Atenção ! Páre, escute e olhe.

Ce panneau de signalisation routière invitant à faire attention, s’arrêter, écouter et regarder, ne vaut pas que pour les passages à niveaux, tant au Portugal qu’ailleurs en Europe et dans le monde.

Si seulement, avant de porter un jugement sur un pays et sa population, tout un chacun pouvait faire attention, s’arrêter, écouter et regarder... Foto: Martin Morris / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Lors de la publication d’un énième article consacré au Portugal, un ami d’enfance retrouvé grâce aux réseaux sociaux, m’a fait cette réflexion : « Tu écris beaucoup sur le Portugal. ». Demeurant à l’autre bout de la France, il est devenu un lecteur assidu d’Eurojournalist(e), et forcément, ma propension à publier sur non seulement sur le Portugal, mais sur la Péninsule Ibérique dans son entièreté, ne lui a pas échappé. Toute question pertinente obligeant à y répondre précisément, je le fais avec d’autant plus de plaisir, que celle-ci nous emmène au-delà de ma seule expérience.

Dans les années 1960 à 1980, j’ai grandi dans un village où il n’y avait que trois rues, mais dans lequel vivait une population composée de cinq nationalités. Aux Français qui ne s’autoproclamaient pas encore de souche, s’ajoutaient notamment des Italiens et des Portugais. C’est ainsi que j’ai vécu au Portugal et en Italie, tout en demeurant en France. Autant dire qu’en 1975, lorsqu’en famille, nous sommes allés en vacances en Italie du Nord, c’était carrément Byzance ! Mais je ne me trouvais pas en territoire totalement inconnu, et pour cause !

L’Italie, je la connaissais par des immigrés de la génération de mes parents et grands-parents. Venus seuls, certains comme Marcello s’étaient mariés ici, d’autres comme Sabino sont restés célibataires, d’autres encore comme Albino ont choisi, une fois retraités, de rentrer au pays où ils avaient fondé une famille et construit leur maison, d’autres comme Franco sont repartis après s’être financièrement refait une santé. Tous, exactement à l’opposé du personnage comique incarné maintes fois par Aldo Maccione, étaient des travailleurs dont l’ardeur à la tâche forçait le respect.

Les Portugais, arrivés plus tard en France, s’y étaient établis durablement, et donc, avaient des enfants de mon âge. J’avais alors entre autres copains, Augustin et Lionel que leurs parents, bien que parlant français mais s’exprimant toujours en portugais, appelaient de façon savoureuse « Aouchtîne » et « Llionnêle ». Les intonations de cette langue, qui m’était jusque-là totalement inconnue, me faisaient toujours sourire et parfois, je dois bien l’avouer, m’agaçaient lorsque le ton montait entre parents et enfants, car n’y comprenant aucun mot, j’avais l’impression d’entendre des chats se disputer ! Il y avait aussi, issus d’une autre fratrie, Maria, José et Candida dont le prénom me revoyait toujours à Voltaire.

J’ai, grâce à la fréquentation quotidienne de ces voisins issus du Sud de l’Europe, élargi mon horizon, avant même de commencer à voyager. Nous vivons sur un même continent, faisons partie d’une même famille et la famille, c’est sacré, quand bien même on a affaire à une sacrée famille ! Ainsi lorsque des financiers, pour qui l’actuelle Union Européenne est une véritable aubaine, leur permettant de dépouiller impunément les peuples, réunissent le Portugal, l’Italie, la Grèce et l’Espagne sous l’infamant sigle PIGS, auquel ils ajoutent la République d’Irlande (PIIGS), je n’ai pas d’autre choix que de contre-attaquer.

Ne pouvant raisonnablement pas écrire sur les cinq pays, car risquant alors d’être superficiel, j’ai choisi de me concentrer sur la Péninsule Ibérique, constituant à mon sens un ensemble dont les deux pays, bien que différents, ne sont pas dissociables. Plus j’avance dans mes recherches, plus mon estime pour ces peuples se renforce. Nous avons tous des choses à apprendre des pays du Sud, car l’Union Européenne ne doit pas être vue qu’à travers les prismes du « Frugal 4 » et du « Groupe de Višegrad ».

Notre rédaction s’étoffant progressivement, je pense que l’Irlande, l’Italie et la Grèce, trouveront aussi en son sein leurs avocats, car les procès faits à ces pays par les sbires des puissances d’argent et la presse de révérence, sont absolument in-ac-cep-ta-bles ! Alors, bien qu’ici, nous le faisons plutôt spontanément, ne nous relâchons pas : « Atenção ! Páre, escute e olhe. »…

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