Au nom de qui parle Thorbjørn Jagland ?

En approuvant publiquement les « purges » effectuées actuellement par le régime d’Erdogan en Turquie, le Secrétaire général du Conseil de l'Europe a totalement failli à sa mission.

Si le secrétaire général du Conseil d'Europe estime que les "purges" en Turquie sont justifiées, il se disqualifie pour sa haute fonction. Foto: CoE / Candice Imbert

(KL) – Est-ce que Thorbjørn Jagland a perdu la tête ? En déclarant à Ankara « je reconnais que bien sûr qu’il est nécessaire de lutter contre ceux qui étaient derrière ce coup d’Etat raté et aussi ce réseau secret, qui a infiltré les institutions de l’Etat, l’armée et aussi la justice », le secrétaire général du Conseil d’Europe s’est moqué des plus de 25000 personnes déjà incarcérées en Turquie, des enseignants et fonctionnaires limogés, des médias fermés, du déni de la démocratie concerté par Erdogan. Est-ce que Thorbjørn Jagland s’est exprimé au nom de la diplomatie européenne ? Si tel était le cas, plus personne n’aurait besoin du Conseil d’Europe. Si, par contre, il s’est exprimé à titre personnel, il serait alors temps qu’il parte à la retraite.

Comment est-ce que le chef du Conseil d’Europe peut cautionner l’abolition des Droits de l’Homme et cette transformation de la Turquie en une sorte de dictature présidentielle qui organise une vaste chasse à l’opposition et qui viole systématiquement les Droits de l’Homme ? Bien sûr, tout en félicitant le régime turc, Thorbjørn Jagland a souligné la nécessité de « respecter l’état de droit » – mais cet état de droit n’existe plus en Turquie après la « purge » de la justice. Est-ce que le secrétaire général du Conseil d’Europe n’est pas au courant de ce qui se passe en Turquie ? Ou est-ce qu’il est tellement naïf qu’il pense réellement que ce « putsch » se soit passé à l’insu des autorités turques qui s’étaient déjà préparées des semaines avant en établissant des « listes noires » comportant les noms des opposants à arrêter ?

Lorsque les interlocuteurs turcs de Monsieur Jagland ont parlé de « nettoyages nécessaires », le secrétaire général du Conseil d’Europe aurait du se lever et mettre un terme à ces entretiens. La diplomatie est un art et Monsieur Jagland devrait savoir qu’il est scandaleux de soutenir les agissements d’un président-dictateur qui chasse toute opposition avec des méthodes que l’on connaissait que des grands dictateurs du siècle dernier.

Si Thorbjørn Jagland a rappelé « les principes très importants selon lesquels toute personne est innocente tant que sa culpabilité n’a pas été prouvée », cette déclaration est ridicule. Actuellement, les détenus de l’opposition se trouvent dans des conditions atroces dans des prisons, salles de sport, étables et des rapports d’Amnesty International font état de traitements brutaux des détenus. Monsieur Jagland approuve ces « purges » ?

La mission du secrétaire général du Conseil d’Europe consistait à ramener le régime turc à la raison. Il aurait du expliquer à ses interlocuteurs que les portes de l’Europe se fermeront définitivement, y compris au niveau du Conseil d’Europe, si la Turquie ne revenait pas sur la voie de la civilisation. Cautionner ce qui se passe actuellement en Turquie, c’est tout simplement lamentable. Qui aurait donné une telle mission au secrétaire général du Conseil d’Europe, au nom de qui a-t-il approuvé les agissements du régime Erdogan ? Et du coup, on comprend qu’il est grand temps que le Conseil d’Europe élise un nouveau secrétaire général – un qui serait plus en phase avec ce qui se passe actuellement dans le monde.

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