Angela Merkel viole son serment de chancelière

La chancelière met les cartes sur la table. Elle dispose des éléments que demande la commission d’enquête – mais elle ne les montrera pas.

Au moment de prêter serment au Bundestag, personne n'a vu la main droite de la chancelière... Foto: Mjt16 / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Selon la constitution allemande, le Grundgesetz, la chancelière, tout comme le président fédéral et les ministres, doit prêter serment au début de son mandat, comme le stipulent les articles 56 et 64 du Grundgesetz. Ce serment se lit comme suit : «Je jure que je consacrerai ma force pour le bien-être du peuple allemand, que j’augmenterai sa prospérité et que je le protègerai contre tout dommage. Je jure respecter et défendre la constitution et les lois fédérales, que je remplirai ma mission avec soin et que serai juste avec tout un chacun.» Actuellement, Angela Merkel est en train de violer ce serment. Il y a vraiment anguille sous roche…

Maintenant, c’est officiel – le gouvernement allemand oeuvre pour le compte des Américains. Ce que tout le monde pense depuis que le scandale du BND (Bundesnachrichtendienst, service secret allemand) ait éclaté, la chancelière vient de le confirmer. Oui, elle dispose de la liste des «selectors», donc ces 12 000 mots-clés selon lesquels le BND a espionné des entreprises européennes (plusieurs ont déjà porté plainte contre X), le gouvernement français et la Commission Europénne. Non, elle ne donnera pas cette liste à la commission d’enquête du parlement allemand en charge du scandale NSA. Ou bien, peut être si, à condition que les Etats-Unis lui donneraient le feu vert. De toute manière, une telle autorisation ne pourrait être obtenue qu’à la fin des consultations transatlantiques actuellement en cours. Comprendre : la chancelière allemande refuse de laisser les représentants du peuple allemand examiner ces pièces à conviction – sauf si ceux qui sont incriminés, lui permettent de les montrer.

Aux juristes de trancher si ce refus ne constitue pas une trahison dans le sens de la loi. Toujours est-il qu’elle laisse décider un état étranger ayant espionné l’Allemagne et d’autres états européens, si oui ou non, elle peut en informer le parlement allemand et le public. Du jamais vu. Surtout dans la mesure où les Américains ne lui permettront jamais de montrer cette liste en invoquant leurs intérêts sécuritaires. L’Allemagne, par le biais de cette chancelière, vient donc d’abandonner sa souvéranité – et les Allemands se posent la question pourquoi.

En même temps, Angela Merkel avoue bien plus qu’elle ne veut avouer. Le fait qu’elle soit en possession de cette liste, constitue la preuve qu’elle et ses ministres aient menti en déclarant à plusieurs reprises de ne pas être au courant de cette affaire. Si la chancelière dispose de documents aussi spécifiques que la liste des «selectors», elle ne peut plus clamer ne pas avoir été au courant de l’ensemble du dossier. Ce qui implique qu’elle a, logiquement, violé son serment. Une raison plus que suffisante pour démissionner.

En même temps, cette chancelière sabote ouvertement le travail de la commission d’enquête du Bundestag sur le scandale de la NSA, laissant à la NSA le soin de décider quels éléments à charge cette commission peut évaluer. Sachant que les Etats-Unis ne lui permettront jamais de divulguer ces documents, elle abandonne, dans les fait, le pouvoir sur la RFA – en le cédant aux Etats-Unis.

Le comportement de la chancelière ne peut s’expliquer que par une implication encore plus directe de la chancellerie et d’elle-même dans ce scandale d’espionnage. Et en même temps, on s’étonne du silence de l’Elysée et de la Commission Européenne. Victimes d’espionnage germano-américain, on aurait pu s’attendre à une réaction de leur part. Une expression de mécontentement. Un cri au scandale. Une demande d’explications publiques et d’excuses. Mais – silence radio. Ce qui laisse penser que tous soient également impliqués dans ces pratiques d’espionnage. Qui coûtent une fortune, qui détruisent la confiance qui devrait être de mise entre partenaires, qui trahissent les 500 millions de citoyens européens.

Cette chancelière ne peut plus rester en poste. Après avoir trahi les Allemands et les Européens, après avoir menti publiquement, après avoir violé son serment, elle devrait prendre ses pions et partir. Saboter le travail d’une commission parlementaire en charge de clarifier un cas d’espionnage, cela frôle le comportement criminel qui donne à réfléchir. S’agit-il vraiment de la sacro-sainte «lutte contre le terrorisme» ? Ou est-ce que les puissances occidentales ne seraient pas en train de mettre en oeuvre une surveillance totale de la population pour pouvoir étouffer tout mouvement social après les prochaines crises financières ? Et sont-ils tous impliqués ? Les Juncker, Hollande, Cameron & Cie. ?

Le tort que cette génération de politiciens aura causé aux états européens, à l’Europe, à la démocratie, à toute une génération de jeunes qui grandissent en se désintéressant totalement à la politique en étant persuadée que la politique est une chose corrompue menée par des corrompus, est immésurable. Le comportement de ces (ir-)responsables constitue une invitation à la radicalisation qui elle, arrivera inévitablement. Car cette radicalisation ressemblera plus à de la légitime défense qu’à autre chose.

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