Ban Ki-moon invite l’Europe à combattre les discriminations

Le Secrétaire Général des Nations Unies a tenu un discours devant Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe. Un joli discours. Maintenant, il suffit de mettre en œuvre ses recommandations…

Ban Ki-moon devant l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe. Un excellent discours, mais les Européens ne se sentent pas concernés. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(CTN / KL) – Il est sympa, le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon. A chaque fois qu‘il passe à Strasbourg, il tient des discours vrais, demande aux pays européens (et du monde) de se conformer à la Charte des Droits de l‘Homme et ne fatigue pas d‘inviter les pays à se comporter correctement. Si de tels discours sont importants, force est de constater que les pays auxquels il s‘adresse, ne l‘écoutent pas. On applaudit poliment et on continue à malmener ces Droits de l‘Homme à chaque occasion.

Au centre du discours de Ban Ki-moon se trouvaient l’extrémisme violent qui monte dans de nombreux pays et la protection des droits des migrants, en soulignant la nécessité de s’opposer à la discrimination des minorités et la stigmatisation des réfugiés. Il a, bien entendu, raison. Mais les réalités des pays européens sont toutes autres. Ainsi, il serait intéressant comment les représentants de la Hongrie ont vécu ce discours humaniste, après que leur gouvernement avait décidé unilatéralement de ne plus accueillir de réfugiés.

Dans son discours, Ban Ki-moon a rappelé un autre discours devant la même assemblée, celui d‘un de ses prédécesseurs, U Thant, qui lui, avait prédit que l‘Europe allait jouer un rôle moteur dans le développement du nouveau monde. Mais en dehors des beaux discours, il convient de constater que l‘Europe se montre pour l‘instant incapable d‘agir à hauteur de cette mission morale. Surtout en ce qui concerne la politique en matière de réfugiés. Même si Ban Ki-moon s‘est montré poli en déclarant «Aujourd’hui, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe est un des mécanismes régionaux de défense des droits de l’homme les plus efficaces du monde», ce qui n’empêche pas le vieux continent de mener une politique cynique et peu efficace en la matière.

Ban Ki-moon a rappelé quatre problèmes majeurs du monde actuel, en demandant à l’Europe d’intervenir sur ces dossiers. D’abord, il a évoqué les grandes crise actuelles, en Syrie, en Iraq, au Yémen et au Soudan du Sud ; ensuite, il a demandé une réflexion quant aux restrictions imposées à la société civile (au députés de regarder comme si cela ne les concernait pas, tout en oubliant que les institutions européennes aient refusé de tenir compte du million de signatures contre le TTIP en évoquant des raisons formalistes) ; il a parlé du problème de la migration (qui découle directement du premier problème, mais pas exclusivement) et finalement, de la montée d‘un extrémisme violent.

Toutefois, Ban Ki-moon s‘est montré optimiste, en demandant un rapprochement entre le Conseil de l‘Europe et l‘ONU. Ainsi, il a estimé qu‘à l‘échelle mondiale, la démocratie serait en hausse – mais là, il s‘arrête au premier degré. Lorsque l‘on considère comment des droits démocratiques les plus fondamentaux sont malmenés même en Europe, il conviendrait d‘abord d‘agir devant sa propre porte, avant de donner de bons conseils à d‘autres pays et continents.

Intéressant – Ban Ki-moon a fait le rapprochement entre l’action politique insuffisante et la montée du terrorisme dans le monde. «Lorsque le contre-terrorisme viole les Droits de l’Homme, les pays perdent leur autorité morale», a-t-il dit. A bon entendeur. Il ne faut pas oublier que l’Europe vient de déclarer une guerre bizarre aux passeurs et aux réfugiés sur les côtes africaine – voilà quelque chose qui pourrait faire perdre à l’Europe, toute l’autorité morale…

Encore des applaudissements sur les déclarations du Secrétaire Général de l’ONU lorsque celui-ci a évoqué le sort des demandeurs d’asile, surtout dans les pays jouxtant la Méditerranée. Mais là aussi, les élus européens ne se sentaient visiblement pas trop concernés… surtout pas lorsque Ban Ki-moon a demandé à ce que l’Europe installe des voies sûres, régulières et ordonnées pour permettre aux réfugiés d’arriver en Europe vivants.

Le discours de Ban Ki-moon était remarquable. Bien plus remarquable que la politique européenne de nos jours, une politique en faillite dans l‘ensemble des dossiers évoqués. Pourtant, on a l‘impression que les responsables européens ne se rendent plus compte de rien – leur réaction était telle qu‘on pouvait penser que ce discours ne concernait que les autres, mais pas les pays européens. Qui eux, devraient être les premiers à réagir.

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