« B-Solutions » pour la coopération transfrontalière

Lors d'une réunion au Parlement Européen, l'eurodéputée Anne Sander et des acteurs de la coopération transfrontalière ont présenté un nouveau mode de travail européen prometteur.

Anne Sander, Rémy Bertrand et Patrice Harster - trois des nombreux architectes de "B-Solutions". Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Lorsque l’on feuillette une plaquette intitulée « Elaboration d’un protocole d’action pour la simplification des procédures administratives transfrontalières dans le domaine de l’assurance maladie », on aurait plutôt envie de la refermer, car ce langage administratif a quelque chose de prohibitif. Mais refermer cette plaquette serait une erreur. Derrière ce titre assez monstrueux, se cache une nouvelle approche européenne en faveur de la coopération transfrontalière des plus intéressantes.

« Environ 30% de la population européenne vivent dans des régions frontalières », a expliqué Anne Sander. « Améliorer la coopération transfrontalière, identifier des obstacles et élaborer des stratégies qui puissent être transposées dans toutes les régions frontalières en Europe, cela concerne donc une grande partie de la population européenne ». Et la région du Rhin Supérieur est fortement impliquée dans cette démarche – de nombreux acteurs du transfrontalier ont apporté et continuent à apporter leur expertise sur le terrain dans l’élaboration de cette démarche prometteuse. L’Eurodistrict PAMINA, les Infobest, l’Euro-Institut et le Centre Européen de la Consommation portent ce projet européen pilote qui se veut résolument tourné vers des sujets et surtout, des solutions concrètes.

A Patrice Harster, le directeur de l’Eurodistrict PAMINA, d’expliquer cette démarche :  « Il s’agit dans un premier temps d’identifier les obstacles transfrontaliers, de les analyser et de proposer des solutions concrètes. La démarche est documentée pour que d’autres régions frontalières en Europe puisse les transposer, si elles le souhaitent. Dans le cas présent, nous nous penchons sur les difficultés liées aux assurances maladies et appliquées aux soins transfrontaliers qui concernent de nombreuses personnes dans la région. Ceci dit, cette démarche peut s’appliquer autant à d’autres sujets ; et dans l’Eurodistrict PAMINA, nous avons déjà identifié une dizaine de sujets pour lesquels cette démarche peut être utilisée. »

Et les obstacles à la coopération transfrontalière, il y en a. Depuis le lancement de ce projet, 239 obstacles à la coopération transfrontalière ont déjà été identifiés, 47 dans le seul Eurodistrict PAMINA. Généralement, ces obstacles sont liés à des législations différentes entre les pays concernés, mais en ce qui concerne la coopération transfrontalière entre la France et l’Allemagne, il y a désormais une ouverture grâce au Traité d’Aix-la-Chapelle qui prévoit justement la possibilité de décider de dérogations au cas où l’incompatibilité juridique empêche la réalisation d’un projet transfrontalier.

« Il s’agit d’une méthode », a souligné Rémy Bertrand, le Président de l’Eurodistrict PAMINA, « et les Eurodistricts représentent une excellente plate-forme pour mener ces expériences. »

Pour le volet « Assurance Maladie » qui pose de nombreux problèmes aux patients dans la région qui souhaitent se faire soigner sur l’autre rive du Rhin, Martine Mérigeau, Directrice du Centre Européen de la Consommation, s’est montrée optimiste : « Même si différentes approches dans le passé n’ont pas abouti, je pense que cette nouvelle démarche pourra aboutir. Dans le travail transfrontalier, il faut avoir une longue haleine et un esprit positif ». Martine Mérigeau sait de quoi elle parle : il y a quelques années, sa structure avait élaboré un « état des lieux » des structures médicales dans l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, avec un rapport de plus de 200 pages qui montraient tous les champs de synergies possibles entre les structures médicales dans l’Ortenau et à Strasbourg. Ce rapport, acté de part et d’autre, avait rapidement disparu dans les tiroirs des administrations, car en réalité, les deux côtés n’étaient pas enclin de coopérer – chacun était surtout soucieux d’exploiter ses propres structures de manière économique. Mais les « B-Solutions » pourraient effectivement changer la donne.

Avec son expérience impressionnante en matière de coopération transfrontalière, l’Eurodistrict PAMINA semble être le partenaire pilote de choix pour ce projet – ayant su « dépolitiser » cet Eurodistrict, les responsables poursuivent une politique du terrain, mènent des projets citoyens, soutiennent des initiatives de la société civile et s’engagent tout simplement dans l’amélioration du mode de vie transfrontalier.

Avec « B-Solutions », on dispose désormais d’un outil qui permettra de surmonter des obstacles dans la coopération transfrontalière. Et malgré le titre indigeste de la plaquette, il vaut la peine de regarder cette nouvelle démarche de plus près. Les différents acteurs sont en train de créer un nouveau cadre pour la coopération transfrontalière qui pourrait faciliter, à terme, une véritable intégration des régions européennes – remarquable. Et si à l’avenir, on pourra trouver des titres de travail un peu plus « sexy » et qui parlent aux gens, la partie sera gagnée…

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