Aux urnes, citoyens et citoyennes de l’ACAL !

Est-ce que l'Est de la France doit vraiment constituer l'exception qui confirmera la règle ? En hissant des ennemis de l'Europe au pouvoir de la région la plus européenne de France ?

C'est étrange, les couleurs. On aurait pu penser que ce soit du bleu marine, mais non, on s'est trompé... Foto: Whiteknight / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Pendant que les sondages avant le deuxième tour des élections régionales fassent état de la montée d’un «front républicain» dans les différentes régions où le FN était déjà donné vainqueur, l’est de la France semble constituer, une fois de plus, une exception. En Allemagne, on regarde avec stupeur les agissements entre les deux tours dans l’est de la France, en se demandant comment la région qui est le berceau des institutions européennes, puisse même songer à élire un gouvernement régional qui serait anti-européen dans l’âme. Les seuls qui pourront éviter cela, sont les électeurs et électrices dans l’est de la France – vous.

Dans les médias allemands, même Jean-Pierre Masseret a gagné une certaine visibilité, même s’il s’agit d’une notoriété dont il aurait probablement préféré s’en passer. Difficile de comprendre pourquoi cet homme de 71 ans insiste à vouloir se représenter après que les électeurs lui avaient clairement dit «njet» au premier tour (16,11%, c’est quand même un message assez clair…). Le «Tagesspiegel» a estimé hier que Masseret augmentait les chances du FN de passer en ACAL – en se demandant si l’homme a vraiment compris les enjeux de ce deuxième tour.

D’autres médias allemands (hier, plus de 1700 articles dans la presse allemande étaient consacrés au «phénomène FN») comparaient la communication du FN à la propagande des nazis avant qu’ils prenaient le pouvoir dans les années 30 en Allemagne. Et en effet, les mécanismes de communication se ressemblent – comme cette tournure rhétorique qui consiste à reprocher à l’adversaire politique de «ne pas aimer son pays», formule appliquée par le FN autant pour Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ou le reproche de la «haute trahison» – pendant que les nazis avaient reproché aux partis de la «République de Weimar» d’avoir trahi l’Allemagne en acceptant les paiements de réparation suite à la Ière Guerre Mondiale, le FN reproche à ses adversaires politique d’avoir «vendu la souveraineté française à la dictature bruxelloise» ou bien de se soumettre au dictat allemand – on se souvient de l’intervention de Marine Le Pen au Parlement Européen lorsqu’elle avait apostrophé le président français en le désignant comme le «vice-chancelier allemand».

Cet anti-germanisme primaire devrait déjà à lui seul, constituer une raison de ne pas voter pour le FN dans le Grand Est de la France. Dans notre région, la coopération transfrontalière ne se base pas uniquement sur un altruisme entre voisins, mais il constitue une nécessité absolue pour l’évolution de notre région du Rhin Supérieur avec sa vocation résolument européenne. En regardant la multitude de programmes transfrontaliers dans la région, avec la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et la Suisse, on se demande comment on peut penser un seul instant qu’un gouvernement dirigé par des anti-européens puisse faire du bien à cette région.

Allez, dimanche, c’est du sérieux. Le vote du premier tour a été entendu par tous les français (et tous les européens !, à l’exception du monde politique en France qui n’arrive que partiellement à mener une réflexion quant aux vraies raisons du mécontentement des français avec leur caste politique), le séisme politique a eu lieu, les discussions vont de bon train, mais là, dimanche, ce n’est plus le moment de distribuer des cartons jaunes, mais de faire en sorte à ce que les extrémistes ne passent pas.

Surtout en Alsace, où on est fier de la présence des institutions européennes, où tout le monde profite du statut de «Strasbourg, l’Europtimiste», il est impensable de voter pour ceux qui veulent mettre un terme aux acquis européens des dernières décennies.

Certes, l’Europe se trouve dans un état aussi imparfait que le monde politique en France (et en Allemagne, et un peu partout…), mais on n’améliore pas ces systèmes défaillants en optant pour une direction encore plus erronée.

Si on peut comprendre tout un chacun qui aura mal au ventre en faisant sa croix derrière le nom de Philippe Richert, c’est pourtant le seul choix raisonnable en ACAL. Et dès lundi, il faudra se mettre au travail et mettre les instances politiques sous pression pour qu’elle se mettent à se réformer pour de bon. Ce qui est vrai pour les régions, les états et pour toute l’Europe. Mais d’abord, il s’agit d’éviter le pire. Pensez-y dimanche et allez voter – l’avenir de la région, de la France et de l’Europe est entre vos mains !

2 Kommentare zu Aux urnes, citoyens et citoyennes de l’ACAL !

  1. Merci pour cet appel venant d’outre-Rhin. Le malheur est que vos lecteurs, dans l’ensemble, ne sont plus à convaincre de barrer la route à cette folie furieuse. Le bonheur du FN réside dans le fait que bon nombre de ses électeurs, la majorité même, sont naïfs,égoïstes, repliés sur eux-mêmes. Mais dans notre système leur voix a autant de valeur, et c’est une bonne chose, que celle des gens ouverts sur les autres, décryptant le populisme et conscients des erreurs historiques.
    Une des grandes difficultés est : comment ouvrir les yeux des électeurs du FN ? Un beau sujet de thèse pour un doctorant en communication !

  2. Une confidence sous forme prophétie: il n’y aura pas de région gagnée par le FN.
    Champagne!

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