Azuleijos para todos !

« Azuleiros pour tous ! » pourrait être un slogan réunissant les peuples du Portugal et de l’Espagne, tant cette technique décorative leur est commune et populaire.

La fresque en « azuleijos » visible à Apúlia, ville côtière du nord du Portugal, met en valeur le travail des femmes et des hommes de la mer. Foto: Joseolgon / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Que ce soit en intérieur comme à l’entrée de la Biblioteca Camões à Lisbonne, comme en extérieur sur la Plaza de España à Séville, les « ajuleros » apportent toujours une plus-value aux lieux qu’ils embellissent. En versions classiques ou contemporaines, dans les riches demeures comme dans les modestes logis, ces carreaux de faïence décorés formant frises, damiers ou fresques, expriment quelque chose de l’âme des peuples de la Péninsule Ibérique.

Pour qui a voyagé au Maghreb et au Proche-Orient, ces œuvres d’art hormis leur aspect figuratif, ont quelque chose de familier. Ce sont les arabo-musulmans qui, lors de leur occupation de la majeure partie de la Péninsule Ibérique (711-1492), y ont importé cette technique très ancienne. Le mot « azulejo » trouve donc son origine dans l’arabe « al zulaycha » qui signifie « petite pierre polie » et non « bleu » se disant « azul » en portugais comme en espagnol.

La confusion tient au fait que de nombreux « azuleijos » sont de couleur bleue, mais les premiers carreaux émaillés connus, découverts dans la Pyramide du Pharaon Djéser à Saqqarah remontant au XXVIIe siècle avant notre ère, étaient verts et jaunes. Le procédé, introduit sur la Péninsule Ibérique par ses envahisseurs, y laissa une empreinte durable dans l’architecture, au point que de nos jours, leur origine arabo-musulmane ne soit pas une évidence pour tout le monde. Et pour cause, les premiers « azuleijos » figuratifs sont apparus en Espagne au XVIe siècle, peints par Francisco Nicoloso (1470-1529), un peintre originaire de Pise où la technique avait essaimée, tout comme dans les Flandres.

Certaines sources prétendent alors que les « azuleijos » soient passés de l’Espagne à l’Italie et aux Flandres au XIIIe siècle, pour arriver au Portugal au XVIe, à l’occasion de la visite de Manuel Ier aux Palais de Séville et Saragosse. Comme si l’occupation de la Péninsule par les arabo-musulmans avait fait, quant à son influence, un distingo entre Espagne et Portugal ! Ou bien que le Portugal fut une sorte de village gaulois, décidant après le repli des envahisseurs, d’adopter leur technologie ! Par contre, il est vrai que la généralisation de l’emploi des « azuleijos » dans l’architecture portugaise, démarra au XVIIIe siècle, donc bien après la chute de Grenade en 1492.

Passant des palais aux églises, pour aller aujourd’hui jusque dans les parkings souterrains et les stations de métro, les « azuleijos » sont partout ! Des particuliers en ornent les murs de leurs intérieurs, des municipalités les installent en lieu et place des plaques portant les noms des rues ou commandent des fresques. Exemplaires uniques ou de série, ces carreaux de faïence pris isolément ou assemblés, ne sont pas près de disparaître du paysage urbain et des intérieurs de la Péninsule Ibérique. Alors histoire de donner des couleurs à cette article, rendez-vous à Lisbonne en cliquant ici et à Séville en cliquant là.

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