Attentats de Strasbourg : un troisième anniversaire riche en émotions

Ce samedi 11 décembre 2021, s’est tenu la commémoration, Place de la République, en hommage aux victimes de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg.

Dans de nombreux pays, le blanc est la couleur du deuil... Foto: (c) Marine Dumény

(Marine Dumény) – Ils s’appelaient Bartek, Ahmad Kamal, Antonio, Anupong et Pascal. Ce matin, place de la République, devant la stèle érigée lors du premier anniversaire de l’attentat, se tenait l’hommage aux victimes du marché de Noël 2018. Familles et amis restaient à l’écart des médias, soucieux de préserver leur intimité dans ce moment de recueillement. Seule Martine Winterberger, survivante, vient à leur rencontre.

Une chorale, celle de l’Institution de la Providence, ouvre la cérémonie en entonnant « Strasbourg mon amour ». Tandis que les voix des collégiens s’élèvent, l’émotion se fait sentir autant du côté des institutionnels que de la presse : « c’est beau, ça met du baume au cœur ». Les jeunes voix s’éteignent et Martine Winterberger prend place au pupitre. Réajustant ses lunettes, celle qui a essuyé un des derniers tirs du terroriste, jette un regard aux choristes et à la stèle. « À l’opposé de la haine, nous avons choisi la vie, la paix, l’espoir, la fraternité et le partage. Il nous reste à trouver le chemin de la résilience afin de pouvoir un jour refermer », lit-elle. Le texte, réalisé par l’ensemble des familles de victimes est un vibrant appel à se souvenir, et la paix. Son retour à la tente, disposée pour les familles et les proches, signe le début des dépôts de fleurs.

Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, et Jean Castex, premier ministre, sont les premiers à prendre une rose blanche pour rendre hommage aux cinq morts et aux nombreux blessés de l’attentat. Suivent Josiane Chevalier, la Préfète, et Brigitte Klinkert, conseillère d’Alsace et du Grand Est. Une gerbe de roses blanches, déroulant sur un ruban de satin les noms des disparus, est amenée par les familles qui se succèdent à tour de rôle. Une minute de silence clôture l’hommage qui aura duré une heure dans le silence pudique des élus. Martine Winterberger, malgré la fatigue, se prête aux interviews. Dans l’objectif, c’est une femme en reconstruction, une femme forte, qui apparaît pour parler aux journalistes. « Je passe le relais, désormais, j’ai encore du travail pour ma propre résilience et il y a énormément de dates à commémorer sur le terrorisme maintenant. Même si je m’en suis sortie vivante et que ce n’est pas comparable à d’autres, même si je prends les choses avec humour, je ne veux plus être une victime ». Ce matin, l’instant était à l’émotion, pas à la politique.

Le temps de la reconnaissance - Un peu plus tard, dans la cour de l’Hôtel de Ville, la maire de Strasbourg introduit par un bref discours les associations qui monteront sur l’estrade. Il est à en retenir que les familles et proches ont l’impression d’un manque d’attention et d’investissement de l’Etat concernant l’attentat de 2018. « Ils ont le sentiment que Strasbourg est passée sous silence et n’a pas autant de place médiatique et auprès des pouvoirs publics que d’autres événements similaires », explicite Jeanne Barseghian. L’une des associations sollicite même une décoration à titre posthume des cinq victimes décédées. Chacune d’elle avait préparé un texte. Sauf Dorota Orent, pour la « Maison de Bartek », la mère du journaliste-artiste polonais Bartek. Toute en improvisation et en gestes ronds, les coudes écartés du corps pour donner de l’ampleur à ses mots, à ses émotions, elle parle de son fils. Elle parle d’amour.

A 18h, les portraits des victimes ont défilé sur la façade du Palais Rohan. Ils attendent que l’Etat tourne les yeux vers Strasbourg.

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