Bach to the future

Festival A Cœurs Battants à Strasbourg

A Coeurs Battants : Bach revisité, et comment ! Foto: marcchaudeur/CC-BY-SA eurojournalist

(Marc Chaudeur) – On avait le souvenir – musical – d’un film où les héros, embarqués dans leur machine à remonter le temps, jouaient du Hendrix lors du bal de fin d’année dans un collège des années 1950, devant les jeunes minettes et gommeux pétrifiés. Mais du 2 au 16 novembre, c’est Bach (prononcé à la française) to the Future au Temple-Neuf. Bach pour le futur, Bach du futur. Pauline Haas, Thomas Bloch, Jérôme Mondésert et leurs complices ont réussi de manière très brillante et magnifique à nous en donner un aperçu plausible. Troublant.

On nous inflige sans cesse des emmerderies anti-musicales et des nullardises, et puis parfois, on tombe sur une charitable source d’eau fraîche, inespérée. Le Festival (une appellation un peu curieuse tout de même, au vu de la nature aigüe et hyper-concentrée de ce qui est proposé) à Cœurs Battants existe depuis 2017. Cette année en tout cas, les musiciens livrent une version extraordinaire, complètement revisitée, de L‘Art de la Fugue de Back – euh pardon, de Bach – avec une finesse et une pertinence exceptionnelles. A Cœurs Battants, rien d’impossible.

L’Art de la Fugue, qu’on s’accorde à peu près à voir composé en 1740, est le sommet du genre… de la fugue. La fugue a connu une progression continue aux 17e et 18e siècles, qui aboutira aux œuvres les plus développées et les plus aigües à la fois du grand Kapellmeister de Leipzig. L‘Art n’est pas pleinement développé au moment de la mort de Bach, dix ans plus tard. Un chef d’œuvre d’éloquence musicale et de la pensée humaine, en tout cas.

L’ensemble qu’ont réuni Pauline Haas et Thomas Bloch reprend cette œuvre grandiose en la livrant, non pas aux appétits ni aux fauves, mais à la rigueur, au respect de cette composition par les dix interprètes – et aussi à l’esprit post-post-moderne. Une version absolument fidèle des Contrapuncti de l’Art, mais qu’on aurait épanouie comme une fleur au printemps ou une orange incisée par le milieu…

Deux heures de concert au cours desquelles on progresse donc en bondissant et en glissant d’un contrepoint à l’autre. D’une manière à la fois ingénieuse et rigoureuse ; et on a l’impression que L’Art de la Fugue a été réinventé et recomposé ces tout derniers jours. Mais non : c’est lui et bien lui, étrangement sans aucune… échappatoire, et le clavecin de Jérôme Mondésert est là pour le rappeler.

Les instruments, ce sont la harpe de Pauline Haas, quatre ondes Martenot, deux marimbas (superbes, des fugues de Bach jouées aux marimbas !), un ordinateur, et… un DJ au nom renversé comme certaines fugues, Tioben, avec sa boîte à rythmes ; l’intervention peut-être la moins convaincante, paradoxalement, dans cet ensemble projeté vers 2050.

Un concert indispensable pour ceux qui aiment profondément Bach. Et pour les autres aussi, qui se mettront désormais à l’aimer profondément.

Les musiciens : Pauline Haas (harpe),Tioneb Hulan Beat Pop (boîte à rythmes), Jacques Tchamekerten, Monique Pierrot, Thomas Bloch, Caroline Ehret (ondes Martenot) ; Baka Trio (percus) ; Guido Pedicone (musique assistée par ordinateur), Pauline Haas (harpe), Jérôme Mondésert (clavecin).

Festival à Cœurs Battants
Eglise du Temple Neuf, place du Temple-neuf
Du 2 au 16 novembre 2019
Les bénéfices des concerts iront à l’Institut Saint-Joseph de Colmar.
Réservations : a.coeurs.battants@gmail.com
Tél.0695778162

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