Angela Merkel maintient son « on va y arriver » !

La chancelière allemande maintient le cap et ne revient pas sur sa politique en matière de réfugiés, malgré les pressions internationales, nationales et même au sein de son propre parti.

Le chef de la CSU bavaroise, Hort Seehofer (à g.) fait partie de ceux qui critiquent vivement Angela Merkel. Foto: Harald Bischoff / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La pression sur Angela Merkel est énorme. Au niveau international, on la rend indirectement responsable des derniers attentats, l’extrême-droite allemande la critique vivement pour sa politique en matière de l’accueil des réfugiés et même dans son propre parti, la CDU, on entend de plus en plus de voix qui estiment qu’elle a commis une grave erreur en accueillant plus d’un million de réfugiés. Dans de nombreuses déclarations, des responsables politiques comme le chef de la CSU bavaroise Horst Seehofer, font un amalgame aussi faux que dangereux entre « réfugiés » et « terroristes ». Mais Angela Merkel a raison – aucun des derniers attentats n’a été commis, ni en Allemagne, ni en France, ni en Belgique, par des réfugiés arrivés dans cette grande vague arrivée après Août 2015.

« Je maintiens les décisions politiques que nous avons prises », soulignait la chancelière la semaine dernière à Berlin pour répéter sa désormais célèbre phrase « wir schaffen das ! » (« nous allons y arriver ! »). Lorsque l’on regarde les programmes d’intégration pour les centaines de milliers de réfugiés arrivés depuis un an en Allemagne, il paraît clairement que l’accueil d’un tel nombre de réfugiés est tout à fait possible. La seule ville de Freiburg a accueilli plus de 8000 réfugiés qui aujourd’hui, suivent tous des cours de langue, des cours d’intégration et les structures d’accueil d’urgence se vident peu à peu. « En cas de besoin, nous pourrions accueillir davantage de réfugiés », dit le maire adjoint aux affaires sociales, Ulrich von Kirchbach (SPD).

Toutefois, lors de sa conférence de presse, Angela Merkel a ajouté : « mais je n’ai jamais dit que ça allait être facile… ». Il est vrai que lors de l’ouverture de la frontière en Août 2015, les réfugiés n’ont pas tous été correctement enregistrés et plusieurs dizaines de milliers de réfugiés ne peuvent toujours pas être localisés avec certitude. Mais il convient de souligner qu’aucun attentat, aucun acte terroriste n’a été commis par ces réfugiés arrivés après août 2015.

Bien sûr, parmi les réfugiés, il y a aussi des personnes criminelles. Comme dans toutes les autres populations et le taux de criminalité parmi les membres de la « Pegida », ce mouvement xénophobe et en partie néonazi, est bien supérieur à celui des réfugiés. Seule exception – la fraude dans les transports en commun – mais il serait plus facile d’accorder aux réfugiés la gratuité dans les transports en commun pour qu’ils puissent participer à la vie de la société…

Si de nombreux observateurs à l’étranger estiment qu’Angela Merkel a ouvert les frontières pour parer à la pénurie de main d’œuvre déclenchée en Allemagne par le changement démographique, il convient de se souvenir du moment où cette décision a été prise. Face à plus de 10000 réfugiés qui étaient coincés entre l’Autriche et l’Allemagne (en plus, c’était un week-end et la chancelière n’avait aucune possibilité d’organiser des réunions au niveau national ou européen), Angela Merkel devait réagir et elle a pris, probablement la seule fois pendant les 10 ans de son mandat, une décision spontanée, émotionnelle et non calculée – en disant « wir schaffen das ! ». La preuve – l’Allemagne a réussi à mobiliser un pourcentage incroyable de sa population qui s’engage bénévolement dans les innombrables programmes d’intégration.

En refusant de faire cet amalgame entre « réfugiés » et « terroristes », Angela Merkel fait preuve de bon sens et d’un grand humanisme permettant à l’Allemagne de se montrer solidaire avec le destin des réfugiés. Plus de 70 ans après la fin de la IIe Guerre Mondiale et aussi après avoir ruiné le sud de l’Europe par sa politique d’austérité désapprouvée par bon nombre d’Allemands, le pays s’est retrouvé dans une situation qui a permis aux Allemands de montrer au monde qu’ils ne sont plus ce qu’ils étaient il y a 70 ans. Cette possibilité de se « racheter », les Allemands ne l’ont pas laissée passer. L’élan de solidarité continue et Angela Merkel a bien raison de ne pas tomber dans le piège des populistes en Allemagne qui eux, estiment que la politique d’accueil ait ouvert les portes au terrorisme. Pour l’instant, aucun fait ne confirme cette position et il est rassurant que la chancelière ne se laisse pas entraîner dans cette hystérie que l’extrême-droite souhaite déclencher en Allemagne.

Si Angela Merkel a commis des « erreurs techniques », par exemple en pêchant dans l’enregistrement des réfugiés, il est parfaitement possible de remédier à ces erreurs – et Angela Merkel a, en effet, annoncé vouloir améliorer ces aspects de l’accueil. Sans pour autant remettre en question le devoir moral et juridique de secourir des victimes de la guerre. Par les temps qui courent, cette attitude mérite du respect.

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