Basta, la violence envers les femmes !

Le Portugal, comme d'autres pays européens, doit encore lutter contre la violence envers les femmes.

Instantané d'un duo mère-fille, par le photographe portugais Pedro Ribeiro Simões. Foto: Pedro Ribeiro Simões / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Au Portugal, l’Union des Femmes Alternative & Réponse (UMAR) est l’organisation féministe issue de la Révolution des Œillets. Créé en 1976, elle fédère plusieurs générations de femmes autour de la défense de leurs droits. L’Observatoire des Femmes Assassinées (OMA), qui en est issu depuis 2004, a récemment rendu publics les premiers chiffres de 2020 : 20 femmes assassinées et 29 tentatives de féminicides dont 25 dans le cadre de relations conjugales.

La criminologue Cátia Pontedeira précise à l’agence de presse « Lusa » que ces 25 tentatives de féminicides ont eu lieu après le confinement. L’OMA insiste sur la nécessité d’investir d’urgence dans l’analyse des féminicides, afin d’assurer une meilleure prévention. Les victimes doivent être informées des dispositifs d’aide existants et à venir. C’est dans cette optique qu’a été créé le 800.202.148, numéro gratuit et confidentiel disponible 24/24 et 7/7.

De son côté, la ville de Lisbonne a ouvert « Lisboa + Igualdade » (Lisbonne + Égalité), un nouvel espace municipal d’assistance et de prévention de la violence domestique. Une hotline téléphonique y fonctionne de 10h à minuit, couplée à un service présentiel de 10h00 à 18h00. Manuel Grilo, le conseiller municipal Bloco de Esquerda (BE), en charge des droits sociaux, précise que la pandémie de Covid-19 a provoqué une aggravation de la violence domestique et sexiste et que cette structure constitue un des éléments de réponse à ce problème. Elle est gérée par la municipalité, en collaboration avec l’Université Nouvelle de Lisbonne et l’association « Femmes En Mouvement » (FEM).

La question des violences conjugales n’est pas un sujet nouveau au Portugal. En 2019, l’Association Portugaise d’Aide aux Victimes (APAV) annonçait que 83% des 43.000 personnes aidées par elle depuis 2014 étaient des femmes. Selon les statistiques européennes, il y aurait moins de femmes victimes de violences conjugales au Portugal qu’au Danemark, mais les statistiques sont biaisées car les femmes d’Europe du Sud n’ont pas encore le réflexe de porter plainte et certains juges, notamment au Portugal, sont particulièrement laxistes avec ce genre d’affaires.

Le juge Neto de Moura, cité par le quotidien « Público » en mars 2019, en est un exemple particulièrement caractéristique. Banalisant la violence conjugale, il se réfère de surcroît à la Bible pour étayer ses jugements. Côté forces de l’ordre, l’accueil spécifique des victimes de violences conjugales s’organise. En 2019, 63% des commissariats et gendarmeries étaient équipés d’espaces dédiés. Mais tant qu’il y aura des magistrats tels que Neto de Moura, fussent- ils minoritaires, le climat sera malsain.

Le Portugal n’a pas pour autant renoncé au progrès social ; progrès dont un élément essentiel demeure la cause des femmes. Ainsi depuis le 27 août, suite à une proposition d’amendement déposée par le Parti Communiste Portugais (PCP) à l’Assemblée de la République un mois plus tôt, les nouvelles adresses des victimes de violence domestique peuvent être occultées dans les documents communiqués aux parties adverses lors des procédures. Une disposition essentielle, eu égard aux harcèlement voire même aux représailles dont elles deviennent parfois la cible.

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