Au voleurs ! On vole 43.09% des Européens !

La discussion autour du nouveau président de la Commission Européenne est un signe de mépris vis-à-vis des citoyens européens et de leur vote.

Arrêtez votre politique des portes fermées ! Les Européens ont voté et cela se respecte ! Foto: Wikimedia Commons

(KL) – Chaque jour, le fossé qui sépare l’Europe de ses citoyens, se creuse un peu plus. Et le mauvais travail de communication des institutions européennes montre son effet – pendant la campagne pour les élections européennes, certains pays avaient droit à des duels télévisés entre les têtes de liste et on nous avait dit et redit que nous allions désigner non seulement les 751 députés du Parlement Européen, mais aussi et surtout, le nouveau président de la Commission. Suite à ces promesses, 43,09% des Européens sont allés voter. Puisque notre vote allait être plus important que jamais. Maintenant, au lieu de procéder rapidement au vote pour l’un des candidats bénéficiant d’une majorité au Parlement, l’Europe des portes fermées, l’Europe nationaliste, l’Europe bruxelloise s’est emparé du dossier. Et du coup, nos votes sont bons pour la poubelle.

En Allmagne, nous avions même droit à deux de ces débats télévisés. Un premier qui n’opposait que Schulz et Juncker, un deuxième avec trois autres têtes de liste, tous candidats à la présidence de la commission. Et on l’avait clairement entendu – il s’agissait pour nous d choisir parmi ces candidats le futur président de la commission. Mais visiblement, ce type de communication s’est limité à quelques pays et n’a pas eu lieu dans l’ensemble des 28 états-membres.

Aujourd’hui, la Grande Bretagne ne veut pas du candidat Juncker, tout comme les Pays-Bas, la Suède, d’autres pays et dans les profondeurs de son âme, Angela Merkel. La réaction des leaders européens – on réfléchit à voix haute si Juncker ne devrait pas renoncer à sa candidature prétextant des raisons de santé imaginaires, on commence à songer à d’autres candidats n’ayant même pas participé au vote, on veut amadouer la Grande Bretagne puisque celle-ci menace de sa sortie de l’Union et on discute – derrière des portes fermées.

Si on peut comprendre les anti-Juncker en ce qui concerne le choix du candidat, il est inconçevable d’ignorer le vote du «souvrain suprême», le vote des peuples européens. L’Europe n’a pas à se prosterner devant les stratégies de politique intérieure de David Cameron, l’Europe n’a pas à se plier à la vision britannique de l’Europe, qui finalement, aux yeux de David Cameron, n’est qu’un marché géant où chacun fait ce qu’il veut, à condition que cela serve les intérêts britanniques.

En ignorant le vote des citoyens européens de la sorte, les Merkel, Cameron, Rutte, Reinfeldt & Cie. commettent le pêché suprême dans toute démocratie qui se respecte. Ils ont leurré les électeurs aux urnes, pour changer plus tard l’object de ce scrutin. Une sorte de «unfriendly take-over» de la part de nos dirigeants qui prennent le contrôle des affaires en Europe au détriment du Parlement Européen.

Mais est-ce que le nouveau Parlement Européen aura le courage de refuser tous les candidats que le Conseil Européen lui envoit ? Est-ce que les 751 nouveaux eurodéputés oseront d’ignorer à leur tour les consignes de vote émanant de leurs gouvernements respectifs ? Le nouveau Parlement constitue la dernière ligne de défense pour la démocratie européenne. Ce sera au Parlement de se battre pour empêcher cette attaque sur la démocratie. Si le Parlement devait finir par céder, il aurait alors perdu la bataille contre une Europe bruxelloise au service des marchés financiers. Sans parler de la confiance des citoyens européens ainsi privés de la démocratie pour laquelle des générations entières se sont battues, privés de leur vote et donc de leur voix.

Le chemin qu’empruntent les Cameron, Merkel et Cie. ouvrent la voie aux extrémistes qui avancent déjà le visage découvert. Seule l’Europe de Strasbourg, l’Europe du Parlement Européen et l’Europe des valeurs partagées peut empêcher de nouvelles catastrophes sur notre continent dont l’histoire est un véritable bain de sang. C’est maintenant qu’on voit pourquoi il est tellement important de garder le Parlement à Strasbourg, loin de Bruxelles, loin de l’emprise des lobbyistes et d’autres bourreaux de la démocratie en Europe. Et on pense à Stéphane Hessel – «Indignez-vous !» Maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

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