Attaque sur la démocratie sous protection policière

Le congrès de l’extrême-droite de l’AfD à Kehl a permis de voir le vrai visage des extrémistes – dont l’attaque sur la liberté de la presse devrait indiquer à tout le monde qu’il ne faut pas voter pour ces gens.

L'attaque de l'extrême-droite sur la démocratie s'est déroulée sous protection policière... Foto: Felix Neumann

(KL) – Les délégués de l’extrême-droite qui se sont retrouvés le weekend dernier à Kehl, avaient voté. Démocratiquement – pour abolir, le temps de ce weekend, les règles de base de la démocratie en interdisant l’accès de la presse à ce congrès pour, comme les responsables le confirmaient, « éviter que la presse relate les ‘opinions aberrantes’ de ses délégués ». La police, nombreuse, était sur place pour protéger cette attaque sur la liberté de la presse et donc sur la démocratie. Et les Kehlois n’ont guère apprécié la présence des extrémistes dans leur ville.

L’attitude des délégués de l’AfD correspondait parfaitement à l’image de ce parti d‘extrême-droite. Les délégués, arrogants, se moquaient des manifestants qui attendaient sous la pluie devant la Stadthalle à Kehl, protégés par des hommes de main que l’on aurait pu s’imaginer aussi bien dans un uniforme marron ; des crânes rasés filmaient les manifestants (pour établir, comme Erdogan, des listes noires pour le lendemain d’un putsch ?) et on sentait que de nombreux policiers étaient carrément gênés de devoir protéger ce congrès d’un parti qui constitue le plus grand danger pour la démocratie allemande depuis 1945.

Les contre-manifestants faisaient preuve de dignité. Evitant tout débordement violent, ils montraient clairement aux extrémistes (et aux médias nationaux qui couvraient cette exclusion de la presse) qu’ils n’étaient pas les bienvenus dans une ville qui, comme soulignaient les manifestants, « avait opté pour la voie de l’ouverture ». Une voie qui n’est pas celle d’un parti dont les responsables aimeraient donner l’ordre de tirer sur des réfugiés aux frontières allemandes – l’AfD se transforme de plus en plus en un mouvement politique qui se situe à droite de la raison.

La ville de Kehl, petite sœur de la capitale européenne Strasbourg, est une ville européenne, multiculturelle, qui prône le vivre ensemble, la tolérance, la solidarité, ne pouvait pas interdire le congrès de l’AfD, mais les extrémistes réfléchiront avant de songer à y organiser un congrès à nouveau. Le parti, toujours avide de « communication », a fait la « une » des médias, non pas pour ses prises de position, mais pour cette attaque sur la démocratie. Plus personne ne pourra dire qu’il ne savait pas que ce parti constitue un vrai danger.

Quand la liberté de la presse est bafouée, la démocratie toute entière est en péril. Ceux qui votent pour ces extrémistes pour « montrer à ceux en haut que l’on puisse faire autrement », jouent avec le feu. L’AfD a franchi une « ligne rouge » et il n’est nullement rassurant que cette attaque sur la démocratie ait été justifiée par les « opinions aberrantes » de ses militants. Un parti dont les militants défendent des « opinions aberrantes » se disqualifie d’office pour toute responsabilité politique. Si on veut éviter un « remake » de l’histoire, il faut arrêter de voter pour de telles formations. Autrement, on risque de subir une politique aussi « aberrante » que ce parti des frustrés, des aigris, des populistes et des extrémistes. Heureusement que les extrémistes ont déjà quitté la ville de Kehl. Qu’ils ne reviennent jamais…

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