« Annus horribilis » pour l’Europe

L'année 2024 était catastrophique pour l'Union européenne qui a perdu son standing sur l'échiquier mondial. Trop de crises nationales, trop de mauvaises décisions.

Vue d'en-haut, l'Europe est merveilleuse. Mais seulement vue d'en-haut... Foto: ESA/A.Gerst / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0 IGO

(KL) – Il fut un temps où l’Europe était un acteur principal dans tous les grands dossiers du monde. Mais cela relève du passé, aujourd’hui, l’Union européenne n’est plus que l’ombre d’elle-même, et les grandes décision se prennent ailleurs. Les crises gouvernementales en France et en Allemagne ne sont pas étrangères à cette évolution, mais il y a d’autres raisons qui ont conduit à cette perte d’importance.

Si en 2024, les deux grandes puissances européennes qui sont la France et l’Allemagne, étaient trop occupées par leur nombrilisme national, les institutions européennes ont ajouté à une évolution qui met l’UE carrément hors-jeu des grands dossiers mondiaux. Le pêché originel était sans doute la réélection d’Ursula von der Leyen à la tête de la puissante Commission européenne, un signal fort qu’on ne change rien, mais en vue des grandes crises internationales, cette attitude est néfaste. L’Europe attend toujours la mise en œuvre d’une Europe de la Défense, d’une Europe de l’Énergie, d’une Europe sociale, d’une Europe de la Santé et finalement, on fait le triste constat que l’Europe se limite au rôle d’agent pour les « marchés financiers », des lobbys et du Grand Capital. Ajoutez à cela les scandales de corruption et même d’espionnage qui secouent les institutions européennes et on comprend que le monde n’attend pas que l’Europe arrive à se doter d’un règlement interne efficace – l’Europe est descendu en Ligue 2 des nations.

Le souhait des politiques européens d’opérer la prochaine extension de l’Union, sans avoir réformé les institutions, conduira au prochain flop. L’Union européenne devrait pouvoir agir sans soumettre ses décisions au bon vouloir du président ukrainien. Mais en attendant, aucune réunion européenne importante ne se tient sans la présence de Selenskyi qui agit comme s’il était le président de l’Europe – pourtant, en l’état, une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ou l’OTAN serait impensable. Même si l’Union refuse depuis bientôt trois ans de développer une stratégie propre concernant la guerre en Ukraine, plus tôt ou plus tard, il faudra que l’UE décide d’un objectif réaliste – « mettre la Russie à genou » ne fonctionne visiblement pas et l’escalade de cette guerre vers la IIIe Guerre Mondiale, comme le souhaite Selenskyi, ne peut pas être une option pour l’Europe.

L’Union européenne devient de plus en plus un « parking » pour des politiques que l’on n’arrive plus à caser dans les pays respectifs, un aire de jeu pour le jeu de la corruption des lobbyistes, la preuve que la démocratie européenne ne fonctionne plus.

Il aurait fallu opérer un grand changement après l’élection européenne, réformer les institutions, éjecter ceux des postes importants qui ont déjà démontré qu’ils n’arrivent pas à donner une perspective positive à l’Europe, mais le Parlement a préféré voter pour la « continuité dans la descente aux enfers ». Les institutions européennes sont aujourd’hui toujours sous la main-mise germanique, aux parfums du post-fascisme italien et paralysées par des pays comme la Hongrie ou la Slovaquie qui ne savent pas s’ils préfèrent la Russie à l’Europe, mais qui ont le pouvoir de bloquer les décisions européennes à cause de la fichue règle de l’unanimité.

Et les perspectives 2025 pour l’Union européenne ? Elles ne sont pas bonnes, car autant la Commission que le Parlement ont voté contre des réformes, contre un changement de direction, contre la modernisation de l’Europe, contre la démocratie européenne. Donc, l’Union continuera à exaucer les vœux de Monsieur Selenskyi, elle regardera avec de grands yeux la guerre économique entre les États-Unis et la Chine qui aura de fortes conséquences sur l’économie européenne, et au lieu d’être un moteur et leader mondial, l’Europe restera une « puissance de deuxième zone » qui se limitera à financer ce que d’autres décident à Ottawa, Ankara, Pékin, Washington, Téhéran et Moscou.

Ce ne sera pas en 2025 que l’Union européenne pourra prétendre à la remontée en Ligue 1, il faudra même être vigilant de ne pas descendre de la Ligue 2 des nations en « Championnat national ». Dommage, car 2024 aurait été l’année pour relancer l’Europe, pour initier des réformes urgentes, de quitter la voie de la corruption. Mais à Bruxelles, on a décidé de continuer sur un chemin qui conduit à l’insignifiance politique de l’Europe. Vraiment dommage.

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