Application StopCovid : attention !

Très bien, mais gare à la technocratie sanitaire et aux atteintes à la vie privée...

Stop au COVID-19 ! Foto: vperemen/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Des rapports difficiles entre mesures sanitaires publiques et défense des libertés… Et qu’en sera-t-il des données collectées pour l’application après la fin du confinement, et (le cas échéant), une fois le virus vaincu ?

Le Conseil national du numérique a donné son aval ; mais le CNIL est beaucoup moins enthousiaste ! Accord sur le principe de l’application, mais le CNIL appelle à une grande prudence : qu’en est-il du respect de la vie privée ? On collecte la liste des personnes qu’on a fréquentées : cela ne peut être justifié, dit l’avis de la CNIL, que «  par la nécessité de répondre à un autre principe constitutionnel, à savoir la protection de la santé ». Oui, mais encore ?

Vers la fin de son document remis avant-hier, la CNIL pointe fort bien le risque politique (et culturel) majeur que pose cette application : la croyance en la toute puissance de la technologie, qu’on estimerait apte à régler tous les problèmes du monde – y compris ceux que pose la protection de la santé publique. Eh bien non, les moyens technologiques mis en œuvre ne suffiront jamais. En clair : la CNIL conseille le gouvernement français de ne pas faire scintiller StopCovid comme un miroir aux alouettes, une solution miracle qui l’exempterait de combattre sérieusement le virus et la pandémie : essentiellement l’usage pertinent et généreux des personnels sanitaires, l distribution (suffisante!) de masques, l’organisation sérieuse de dépistages…

Pour la CNIL, il est nécessaire de faire usage de pseudonymes, qui permettraient de ne pas identifier directement les personnes concernées : celles-ci seraient désignées par un identifiant unique, et pour une certaine durée seulement. Il faut absolument,préconise la CNIL, prévoir « des garanties adaptées d’autant plus fortes que les technologies sont intrusives ».

La CNIL pointe deux autres risques. D’une part, elle salue certes le principe du volontariat, qui sera à souligner auprès du gouvernement français ; mais en même temps, elle insiste sur la nécessité que ce principe n’introduise pas des effets pervers, à savoir des inconvénients pour ceux qui n’auront pas choisi d’installer cette application hautement sujette à caution et à réserves… Par exemple, ni l’accès aux soins et aux tests, ni l’accès privilégié à certains moyens de transport, notamment les transports en commun, ne devront être empêchés pour ceux des citoyens qui ne choisissent pas de s’équiper de StopCovid.

Plus globalement, la CNIL exprime un souhait qui, espérons le, ne sera pas qu’un vœu pieu – car on nous a déjà infligé de grosses surprises, comme l’utilisation des données facebook, les divers témoignages peu discrets quant aux activités gourmandes des services chinois et russes,… Ce souhait, c’est celui que les données réunies dans StopCovid seront supprimée au moment où ” l’utilité de l’application ne sera plus avérée “… Ah bon, très bien.

La CNIL estime de plus, sans doute avec raison, que StopCovid, dans la situation peut-être proche de déconfinement (nous l’espérons, du moins…) ne saurait être qu’un complément aux méthodes plus classiques de contention. Elle avance principalement pour cela un argument pragmatique : pour qu’il soit réellement efficace, StopCovid devra être très largement diffusé et disponible dans un nombre suffisant de magasins. De plus,se trouveront désavantagées, les catégories de la population les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées et celles, dont beaucoup plus de jeunes qu’on le croit, qui ne disposent pas de portables…

Cette application destinée à lutter contre la pandémie pose un problème essentiel, et que nous ne sommes pas prêts de résoudre effectivement : celle des relations difficiles, on aurait envie de dire : dialectiques, entre la protection de la santé publique et la défense des libertés publiques.On aurait aimé un texte plus précis et mieux articulé à ce sujet, de la part d’une institution publique qui a été fondée sous Giscard d’Estaing, précisément en réaction à des atteintes manifestes aux libertés publiques. Un programme de recensement qui portait pour nom… SAFARI !

 

 

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste