Bade-Wurtemberg : Qui sera le challenger dans le Ländle ?

Les militants de la CDU choisissent celui qui affrontera l‘indéboulonnable Winfried Kretschmann.

La CDU cherche actuellement le challenger de Winfried Kretschmann. Foto: Bündnis90 / Die Grünen Nordrhein-Westfalen / Wikimedia Commons / CCBYSA 2.0

(Par Alain Howiller) – Ils sont deux. Deux à briguer le redoutable honneur de conduire, au printemps 2016, la liste du parti chrétien-démocrate pour «déboulonner» le Vert Winfried Kretschmann de son poste de Ministre-Président du Bade-Wurtemberg. Dans quelques jours -le 5 Décembre- on saura qui les militants du parti auront choisi pour affronter le sortant qui, lors des élections régionales de 2011, avait mis fin à 58 années de domination CDU. Qui les 69.000 militants consultés après la tenue de 6 conférences régionales choisiront-ils entre Thomas Strobl, député au Bundestag, ancien collaborateur de deux ministres-présidents du Land, et Guido Wolff, élu et responsable CDU au Landtag de Stuttgart ?

Selon des sondages, il semble que Strobl dont l’image (33 % des sondés du Land lui font confiance contre 21% à Wolff) est mieux assise que celle de son challenger, soit bien placé pour être choisi comme tête de liste : il compte aussi un peu sur le fait qu’il est le gendre de Wolfgang Schäuble ! Un plus pour celui qui veut affronter un Kretschmann qui semble indéboulonnable !

Un enseignant, de la «Ligue communiste» aux Verts ! – Il est vrai que la personnalité de cet enseignant, à l’accent presque caricatural et… soigneusement entretenu, séduit : entré en politique en 1973, par la petite porte de l’adhésion à la Ligue Communiste d’Allemagne de l’Ouest, il participera, en septembre 1979, à la fondation du parti des Verts du Land et sera élu, six mois plus tard, député au Landtag du Bade-Wurtemberg où il sera porté, en Mars 2011, grâce à un coalition Verts-SPD, au poste de Ministre-Président. Malgré ses 66 ans et des rumeurs de lassitude voire de problèmes de santé, Winfried Kretschmann a douché les «espoirs» de ses compétiteurs en annonçant qu’il entendait bien poursuivre sa tâche lors d’un deuxième mandat, après avoir gagné les élections de 2016 !

Du reste, tous les espoirs lui semblent permis lorsqu’il consulte un récent sondage mené à bien par le SWR et la Stuttgarter Zeitung. D’après cette consultation, non seulement l’image personnelle du Président du Land est confortée (70% de ses «administrés» sont satisfaits de lui !), mais 49% des sondés souhaitent que la coalition Verts-SPD se poursuive au delà de 2016, tandis que 46% souhaitent, quant à eux, qu’on change de gouvernement après les prochaines élections.

CDU et Verts-SPD au coude à coude ! – La coalition rouge-verte pourra-t-elle se poursuivre après les prochaines élections régionales, au grand dam des chrétiens-démocrates qui, depuis le changement de gouvernement de 2011, ont globalement gagné la bataille des élections municipales, mais non sans perdre, en 2013, Stuttgart (au profit d’un élu vert) et Karlsruhe (au profit d’un élu SPD). Certes les sondages ne sont l’élection, mais ils donnent de précieuses indications sur l’état de l’opinion. Celle-ci place la CDU et la coalition rouge-verte dans un mouchoir de poche : si des élections régionales devaient avoir lieu aujourd’hui la CDU ramasserait, seule, 41% des voix, les Verts réuniraient 22% des voix et le SPD 20%. Verts et SPD réunis représenteraient 42% face à la CDU qui totaliserait 41%. Pour gagner la partie, les chrétiens-démocrates tout comme les Verts ou le SPD devront trouver un partenaire : la coalition actuelle ne réunirait plus sa majorité.

La CDU ayant refusé de faire alliance avec l’Alternative pour l’Allemagne – AfD (crédité de 5% dans les sondages) et perdant son ancien allié le parti FDP (autour de 3%) ou trouverait-elle un allié : au SPD, chez les Verts ? Sachant -qu’en l’état- Die Linke ne réunirait pas les 5% nécessaires pour entrer au Landtag, que feront les Verts ou le SPD ? La clé se trouvera sans doute pour la CDU dans le supplément de voix que réunira sur son nom la future tête de liste !

Celle-ci pourrait bien avoir de bonnes cartes en mains face à un Kretschmann qui sera sans doute incontournable, même si seul il ne pourra pas décider.

Une coalition CDU-VERTS ? – Ira-t-on vers une alliance CDU-Verts ou CDU-SPD ? Lors du dernier congrès des Verts où Kretschmann a fait forte impression réussissant à faire accepter le fait que c’est son vote qui au Bundesrat a permis de faire adopter la nouvelle loi -restrictive- sur le droit d’asile accordé à plusieurs pays de l’Est Européen (Bosnie-Herzegovine, Macédoine et Serbie). Ont également été validées, ses positions sur le fait que le parti des Verts doit devenir, face aux compétences reconnues à la CDU, un mouvement dont la compétence soit reconnue en matière d’économie et de gestion des entreprises ! Deux points qui représente une véritable révolution chez des Verts qui participent aujourd’hui -et ceci explique sans doute cela- à la gestion (sous différentes formes de… Coalitions !) de huit länder sur 16 !

L’année dernière, Winfried Kretschmann avait lancé à Stuttgart : «Economie et Ecologie vont dans la même direction et c’est tout simplement extraordinaire !…». Cette année, il avait persisté dans cette voie en déclarant, au congrès régional des Verts à Tuttlingen : «Nous devons devenir un nouveau parti classique de gestion de l’économie» («eine klassische Wirtschaftspartei»).

Un «réalo» au parti des Verts ! – Cem Ozdemir, le dirigeant des Verts, a traduit cela à sa façon en déclarant, à Hambourg : «Il s’agit maintenant de rappeler que si nous sommes, maintenant, le parti d’opposition à la Grande Coalition, nous nous apprêtons à participer au pouvoir en 2017… Nous ne voulons pas être un nouveau FDP (en déclin), nous voulons dépasser les 10% de voix !».

Et diriger avec qui ? Avec, au plan national, la CDU (comme en Hesse) ou avec Die Linke et le SPD, comme en Thuringe ? Au Bade-Wurtemberg, Winfred Kretschmann qui appartient au courant des «réalistes» («realos») chez les Verts et qui n’avait pas exclu après les élections fédérales une coalition CDU-Verts, rebattra peut-être les cartes en fonction des résultats obtenus par la CDU. Il a déjà souligné qu’il préfèrerait reconduire la coalition rouge-verte.

Mais si les résultats du SPD ne le permettent pas, il se rappellera qu’en politique «jamais ne veut jamais dire… Jamais !…» D’autant que c’est l’électeur qui aura le dernier mot… au printemps 2016 !

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