Antisémitisme : Strasbourg – Obernai, même combat ?

Lors de deux manifestations le week-end dernier, à Obernai et à Strasbourg, des stands d’associations anti-israéliennes ont fortement irrité le public. Surtout dans la mesure, où les réactions des deux municipalités n’étaient pas les mêmes.

Ce stand sur la "BiObernai" a été fermé par le maire Bernard Fischer. Foto: privée

(KL) – Le week-end dernier, deux grandes manifestations avaient lieu dans le Bas-Rhin : la 18e édition du Salon de l’agriculture biologique « BiObernai » à Obernai, regroupant plus de 250 producteurs bio, et le « Village des assos » au Parc de la Citadelle à Strasbourg. Lors des deux manifestations, les visiteurs découvraient des stands associatifs qui appelaient au boycott d’Israël, qui vendaient des T-shirts invitant à boycotter « l’apartheid en Israël » et des tracts allant également dans ce sens. Le plus surprenant étant que les réactions des deux municipalités n’étaient pas du tout les mêmes.

A Obernai, le maire Bernard Fischer, informé le samedi soir de la présence de ce stand, s’est rendu sur place le dimanche matin, accompagné par la Police Municipale et la Gendarmerie, et quelques minutes plus tard, ce stand était définitivement fermé. A Strasbourg, où, selon un membre de la majorité, l’exécutif était également informé de la présence d’un tel stand, la réaction était – le silence. Rien. Mais avec deux stands quasiment identiques, comment se fait-il qu’une municipalité estime qu’il faille le fermer, tandis que l’autre ne se sent pas concernée ? Est-ce que la définition du vivre-ensemble et de l’antisémitisme n’est pas la même entre Obernai et Strasbourg ? Est-ce qu’à Strasbourg, le vivre-ensemble entre les communautés devient négligeable ?

Interrogé par Eurojournalist(e), le maire d’Obernai, Bernard Fischer, était très clair. « Nous organisons ce Salon bio depuis 18 ans, sans qu’il n’y ait jamais eu d’incident. Cette année, parmi les plus de 250 stands, il y avait 10 nouveaux. Les organisateurs du stand en question, avaient fait une demande en bonne et due forme, annonçant vouloir y vendre de l’huile biologique et d’autres produits bio produits en Palestine. Sur place, on a du constater que des banderoles antisémites étaient déployées, que des produits comme des T-shirts portant un slogan anti-israélien y étaient proposés et il était hors de question de ne pas réagir immédiatement et fermement. L’antisémitisme ne doit pas avoir de la place, ni à Obernai, ni ailleurs dans le monde. » OK Antisem 3 klein

Sur les tracts distribués à Obernai et Strasbourg, figurent les noms de deux associations (les photos de ces tracts se trouvent en bas de cet article). Sur l’un, paraissent « l’AFPS Alsace » (Association France Palestine Solidarité) ET le « BDS » (Boycott, désinvestissement et sanctions), deux associations qui s’engagent contre l’état d’Israël et qui font la promotion de sanctions et de boycotts contre l’Israël. Sur l’autre tract, figurent, outre l’AFPS, les insignes de la République et le nom d’un imaginaire « Ministère des Droits de l’Homme ». Même si en bas du tract, on peut lire qu’un tel ministère n’existe pas, on pourrait se poser la question si cette utilisation des insignes de la République n’est pas de nature à induire les lecteurs de ce tract en erreur, en créant la sensation que ce tract ait obtenu une approbation par l’état. Sans doute, des juristes se pencheront sur la question.

Tandis que d’autres associations s’engagent pour un vivre-ensemble et un apaisement des tensions dans cette région éprouvée, la vente de T-shirts « Boycott Israël Apartheid » n’est certainement de nature à favoriser le vivre-ensemble entre les communautés sur le sol français.

Depuis de nombreuses années, l’antisémitisme progresse en France et en Europe, les profanations de cimetières juifs se multiplient, tout comme les agressions contre des concitoyens juifs. Il est grand temps que les pouvoirs publics tirent une ligne rouge claire pour stopper cette tendance qui, en France comme dans d’autres pays, crée un climat d’insécurité pour la communauté juive, motivant même de nombreux Juifs de quitter l’Europe pour s’installer en Israël.

Il faut, à tout prix, éviter que l’Histoire se répète. Strasbourg est la capitale des Droits de l’Homme, le fief de l’Humanisme Rhénan et compte parmi ses habitants, l’une des plus grandes communautés juives d’Europe. Il est inconcevable de laisser de la place à cette émergence antisémite qui devient de plus en plus présente. Si on ne peut qu’applaudir le maire d’Obernai pour sa réaction rapide et courageuse, on se pose de plus en plus de questions en ce qui concerne la capitale européenne où, visiblement, cette émergence antisémite n’intéresse pas trop les pouvoirs publics. A méditer.

Les deux tracts dont il est question :

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OK Antisem 2 unten

2 Kommentare zu Antisémitisme : Strasbourg – Obernai, même combat ?

  1. Bonjour,
    S’il s’agit de virer des stands antisémites il faut y aller et être très ferme. Mais sur vos photos je vois des banderoles appelant au boycott d’un pays en assimilant sa politique à une forme d’apartheid, appelant également à lutter contre une colonisation de territoires qui est considérée comme illégale par la justice internationale.
    Or j’ai appris à l’école qu’être antisémite c’est insulter les juifs et toutes sortes de choses horribles (et interdites). Quel est donc le lien avec ces stands, n’auriez-vous pas osé publier les photos antisémites ? Comment sourcer !

    • Nous ne sommes pas juristes, donc, nous ne font que relater les faits. Visiblement, ce n’étaient pas seulement les banderoles qui ont conduit à la fermeture du stand à Obernai, mais aussi les tracts etc. Si le maire d’Obernai, Bernard Fischer, accompagné de la Police Municipale et de la Gendarmerie a décidé de fermer ce stand, je pense qu’il s’est assuré en amont de la légalité de son acte.

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