B-Day

Les Tories ont voté – et ce sera au fantasque Boris Johnson de gérer l’avenir du Royaume-Uni et surtout, du « Brexit ». Dans un déroulement totalement anti-démocratique, la Grande Bretagne commet un suicide collectif.

What? Me worry? C'est ainsi que voit le magazine DER SPIEGEL l'évolution en Grande Bretagne. Foto: DER SPIEGEL (extrait du titre actuel)

(KL) – Est-ce démocratique lorsqu’une petite frange de la population, à savoir 160 000 adhérents du parti conservateur (moyenne d’âge 65 ans, donc la seule partie de la population britannique ayant voté massivement en faveur du « Brexit »), décide seule quant à l’avenir du pays et ce, malgré une majorité d’opposants au « Brexit » au pays ? Non, bien sûr que cela n’a rien à voir avec le terme « démocratie ». Mais cela ne semble pas trop déranger les Britanniques – qui subissent le « Brexit » qu’ils ne veulent majoritairement pas, comme un troupeau de mouton sur les près fertiles de l’île. En tout cas, les Tories ont massivement voté pour Boris Johnson – 92.153 adhérents des Tories ont voté pour Boris Johnson, 46.656 pour son concurrent Jeremy Hunt.

Et après ? Après, il ne se passera – rien. Boris Johnson se limitera dans un premier temps à un discours nationaliste, irrespectueux vis-à-vis de l’Europe (rien de nouveau, donc…) et concrètement, il ne fera rien. Il attendra, avec nous autres, le 31 octobre et la date définitive du « Brexit » qui, selon les souhaits du nouveau Premier Ministre britannique, se passera de manière « hard ». On sera donc relativement tranquille d’ici la fin d’octobre, et à partir du 31 octobre, les choses vont se faire dans la précipitation et surtout, dans la confrontation.

En vue du comportement ouvertement hostile dont font preuve les députés et eurodéputés britanniques, en vue de l’élection de Boris Johnson à la tête du gouvernement britannique, les Britanniques ne pourront plus s’attendre à des cadeaux de la part de l’UE. La question de la réinstallation d’une frontière entre les deux Irlande n’appartiendra plus aux Britanniques, mais aux Européens. Et puisqu’il s’agit désormais d’une frontière extérieure, l’UE n’aura d’autres choix que de traiter cette frontière comme ce qu’elle est – une frontière extérieure ; et puisqu’il faut défendre avant tout les intérêts de la République d’Irlande, cette frontière deviendra une réalité.

Hormis la folie douce de David Cameron, de Theresa May et de Boris Johnson, il convient de blâmer le parlement britannique qui pendant trois ans, n’était pas capable de formuler ce que la Grande Bretagne souhaite. Depuis que ce parlement s’est rendu compte que les Européens n’allaient pas accepter la proposition « nous allons garder tous les avantages, en refusant désormais les obligations qui vont avec et on ne contribue plus », ce parlement à Westminster donne la preuve de son obsolescence. Si pendant trois ans, ce parlement n’a pas été capable de développer une vision pour l’avenir de son pays, c’est que les Britanniques avaient voté pour des candidats qui n’étaient pas à la hauteur de leur mission historique.

Toutefois, rien n’est encore perdu. Il paraît que certains élus des Tories sont en discussion avec les élus de l’opposition pour lancer une motion de censure à l’encontre de Boris Johnson, mais rien ne dit qu’une telle motion pourrait aboutir et forcer Johnson à quitter le 10, Downing Street juste après y avoir emménagé. La question cruciale est si oui ou non, il y aura un moyen d’obliger le gouvernement britannique à organiser un deuxième référendum, le « Final-Say-Referendum » qui permettrait aux Britanniques d’arrêter la catastrophe in extremis.

Après Trump, Erdogan, Orban et tous les autres, maintenant Boris Johnson. Décidément, le monde devient de plus en plus fou.

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