Bardella à Strasbourg, l’arrivée de la rockstar d’extrême-droite

Mercredi, 27 novembre, Jordan Bardella, chef du Rassemblement National, était au winstub « Zuem Strissel » pour signer son nouveau livre. D’une démarche et d’un sourire robotique, la foule l’a acclamé à son arrivée.

La "rockstar de l'extrême-droite" Jordan Bardella, acclamé par une foule surexcitée. Foto: Martin Van Klaveren / CC-BY 2.0

(Romain Fournier, Paul Merle, Lisa Canastra, Martin Van Klaveren) – Le jour de l’ouverture du marché de Noël, Strasbourg a accueillie la venue de la coqueluche de l’extrême-droite. Sous les décorations, une foule énorme l’attendait depuis 16 heures, pour faire signer son nouveau livre Ce que je cherche paru le 9 novembre. Le simple nom de Jordan Bardella suffit pour en faire un bestseller, malgré le vide immense de sa biographie. Une foule principalement composée de jeunes attendait impatiemment pour faire signer le livre fraîchement acheté. Une arrivée triomphante qu’une pop-star américaine comme Taylor Swift pourrait jalouser.

Jordan Bardella est arrivé longeant la file d’attente sous les applaudissements et les cris en délire. Ses sympathisants ont voulu manifester leur présence face à quelques opposants qui refusaient l’accueil de Bardella dans la capitale européenne, à l’aide de la Marseillaise et de chants patriotiques. Les dédicaces du chef du Rassemblement National pourront peut-être rassurer les députés européens de son retour sur les bancs du Parlement européen. 

L’effet Bardella ou l’extrême-droite décomplexée - On aurait dit la file d’attente d’un concert. Des familles, des jeunes, des femmes et des hommes. La plupart brandissant fièrement le livre de leur star. Un véritable culte de la personnalité. Pas de honte, pas de gêne, ils savent pourquoi ils sont là et ils ne s’en cachent pas. Aujourd’hui voter pour les idées les plus radicales ne dérange plus. « Le rassemblement national n’est pas d’extrême-droite », s’exclame Lucas Corbiaud, membre de l’Union nationale inter-universitaire. Pour certains, le parti, berceau d’anciens SS à son début, est ironiquement devenu un symbole du respect des démocraties. Espérons que ce n’était qu’une question de déni ou d’ignorance. « J’aime ce que représente le parti, c’est-à-dire ses valeurs comme le courage, le mérite et la vaillance », poursuit-il, le livre en main. « Je suis très content d’avoir eu la signature de monsieur Bardella, je trouve le livre très bien, personnellement », lâche-t-il avec un grand sourire.

Il y a encore quelques années, voter pour le rassemblement national était tabou, aujourd’hui pour certains, c’est une fierté revendiquée. « Français, réveille toi, tu es ici chez toi », qui fait bien penser à cette préférence nationale, une des marques de fabrique du FN depuis ses débuts.

« Tout le monde déteste les gauchistes ! Tout le monde déteste les Nazis ! » – En face des sbires de Jordan Bardella, derrière un cordon de CRS, une vingtaine de personnes se sont rassemblées pour huer la venue du président du Rassemblement National. Essentiellement des jeunes d’ultra-gauche, ils sont désemparés et impuissants face à une foule hystérique qui avait hâte de rencontrer leur idole. De ce petit groupe, démarrent des slogans contre l’extrême-droite visant les partisans du RN. « Un facho une balle, justice sociale », « Tout le monde déteste les Nazis ». En réponse, la Marseillaise est entonnée par l’interminable file d’attente et des groupes entament avec rage des chants xénophobes et racistes : « Bleu, blanc, rouge, la France aux Français ». L’ambiance se tend et les forces de l’ordre renforcent leur protection de la queue devant l’entrée du restaurant.

Une fracture totale entre des idéologies et des valeurs radicalement opposées. « On n’arrive pas à comprendre », s’alarme Pierre*. « J’ai peur, c’est inquiétant de voir autant de personnes pour un livre aussi vide de sens. », confie -t-il, le regard désespéré. « On est quand même à Strasbourg, les gens ont oublié ce qu’il s’est passé ici il a 80 ans. », poursuit Pierre. Ils sont restés là, impuissants face à l’hystérie collective que provoque le numéro 1 du RN. 

* Le prénom a été changé pour garantir l’anonymat

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