Barcelone 1938 – Kiev 2022

Comme Kiev lors de l’actuelle tentative d’invasion par la Russie, durant la Guerre Civile Espagnole, Barcelone fut la cible de bombardements.

Sous la fumée, des vies détruites... Foto: Italian Airforce / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Barcelone comme d’autres cités espagnoles, notamment Guernica rendue célèbre par le tableau de Pablo Picasso, a été, durant la Guerre Civile Espagnole, la cible de bombardements par les aviations allemande et italienne. Sans le concours d’Hitler et de Mussolini, mais aussi le silence d’autres pays européens, Franco n’aurait très probablement pas réussi à écraser les forces républicaines, pour ensuite couvrir le pays d’une chape de plomb qui tint 36 années.

Une chape de plomb pour la population, mais laissant libre cours au tourisme que le Caudillo développa, pour en faire un pilier de l’économie nationale. Aujourd’hui, certains abris antiaériens situés au cœur de Barcelone sont visitables, témoignant d’une époque douloureuse où les populations civiles étaient la cible d’attaques aériennes, comme c’est le cas actuellement en Ukraine. D’où un possible parallèle historique entre les capitales catalane et ukrainienne, distantes à vol d’oiseau d’environ 2.400 km.

L’ironie de l’histoire, si tant est que ces termes puissent être employés, réside dans le fait que la Russie gouvernée actuellement par un président nationaliste, prétend combattre un régime nazi en Ukraine, alors que durant la Guerre Civile Espagnole (1936-1939), l’URSS soutenait les républicains espagnols attaqués par les forces nationalistes espagnoles soutenues par l’Allemagne, l’Italie et le Portugal. Pour se maintenir au pouvoir, certains ne sont pas à un paradoxe près, comme d’autres à une compromission…

Bombardée a plus de 200 reprises jusqu’au 25 janvier 1939, la ville de Barcelone déplora près de 3.000 victimes, dont un tiers périrent entre le 16 et le 18 mars 1938. 1.300 abris anti-aériens furent édifiés pour protéger la population. Le Palacio de las Hiedras abrita en son sous-sol Lluís Companys, le président de la Generalitat d’alors. L’emplacement du palais le rendait cependant difficile à attaquer par les airs. A l’inverse, au pied de la Montagne de Monjuïc dans le quartier Poble Sec, l’abri anti-aérien 307 est situé dans une zone de la ville les plus touchées par les bombardements.

Dans le quartier de Gràcia se trouve l’abri rendu célèbre par le roman de Mercè Rodoreda (1908-1983) intitulé La Plaça del Diamant. Publié en 1960 il est, selon Gabriel García Márquez, « le plus beau qui ait été publié en Espagne après la guerre civile ». Ce qui se passe actuellement en Ukraine, n’a rien d’une guerre civile, mais relève de la catégorie des conflits armés internationaux, car c’est bien de l’agression d’un pays par un autre avec tentative d’invasion dont il s’agit.

Les habitants de Kiev se sont réfugiés dans les galeries du métro, à Marioupol des combattants et des civils s’étaient repliés dans les souterrains d’une aciérie où ils résistèrent aux envahisseurs durant près de trois mois. Autant de lieux qui renvoient à la situation des populations espagnoles dans les grandes villes défendues par les républicains entre 1936 et 1939. Or, sachant ce qu’il advint par la suite, les parallèles historiques font froid dans le dos…

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