¡Basta de patatas europeas!
La Colombie, vent debout contre l’OMC, parviendra-t-elle à préserver ses producteurs de pommes de terre de la voracité des entreprises européennes ?
(Jean-Marc Claus) – Courant octobre, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) jugeait infondée la barrière douanière imposée par le gouvernement colombien aux frites surgelées européennes. Ce dernier fait évidemment appel d’un jugement favorisant les multinationales de l’agro-alimentaire. Un événement particulièrement significatif de l’hypocrisie de l’Union Européenne en matière de préservation du climat et de commerce équitable, quelque peu passé sous les radars.
Depuis 2013, un accord commercial signé entre la Colombie, le Pérou, l’Équateur et l’Union Européenne, permet aux frites surgelées belges, hollandaises et allemandes d’inonder le marché de ces pays sud-américains. Ce qui a localement pour conséquence de mettre en péril les producteurs locaux vivant dans le berceau huit fois millénaire de la pomme de terre, qui y a été découverte par les Européens lors de la conquista génocidaire du XVIe siècle.
Une aberration totale, typiquement capitalistique, mais non sans fondement, car en terme de profitabilité, le marché colombien est particulièrement juteux. La consommation annuelle moyenne d’un Colombien est de 62kg de pommes de terre. Ce qu’elle était en 1980 pour un Français, passé depuis à 52kg annuels. En Europe, elle est de 64kg par an, dont 42% transformés. L’Allemagne, avec 21,2%, est le plus gros producteur européen de pommes de terres, suivi par la Pologne (16,4%), la France (15,7%), la Hollande (12,7%) et la Belgique (7,5%).
Ce sont justement les pommes de terres belges, allemandes et hollandaises transformées, qui parcourent, en conteneurs réfrigérés, 9.000 km pour inonder notamment le marché colombien de la frite surgelée. Aberration encore plus criante en des temps d’envolée des coûts de l’énergie. Il faut aussi savoir que cinq départements français consacrent deux tiers de leurs surfaces cultivées à la production de pommes de terres pour la Belgique, car rien qu’en Wallonie, 40.000 hectares de bonne terre ont été bétonnés en 20 ans. Une autre aberration typiquement capitalistique !
Il est alors parfaitement compréhensible que dans un tel contexte, la Colombie veuille protéger ses producteurs, même si beaucoup des gouvernements qui s’y sont jusqu’ici succédés, ont fait la part belle aux puissances d’argent. Mais à leur décharge, résister à l’Oncle Sam en Amérique Latine comme aux Caraïbes, demande une combativité de premier plan. L’Organisation Mondiale du Commerce n’étant pas vraiment une œuvre de charité, l’actuel gouvernement colombien s’est engagé dans un combat de Mixed Martials Arts (MMA) où tous les coups sont permis… au plus fort.
En cette période post-COP 27 et pré-COP 28, il est légitime de se demander, notamment à travers l’exemple de la « guerre des frites surgelées », si les gouvernants des pays dits riches ont vraiment envie de faire quelque chose en faveur de la préservation du climat et des équilibres nord-sud. Même si en l’occurrence, le déséquilibre se produit sur l’axe est-ouest.
Muy cierto, en Colombia los campesinos están en desventaja ya que aquí deben vender sus productos a intermediarios y cuando la papa llega al consumidor el costo a subido.me gustó mucho gracias