Banques : Un «test de résistance» pas très concluant

25 banques en Europe ont échoués lors du «test de résistance» organisé par la BCE. Mais est-ce que cela veut dire que les autres banques sont sûres ? Absolument pas.

Le "test de résistance" n'a pas été de nature à rassurer les Européens. Foto: C.T. Dazey / US Library of Congress / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Le problème des banques en Europe, c’est le manque de capitaux propres. Ainsi, pour réussir le «test de résistance», une banque était considérée comme saine dès que ses risques (donc, crédits accordés ou investissements propres dans des produits financiers) étaient assurés à hauteur de 5,5% par son capital propre. En langage clair, cela veut dire que la banque est en faillite si jamais 5,5% de ses engagements financiers ne réussissent pas. Dans ces cas, ce sera le contribuable européen qui devra, une fois de plus, éponger l’ardoise.

Ce «test de résistance» était organisé pour rassurer les «marchés financiers», dans l’espoir que des investisseurs publics et privés injectent à nouveau de l’argent dans le circuit bancaire. Si sur 130 banques, 25 n’ont même pas réussi à franchir cette barre des 5,5% – force est de constater que le secteur bancaire en Europe est profondément malade. Le capitalisme atteint ses limites, mais au lieu de repenser le marché financier, on s’y agrippe dans l’espoir que tout puisse miraculeusement refonctionner. Mais rien ne fonctionne.

13 autres banques avaient déjà été averties en cours de l’enquête et ont réussi à augmenter leurs capitaux propres – on se demande comment. En empruntant au taux 0 à la BCE ? Plusieurs mesures s’imposeraient pour que ces marchés financiers puissent être ramenées à la raison – la première serait une interdiction d’effectuer des spéculations à la bourse et surtout, sur les «produits dérivés». Ensuite, il faudra changer les règles. Puisque les marchés financiers chantent la chanson du libéralisme économique et refusent toute régulation politique, il faudra que les banques assument. Si un établissement bancaire perd de l’argent en spéculant, il faut immédiatement cesser d’équilibrer leurs comptes par les institutions nationales ou européennes. Ils veulent un capitalisme sauvage ? Qu’ils en assument les conséquences !

Ce test, basé sur des chiffres datant de 2013, n’est pas concluant du tout. Non seulement les choses ont évoluées depuis, mais la seule chose démontrée par ce test, c’est que les banques ne seraient pas en mesure de faire face à une nouvelle crise – une crise qui se dessine déjà. Donc, pour rétablir la confiance dans le monde de la finance, ce test n’aura rien apporté.

Bien entendu, suite à la publication des résultats, les pays épargnés par de mauvais résultats, dont l’Allemagne, la France, mais aussi bon nombre d’autres pays, jubilent. «Regardez, chez nous, tout va bien…». Faux. Environ la moitié des banques testées portent des risques avoisinant les 94% qui ne sont pas assurés par leurs capitaux. Mais il faudra responsabiliser les banques non pas à hauteur de 5,5%, mais à hauteur de 100%. Une banque qui perd de l’argent, c’est une banque qui n’a plus sa place dans ce business et devra fermer la boutique. Il faut également cesser de considérer ces banques comme «indispensables pour le système» – pour quel système ?

Il est grand temps de revoir le système financier en Europe et ce, de A à Z. Les états, de plus en plus pris en otage par ces marchés, doivent regagner le contrôle de ce secteur pour pouvoir protéger les citoyens et citoyennes.

Ce «test de résistance» était censé rassurer les Européens ? Il n’a fait que confirmer que le secteur financier en Europe s’est totalement perverti et qu’il conviendra de développer un nouveau modèle économique. De préférence résolument européen, de préférence sous contrôle des états pour que les bénéfices réalisés aillent dans les budgets nationaux qui souffrent, au lieu d’engraisser des personnes fortunées. Qui, en cas de perte, partagent volontiers ces pertes avec nous, tout en gardant jalousement les bénéfices lorsqu’il y en a.

Le capitalisme dans la forme que nous connaissons, a fait son temps et a aussi lamentablement échoué que les systèmes qui avaient cours dans l’Est de l’Europe.

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