Archéologues sur canapés !

Au Royaume Uni, le confinement imposé par la pandémie de Covid-19 booste le travail des archéologues professionnels et amateurs.

Exemple d'un scan du système LiDAR déployée ici pour cartographier une région de l'Oregon. Foto: Oregon Department of Transportation / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Le confinement imposé par la pandémie de Covid-19 n’a pas que des effets négatifs. Il est même à l’origine de découvertes dans des disciplines non-médicales, telle que l’archéologie. C’est ainsi, comme le rapportait La Vangardia dans son édition du 13 mai 2020, qu’en dépit de l’annulation de toutes les fouilles pour des raisons évidentes de préservation de la santé publique, des archéologues amateurs encadrés par des professionnels, au Royaume-Uni, ont découvert des sites préhistoriques, romains et médiévaux depuis… leurs canapés.

Mené par l’Université d’Exeter, ce programme de recherche sous la responsabilité du Dr. Christopher Smart, implique professionnels et bénévoles qualifiés. Il analyse des images obtenues par LiDAR (Light Detecting And Ranging), un système de cartographie par balayage laser embarqué, en l’occurrence sur des aéronefs. Une technologie employée, entre autres, avec succès pour l’exploration de sites archéologiques, comme par exemple au Guatemala où, grâce à la possibilité de supprimer la végétation des images obtenues, il a été découvert en 2018, sous la forêt tropicale, une mégapole maya demeurée cachée durant des siècles. Pour l’Université d’Exeter, c’est le Dr João Fonte, spécialiste de l’interprétation des données obtenues par LiDAR, qui encadre les analyses effectuées conjointement par des archéologues professionnels et amateurs.

The Guardian rend également compte de cette collaboration dans son édition du 13 mai 2020, et rapporte les propos du Dr. Christopher Smart, en charge de ces fouilles dans le Sud-Ouest de la Grande-Bretagne. Ce dernier, s’il se doutait de l’existence de sites enfouis, n’imaginait pas en découvrir autant. D’une dizaine déjà repérée, il est selon lui, tout à fait probable qu’on passera à la centaine. Ce projet étant financé par le National Lottery Heritage Fund, il devient alors possible d’affirmer, sans rire, que « 100% de ceux qui ont tenté leur chance ont gagné.».

L’expérience britannique est remarquable à plus d’un titre. Tout d’abord par la démonstration que le confinement n’empêche pas la recherche de progresser. Les nouvelles technologies, mises à profit pour le bien commun, constituent à cette fin de formidables outils. Ensuite, la contrainte de demeurer confiné favorisant diverses formes de télétravail, les chercheurs peuvent prendre le temps de traiter un nombre considérable de données précédemment archivées. Enfin, l’association de professionnels et amateurs, passionnés par une même discipline et versés dans une même cause, ne peut que produire de bons résultats. A condition bien sûr que les professionnels, en l’occurrence l’Université d’Exeter, gardent la main.

A un moment clef de l’histoire de notre civilisation, quand se pose de façon cruciale la question du « stop ou encore », quand les puissances d’argent jouent au « quitte ou double » dans une effroyable partie de poker menteur, revenir aux fondements de notre histoire et valoriser le travail d’équipe prend tout son sens. Les archéologues professionnels et amateurs, dirigés par l’Université d’Exeter, n’ont pas juste révélé l’existence des sites archéologiques restant à fouiller. Ils nous renvoient à ce qui constitue pour nous, à la fois une force et une faiblesse : notre humanité. Unis pour une noble cause, nous pouvons progresser de façon phénoménale, mais nos sociétés humaines, comme le démontre l’archéologie, peuvent aussi imploser ou exploser. Ce qu’explique aussi Eudald Carbonell, archéologue ayant sa lecture personnelle de la Covid-Crise.

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