« Aucun ne doit rester sur le carreau… »

Alain Howiller se pose la question le « Plan Jeunes » fonctionne-t-il , et pourra-t-il réussir ?

Les jeunes veulent travailler - mais pourront-ils pendant la crise qui arrive ? Foto: Lewis Hine (1874 - 1940) / Wikimedia Commons / PD

(Par Alain Howiller) – « Aucun jeune ne doit rester sur le carreau » : en évoquant les mesures prises par son ministère pour permettre aux 50.000 bacheliers supplémentaires sortis d’un baccalauréat 2020 obtenu par… 95,7% des élèves, Frédérique Vidal, Ministre der l’Enseignement Supérieur, a résumé les ambitions portées par le nouveau gouvernement. Non seulement pour les futurs étudiants, mais également pour les 750 à 800.000 jeunes qui se présenteront à l’automne sur le marché du travail. Avant même que le plan de relance soit présenté le 24 août au Conseil des Ministres, Jean Castex, le Premier ministre, a tenu à présenter le plan que son gouvernement a l’intention d’appliquer pour lutter contre le chômage qui menace les jeunes.

« La France a un atout. Elle a beaucoup de jeunes, plus que l’Allemagne », a-t-il déclaré à Besançon avant d’ajouter : « Et il faut à tout prix favoriser leur embauche. » Et d’annoncer l’engagement, pour 2020 et 2021, de 6,5 milliards d’euros pour atteindre cet objectif : un montant trois fois plus élevé que celui qu’il avait lui même annoncé lors de son discours de politique générale devant le Parlement ! Pour éviter que ne se concrétise dans la réalité sociale ce que certains ont déjà appelé une « génération perdue »(1)

Des jeunes en détresse ! – C’est dire combien les pouvoirs publics semblent avoir pris conscience des menaces qui pèsent, à la rentrée, sur une jeunesse dont 39% des 18 à 24 ans déclarent avoir perdu des revenus à cause du Covid-19, alors que d’après la sociologue Anne Lambert, 44% des acteurs de cette tranche d’âge, déjà fortement secoués par le chômage, ont souligné qu’ils se sentaient isolés et que 32% d’entre eux craignent de ne pas pouvoir payer leur loyer, 38% (contre 13% dans l’ensemble de la population) travaillant avec un contrat précaire ou « au noir » (Le Monde du 18 Juin). « Nous savons bien qu’en temps de crise, ce sont les jeunes qui morflent les premiers, notamment sur le terrain de l’emploi », a commenté Jean Castex.

Le « Plan jeunes », élément spécifique qui s’inscrira dans le cadre plus large du plan de relance, entend favoriser l’emploi de 450.000 jeunes dès le premier janvier 2021 grâce à des mesures de soutien financier à l’embauche, des exonérations de cotisations pour les entreprises, à des actions de formation (200.000 places supplémentaires prévues, 230.000 contrats d’apprentissage attendus dès cette année. Les mesures prévoient même une relance des anciens « contrats aidés » créés en 2005, promus sous François Hollande et rebaptisés entre autres appellations « Parcours Emploi Compétence – PEC » ou « Plan d’Investissement dans les Compétences – PJC » : en 2017, Emmanuel Macron les avait trouvés peu efficaces et les avait fait remanier.

La simplicité du… « jamais vu ! » – Pour faire simple, il s’agit de « contrats de travail aidés par lesquels l’entrepreneur bénéficie d’aides financières et le salarié touche une aide d’insertion professionnelle , destinés à aider au changement d’orientation vers des métiers dits d’avenir : industries « vertes » relevant de la transition écologiques, emplois dans les secteur du « numérique ». Rappelons, à ce propos, que selon l’INSEE, la Région du Grand Est, avec 5% d’apprentis parmi les 15/17 ans, compte proportionnellement plus d’apprentis qu’en moyenne nationale (hors Ile de France)… L’apprentissage étant le plus répandu, en intra-régional, dans les deux départements alsaciens (6,5% dans le Haut-Rhin, 6,3% dans le Bas-Rhin)…

Pour le Premier ministre, l’ensemble des dispositions représente du « jamais vu ! » D’autant qu’elles sont accompagnées par des mesures prises précédemment : celles-ci prévoyaient que les jeunes de 16 à 18 ans devaient être inscrits dans un parcours de formation et que des dispositions spécifiques seraient prises en faveur du revenu étudiant, et pour les aider à trouver un débouché dans un établissement universitaire (10.000 places supplémentaires vont être proposées pour faire face à la saturation des universités).

Strasbourg-Nancy et Le Grand Est. – L’importance des mesures n’échappent pas, en particulier dans la Région Grand Est où, d’après les études de l’INSEE (2), « un habitant sur sept est âgé de 18 à 29 ans, soit 783.000 jeunes adultes de moins de 30 ans !… Dans les grands pôles urbains de Strasbourg, Nancy et Reims, les jeunes sont nettement sur-représentés (209.000 soit plus d’un habitant sur cinq) et majoritairement étudiants (52%) ». Et l’INSEE de préciser : « Ces jeunes représentent 14% des habitants de la région, soit un point de plus qu’en moyenne en France de province (France métropolitaine, hors Ile de France)… »

Pour Bruno Le Maire, Ministre de l’économie et des Finances dont le titre a bénéficié, depuis le remaniement, du rajout « et de la relance », l’accès à l’emploi des jeunes est une question absolument vitale qui devra être une priorité du plan de relance, on devra en faire une priorité nationale. C’est ce que réclamaient, déjà, les 300 acteurs économiques et sociaux du « Cercle des Economistes », réuni exceptionnellement – Covid-19 oblige – du 3 au 5 juillet à Paris (et non à Aix-en-Provence où il réunit un congrès annuel depuis 2001). L’objectif semble bien engagé, mais il serait vain de croire qu’on l’atteindra si la relance économique ne provoque pas ce sursaut de croissance indispensable. Au delà des pouvoirs publics, des économistes et… des médias, le dernier mot appartiendra aux « consomm-acteurs ». C’est ce que François Asselin, Président de la « Confédération des Petites et Moyennes Entreprises – CPME », résume à sa façon : « Il ne faut pas oublier que c’est l’activité qui fait qu’une entreprise va embaucher ou non. L’élément déclencheur, c’est sentir que le carnet de commandes se remplit. »

(1) Voir eurojournalist.eu du 02.06.2020.

(2) INSEE Analyse-Grand Est-N° 114-Juillet 2020.

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