Balkans : No DAMage, DAMned !

La société civile contre les barrages et la corruption

En Slovénie : la rivière Soca, très menacée Foto: TravelingOtter/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Du Nord au Sud, de la Slovénie à la Grèce, les Balkans occidentaux sont gagnés depuis ces toutes dernières années par une vague de protestation contre la barrageomanie vénale de leurs dirigeants, menace majeure contre l’environnement : 3000 barrages hydroéléctriques sont prévus dans la péninsule ! Dans ces pays qui sont dans une large mesure la réserve naturelle de l’Europe… et son arrière-plan difficile et magnifique, un immense espoir. Les Balkans, ça bouge, avec ou sans les institutions européennes.

Durant 10 jours, ce mois-ci, du 6 au 16 juillet, de très importantes manifestations ont rassemblé des milliers de personnes dans tous les pays de l’Ouest des Balkans. Leur objet principal : protester contre la contagion des barrages hydroélectriques, ce prurit de la corruption qui se répand partout. Leur nombre, leur importance sociale, la qualité de la conscience écologique des populations dans ces pays impressionnent. Et pourtant, ils sont rarement relatés réellement dans les médias d’Europe occidentale – excepté dans Eurojournalist.eu, bien sûr, à plusieurs reprises.

Ces associations locales de défense de l’environnement sont toutes partenaires des organisations-chapeaux, Euronatur (https://www.euronatur.org/) et Riverwatch (https://riverwatch.eu/) artisans de la campagne Save the Blue Heart of Europe, occasion de la confection d’un superbe dossier sur la situation géo-écologique, à consulter absolument ! (https://balkanrivers.net/).

Le déclencheur de cette vague de protestations et d’actions , c’est essentiellement l’autoritarisme des gouvernements et le manque d’informations sur les opérations d’expropriation, de défrichage et de transformation radicale du paysage, autrement dit, de l’aspect et de la configuration des terres auxquelles la population s’identifie très intimement – c’est encore plus vrai dans les Balkans qu’ailleurs…

Un point très positif, important ici : des milliers d’habitants des Balkans ont lié connaissance par delà les frontières, en partageant leurs luttes dans des situations qui, de la rivière Soča en Slovénie jusqu’ à l’Aoos gréco-albanaise, sont identiques. Cette union permet aussi de se faire connaître dans le reste de l’Europe. Comme le dit Gabriel Schwaderer, président d’ EuroNatur : « Ces semaines d’action servent également à faire connaître et entendre les personnes touchées par un projet et à les soutenir dans leur lutte contre le lobby de l’hydroélectricité. La détermination des manifestants montre que la lutte pour la continuité des rivières unit les peuples ».

La première quinzaine de ce beau mois de juillet a donc vu se dérouler successivement des manifestations a Tirana, en divers villages de Serbie (Stara Planina), à Podgorica capitale du Monténégro, en Nord Macédoine, en Slovénie, à Decan au Kosovo, à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine et enfin, comme protestation lors du Festival de Vovousa, près de la rivière Aoos (cette rivière qui se lance à travers le Sud de l’Albanie où elle prend le nom de Vjosa) en Epire (Nord de la Grèce). Tout cela organisé par les gens de ces régions et de ces localités. Comme les initiateurs l’avaient espéré, toutes ces rassemblements ont porté leurs fruits quant à la prise de conscience d’une nécessité commune.

Et cette nécessité est évidemment politique : le vrai problème, c’est la vénalité et la corruption, qui font concevoir et/ou accepter des marchés aberrants où quelques entreprises et beaucoup de dirigeants politiques se remplissent les poches. Au détriment de la démocratie réelle et participative,
de la prospérité de ces pays et du bien-être de la population.

Ce dont les institutions de Bruxelles et de Strasbourg ne sont pas toujours conscientes ! Pour combler cette lacune démocratique et ces graves nuisances à tous les niveaux et dans tous les domaines de l’existence sociale, il faudra qu’elles repensent la distribution des subventions : les Balkans sont en pleine fermentation, ça monte, ça monte, et le meilleur de cette action réformatrice provient des associations de la société civile. Ce sont elles qu’il faudra subventionner beaucoup plus largement, et faire preuve d’infiniment plus de discernement dans l’octroi des financements à des décideurs politiques qui depuis une décennie, sont devenus spécialistes du double discours.

Et puis, chers et futés lecteurs d’Eurojournalist : pourquoi ne pas passer une ou deux semaines de vacances quelque part dans les Balkans, plutôt qu’à Waikiki ou à Taï Lou Ping ? Partout des balades magnifiques dans la montagne, sur les côtes, dans ces villages où on est si bien reçu quand on ne ressemble pas à Boris Johnson !

Par exemple, chez notre amie Kirsi Hyvaerinen, dans le Nord du Monténégro. L’adresse : Etno selo Nevidio, Pošćenje bb, Šavnik 81450, Crna gora/Monténégro. +382 69 449 539. Petites maisons chouchouttes, tourisme vert qui fait participer et bénéficier la population locale, et tout et tout. Dans un cadre grandiose.

 

 

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