Autriche : les résultats des législatives

Les Conservateurs du ÖVP largement en tête

Le Président écologiste de la République autrichienne, Alexander van der Bellen Foto: Christian Jansky/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Eh oui… L’ex chancelier Sebastian Kurz, 33 ans, premier de classe en blazer à la chevelure impeccablement lustrée, « gendre idéal » selon beaucoup de rombières autrichiennes et héraut des valeurs les plus conservatrices, arrive largement en tête. Pas de miracle électoral au sein d’une population qui a tendance à croire aux miracles. Reste une question essentielle : avec qui le vainqueur s’alliera-t-il pour former son gouvernement ?

Le SPÖ, vénérable parti social-démocrate dont l’histoire s’enracine dans le 19ème siècle, a fait un score assez décevant, malgré la belle campagne effectuée par la distinguée Pamela Rendi Wagner, particulièrement éloquente et pointue lors de ses interventions publiques et dans les éléments principaux de son programme. Dommage… Le score réalisé par le SPÖ a baissé de 5 points par rapport aux précédentes législatives, celles de 2017 ; il reste cependant le second parti avec ses 22% samedi dernier.

Mais le FPÖ, lui, n’a remporté que 16% des suffrages : son score a ainsi baissé de 10 points par rapport aux élections de 2017. Le parti d’extrême-droite emmené naguère, jusqu’au printemps dernier, par Heinz-Christian Strache a bel et bien subi les conséquences des turpitudes insensées de son dirigeant à l’occasion de ce qu’on a pris coutume de nommer Ibizagate : Strache, qui avait réussi à investir le poste de vice-chancelier, a été pris la main dans le sac, prêt à vendre des entreprises d’une importance essentielle, voire stratégique, à la Russie. Selling Austria by the pound… Une affaire gravissime dont le coupable est celui là même qui yodlait puissamment son credo patriotard aux faîtes des valeureux chalets tyroliens. L’affaire a d’ailleurs connu de très fâcheux développements tout récents, dont nous avons rendu compte cette semaine.

Pourquoi la droite, en Autriche, rencontre-t-elle un succès aussi considérable ? Pour l’essentiel, il semble que ce soit le discours anti-immigration et anti-migrants qui garde la première place dans les préoccupations de la majorité des électeurs, au détriment de problèmes plus importants et qui n’engagent pas le sens humain des citoyens…

Et pourtant, une belle bien que relative surprise : les Grünen, les Verts autrichiens, ont quant à eux séduit 14% des électeurs, soit 10 points de plus qu’en 2017 ! Ils engrangent largement le bénéfice de l’inquiétude climatique qui se traduit désormais dans les résultats électoraux à l’échelle européenne, et même mondiale. Et ils « ramassent » beaucoup des voix de gauche qui n’ont pas été ralliées par le vieux SPÖ.

Et maintenant ? Sebastian Kurz va devoir former une coalition avec un autre parti pour pouvoir former un gouvernement. Mais avec qui ? Kurz a déclaré, au mois d’août dernier, qu’il ne voyait plus (après l’Ibizagate) d’inconvénient à s’allier à nouveau avec le FPÖ… Ce serait assez cohérent idéologiquement, bien que les mentalités soient quelque peu différentes : l’attitude de hussard beauf’ de Strache a peu à voit avec la distinction affectée du jeune gommeux Kurz et d’une partie de ses troupes…

Reste aussi la solution Grünen, si Kurz tient à préserver une certaine respectabilité. Il faut rappeler aussi que le Président autrichien, Alexander van der Bellen, est issu des rangs écologistes. Mais il y a peu de chances qu’une telle alliance se fasse, malgré quelque écho favorable au sein des militants du ÖVP : trop de différences séparent les deux partis. Pour l’essentiel : l’attitude de Kurz à l’égard de l’Union Européenne est fort tiède, tandis que le Verts sont assez ardemment pro-européens. L’attitude anti-migrants de l’ex-futur chancelier elle aussi pose pour le moins problème. Et enfin, ses velléités, exprimées du bout des lèvres, de mener une politique de protection climatique sont très peu convaincantes.

On attend donc avec impatience la décision de Sebastian Kurz. Mais sans guère d’optimisme…

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