« Approcher Vénus », la poésie vivante d’Odile Lefranc

Esther Heboyan présente un recueil de poèmes particulièrement touchant. « Approcher Vénus » - un 14 février, qui dit mieux ?

L'illustratrice Isabelle Pistono et la poète Odile Lefranc. Foto: Esther Heboyan

(Par Esther Heboyan) – Pas à pas, souffle après souffle, Odile Lefranc part à la recherche de « diamants nocturnes », de « joue contre ciel », de « soupirs étourdis », d’« une ligne de vie. » Entre terre et galaxies, entre le temps néolithique et le futur proche, entre les étreintes et la douleur, il est question d’approcher Vénus, déesse de l’amour dans la mythologie romaine et planète jumelle de la Terre. Le voyage, qui se révèle tantôt symbolique tantôt charnel, devient une quête du moi dans les bras de l’autre, de l’autre entre les jambes du moi. Chaque créature a son miroir, chaque élément son écho, chaque instant son prolongement.

Ainsi, on passe d’un poème à l’autre. Odile Lefranc nous donne à palper l’insouciance en foulant l’herbe tendre, en séparant les pétales d’une marguerite. Cependant, le vertige est là, en arabesques aux bords du ravin, aux confins du défi, au seuil des hiéroglyphes. Le recueil se déploie en trois parties : « Souffle », « Plume », « Vénus », en fait, trois longs poèmes évoquant respectivement la genèse du désir, le retour à son orient intérieur et l’exaltation de l’amour physique. À l’intérieur de chaque partie, les poèmes sans titre enivrent et délivrent délicatement la poétesse. L’univers se dessine de délices et d’incandescences.

Odile Lefranc présente sa poésie : « Approcher Vénus est le fruit d’un long travail de maturation de mes poèmes écrits et réécrits au cours de ces quinze dernières années sur le désir féminin, de son éclosion jusqu’à son déploiement. Je n’étais pas dans une démarche de publication jusqu’à ce que je rencontre la dessinatrice Isabelle Pistono. J’ai vu dans ses dessins un univers partagé et l’idée nous est venue de faire un livre. »

Ainsi, de l’écriture aux aguets des « silences obtus », du « chant d’un asphodèle », des « rêves des lagunes », on passe vers les illustrations d’Isabelle Pistono, méticuleusement, amoureusement réalisées à l’encre de Chine et à la loupe, avec un rapidographe de 0,1mm. Le végétal s’y métamorphose en une inconsistance obsédante. L’artiste propose des motifs miniatures qui libèrent des sinuosités foisonnantes. Des vestiges de rêves susurrés en aparté. Des instants de vie ramassés en écrins.

Le lancement de l’ouvrage a eu lieu à l’EAP (École d’Arts Plastiques), rue de Seine à Paris. Et là, le texte est devenu performance grâce à la comédienne Ji Su Jeong qu’Odile Lefranc avait remarquée sur la scène de la Comédie-Française. De sa voix magistrale, de ses gestes diaphanes, Ji Su Jeong a fait sienne l’humeur à la fois ordonnée et fantasque d’Odile Lefranc.

Approcher Vénus a également inspiré le compositeur de musique contemporaine Jean-Claude Wolff : « Ces textes d’un sentiment plutôt élégiaque, proches d’une intimité tranquille avec la nature m’ont paru appeler une ligne mélodique claire et sensible, parfois incantatoire, soutenue par des notes ou des accords de piano calmes, souvent légers, explorant selon les différentes tessitures de l’instrument. »

Odile Lefranc, qui a écrit Clémence la Victorieuse pour le théâtre, vient d’achever son premier roman Le Lac au miroir.

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