Au delà du tsunami de l’économie…

… un peu d'optimisme, malgré tout ! Alain Howiller se penche sur les chiffres actuels !

L'espoir, c'est d"embrasser l'incertitude... Foto: Teo Georgiev / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Par Alain Howiller) – Dans le tsunami de données pessimistes qui déferlent sur le monde économique, il se trouve – heureusement – quelques bouées de sauvetage qui empêchent la raison de couler ! Certes, cela ne préservera pas totalement du sort du Titanic, mais elles donnent du corps à cette affirmation de Geoffroy Roux de Bézieux, le Président du « Mouvement des Entreprises de France – MEDEF », la principale organisation patronale du pays : « Le pire n’est pas certain ! », disait-il dans une récente déclaration au quotidien « Les Echos » qui relayait ce constat dressé par l’INSEE dans son Point de Conjoncture du 17 Juin : au deuxième trimestre, l’évolution du PIB n’aurait été « que » de -17%, alors qu’on s’attendait à -20% !(1)

« Il nous semble », commente l’institut de statistiques dans la note d’accompagnement de son analyse, « qu’en dépit des incertitudes inhérentes à l’exercice, des tendances assez claires se dégagent, avec notamment une reprise assez nette bien qu’encore partielle de l’activité économique française, et un rebond ponctuellement bien plus vif de la consommation des ménages… L’activité économique repart, prudemment mais nettement dans la plupart des grands secteurs : industrie, construction, services. La perte d’activité liée à la crise sanitaire ne serait désormais « plus » que de l’ordre de – 21% (contre – 33% estimé début mai). Autrement dit, l’économie française fonctionnerait à environ quatre cinquième de son niveau d’avant crise (contre seulement deux tiers pendant le confinement). « En juin, la consommation des ménages ne serait que de 5% inférieur à une situation ‘normale’ ».

En apnée, l’économie reprend son souffle ! – Au moment d’affronter ce qu’ aussi bien Bruno Le Maire, côté français, que Peter Altmaier, en Allemagne, ont appelé la « récession la plus grave de l’après-guerre », ce constat a quelque chose de « rassurant », même s’il ne correspond, in fine, qu’à cette formule popularisée par les humoristes : « La situation est moins pire qu’on ne s’y attendait ! » Il rappelle, au passage, que, comme le rappelait le président du MEDEF, le pire n’est jamais certain et que l’économie politique, grevée d’incertitudes, n’est pas une… science exacte ! On ne peut d’ailleurs qu’espérer qu’ils se trompent, ceux qui, aujourd’hui, prévoient une chute brutale de la croissance accompagnée de disparitions d’entreprises (-100.000 cette année en France ?) et une hausse significative du nombre de chômeurs (+900.000 sur le marché du travail français !?)

« Après environ deux mois au ralenti, comme en apnée, l’économie française s’efforce de reprendre son souffle », constate l’INSEE en soulignant tout de même que « … même si l’activité économique revenait intégralement au niveau d’avant crise, dès le mois de Juillet, le PIB français diminuerait de 8% sur l’année 2020, or un retour aussi rapide à la normale semble peu réaliste. L’impact global de la crise sanitaire en 2020 sera donc certainement supérieur à ce chiffre, car la reprise économique en France et dans le monde restera au mieux progressive au second semestre. »

L’avenir vu de Berlin. – A Berlin, « l’Institut Allemand pour la Recherche Economique » (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung – DIW), qui fait autorité depuis sa création en… 1925, note : « Le récent Konjunkturpaket – la corbeille de mesures – défini par le gouvernement fédéral soutient la conjoncture de manière conséquente. Si ces mesures devaient effectivement être traduites dans la réalité, l’effondrement de la croissance serait, cette année, avec – 8,1%, moins fort que redouté, et le rétablissement de l’économie se solderait l’année prochaine par un +4,3% de croissance. »

En attendant, les décisions sur le plan de relance économique que le gouvernement entend mettre en œuvre, au delà des mesures conséquentes de soutien déjà appliquées, quels sont les signaux positifs – parfois étonnants – qui se dégagent des dernières semaines ? Alors que les sondages de l’IFOP nous apprennent que pour 58% des Français, la peur du chômage se place désormais en tête de leurs préoccupations devant, pour 48% des sondés, les effets de la crise sanitaire, deux mesures tombent à pic. Il s’agit du maintien du niveau des indemnités de chômage au delà du 1er Juillet et du report de la mise en application de la nouvelle loi (restrictive) sur le chômage. Alors que d’après Muriel Penicaud, la Ministre du Travail, le chômage total avait diminué de 13% en mai, l’intensité du chômage partiel a diminué. En Mai, a relevé la Ministre, il représentait : « moitié moins d’heures qu’en avril, c’est à dire que la décrue est vraiment manifeste, c’est vrai – notamment – dans le commerce et le bâtiment. » Pour l’INSEE, la création d’entreprises a progressé de près de 60% en Mai, à la sortie du confinement, alors qu’elle avait chuté d’un peu plus de 33% en avril et de près de 26% en Mars.

La conjoncture dans le « Grand Est ». – Si, pour la Banque de France, l’économie française mettra deux ans pour rattraper le terrain perdu à cause du Covid-19 et pour retrouver le niveau de PIB auquel elle était arrivée l’année dernière, « le rattrapage apparaît plus rapide dans l’industrie et le bâtiment que dans les services… Les perspectives sur les prochains mois sont en amélioration, mais restent très incertaines… Ceci nous conduit à prévoir une contraction du PIB au 2ème trimestre 2020 autour de -15%. » Analysant la situation du Grand Est, la Banque de France (Direction de Strasbourg), note au global une « hausse de la production avec une stabilité du personnel. Carnets de commandes très peu garnis. Retour progressif vers une situation normale de l’activité. Dans les services marchands (ndlr : ils représentent un peu plus de 18% de l’emploi total dans la région), accroissement de la demande et des prestations avec des prévisions optimistes à court terme. »

Pour l’industrie (ndlr :18,6% de l’emploi total), l’analyse de conjoncture souligne : « Croissance de la production en mai avec maintien de la main d’œuvre. Carnets de commandes toujours insuffisants. A court terme accélération variable des cadences de production avec stabilité des effectifs. » Une note légèrement optimiste que Julien Pouget, responsable du secteur « conjoncture » de l’INSEE avait déjà conforté en disant : « En avril, l’économie était sous anesthésie, mais dans des conditions qui rendaient le démarrage possible. C’est ce que l’on observe aujourd’hui ! »

Un peu de lumière éclaire le tunnel dans lequel le Covid-19 nous a fait entrer. Reste la grande question qui, déjà, sous-tendait la société « d’avant » : entre soutiens à l’économie et pansements sur les plaies d’hier, entre ceux qui rêvent d’une « Nouvelle Economie Politique » (NEP !) et ceux qui veulent bâtir une « Nouvelle Société », quels choix proposera-t-on aux citoyens ?

(1) Points de Conjoncture du 17 Juin (INSEE).

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste