Autriche : une Affaire Kurz ?

Disques durs fracassés et grivèlerie : y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Quelques bons coups de maillet, et il n'y paraîtra plus Foto: CEPhoto, Uwe Aranas/CC-BY-SA 3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Sebastian Kurz lui-même mis en cause… Après les révélations sur le vice-chancelier Heinz-Christian Strache alors dirigeant du parti de coalition FPÖ (extrême-droite), qui proposait de vendre le coeur battant de l’économie autrichienne à Poutine, Sebastian Kurz lui-même, ex-chancelier et dirigeant de l’autre parti de coalition, l’ ÖVP (droite conservatrice) connaît de gros problèmes. Où il est question de la destruction précipitée et impayée de 5 disques durs embarrassants !

Depuis 2 jours, une vidéo de surveillance – de mauvaise qualité technique – embarrasse fort Sebastian Kurz et son parti, l’ ÖVP. On y voit un monsieur grand et fort dans l’entreprise Reißwolf, en train de superviser la destruction de 5 disques durs. Et insister pour que l’employé s’y reprenne à 3 fois. Et demander que ces disques durs soient mis en pièces. Et qu’il puisse les emporter dans son petit sac.

Et il s’avère que ce berserker est un proche collaborateur de Sebastian Kurz. La scène se passe très peu de temps après la révélation publique des rodomontades cyniques de Strache, au mois de mai… Et, cerise sur la Linzertorte : ce Herr Arno M., tout proche de Kurz, s’est présenté sous un faux nom à la firme Reißwolf, et il est parti sans payer ! Hélas pour Kurz, les employés de Reißwolf l’ont reconnu à la télé : lors d’une occasion très solennelle, il se tenait juste derrière le Chancelier…

Cinq disques durs réduits littéralement en miettes, et précipitamment ? Qu’est-ce donc que le parti et le chancelier avaient à cacher ?

Les faits ont été révélés par l’excellent journal d’investigation Falter, à l’origine des révélations de l’Affaire Strache. Immédiatement, un journal proche du pouvoir a voulu prendre les choses en main en les minimisant, prétendant qu’il n’y avait qu’un disque dur à avoir été radikaaal vernichtet, et que le maître d’oeuvre avait donné le  disque dur à réduire en miettes pour éviter tout problème avec les méchants médias qui fourrent sans cesse leur nez où il ne faut pas. En cela, ils ont raison. Falter, tout comme Médiapart en France, devrait être radikaaal ausgerottet.

Un mauvais, très mauvais coup pour Sebastian Kurz, en tout cas. Toute son attitude depuis les élections de 2017 et avant déjà, toutes ses réactions de défense depuis l‘expulsion de Strache visaient à exposer une image de propreté , de transparence. Bernique et macache : c’est fini. Les résultats du ÖVP en pâtiront considérablement, à l’évidence, lors des prochaines législatives du 29 septembre 2019.

Une affaire à suivre, une affaire en creux. Reste à prouver qu’il y a quelque chose plutôt que rien.

 

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