coaché, « Mutti » parle aux Allemands. Sans donner de leçons, sans insulter, sans menacer, sans culpabiliser, que du factuel. Quel contraste !

Le plan de vaccination allemand se dessine et sa mise en œuvre durera plus longtemps que prévu. La chancelière parle calmement, aussi des erreurs commises par le gouvernement. Personne ne lui en voudra, quelque part, c’est logique que l’on puisse commettre des erreurs dans une telle situation complexe et inédite. Mais les identifier et de les reconnaître, c’est qu’on est déjà en train de faire mieux. Reconnaître des erreurs ne détruit pas la confiance, mais au contraire, la crée. Actuellement, 3% des Allemands ont eu une première injection. L’Allemagne ne compte ni parmi les meilleurs, ni parmi les pires. Mais, on manque de doses. On a surestimé la capacité de production des laboratoires qui eux, avaient promis bien plus de doses qu’ils ont pu livrer pour l’instant.

La chancelière explique. Les téléspectateurs comprennent par son récit, les difficultés liées à la gestion d’un tel projet pharaonique. Elle admet qu’on aurait pu commettre d’autres erreurs. Si actuellement, toutes les doses commandées et promises étaient déjà disponibles, on aurait des problèmes logistiques et administratifs. Là, on est tout juste en mesure de gérer les doses déjà livrées, en vaccinant moins de gens qu’on aurait souhaité. Comme c’est présenté, on comprend. La chancelière parle aux Allemand.e.s comme s’ils étaient des gens adultes et capables de comprendre ce qu’on leur explique.

La chancelière explique la stratégie. Améliorer cette logistique et administration de la campagne de vaccination, cela peut se faire en parallèle des livraisons. Et ce sera fait. Pour les livraisons, il y a un nouveau calendrier. Un troisième vaccin est sur le point d’obtenir les autorisations. Pourquoi est-ce que ces autorisations sont accordées si tardivement ? Pour faire des tests, dit Angela Merkel, parce que nous avions insisté que les laboratoires assument la garantie pour leur produits, ce qu’ils ne voulaient pas dans un premier temps. Il fallait négocier ça. Elle l’a fait. Bien. Fin Septembre, toute la population devrait avoir eu la possibilité d’avoir eu au moins la première injection.

19h52 – Fin de la transmission. ARD passe la publicité. L’intervention a duré 18 minutes. Pas de show d’une heure et demi. Des faits. Présentés calmement, par une chancelière modeste face à l’énormité de la situation. La cheffe de l’Allemagne qui se soucie pour son peuple et son pays. Elle n’a pas besoin de le dire, on se sent, on le voit. Pas de « moi, je ». Pas de superlatif. Pas de cadre huppé. Pas d’auto-satisfaction. Et au bout de 18 minutes, les Allemands avaient l’impression d’avoir été informés. Que la chancelière n’avait pas essayé d’endormir le peuple avec des interprétations hasardeuses de chiffres dont personne ne connaît l’origine.

C’est rare que le service public interrompt son programme pour un direct. Les téléspectateurs, nombreux à cette heure, avaient immédiatement compris que c’était important. Pas d’annonce, comme un événement – « hé, ce soir, tu regardes Castex ? ». Mais aucun Allemand ayant vu cette intervention hier soir, ne pouvait avoir l’impression d’avoir été pris pour un imbécile. 18 minutes d’information. Maintenant, on sait comment le gouvernement entend mener sa campagne de vaccination. 18 minutes, sans bla bla. Parfois, en faisant un peu moins, on peut faire beaucoup plus…

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