Bâtir, bâtir, bâtir…
Comment cet homme, qui ne cesse de détruire systématiquement les fondements de notre République, peut-il encore employer le mot « bâtir » dans ses fumeux et lunaires discours d’auto-congratulation, sans que se joue un remake de la Prise de la Bastille ?
(Jean-Marc Claus) – Fortement contrarié par l’échec de son coup de poker dissolutif, toujours aussi odieux envers la gauche, mais aussi la majorité de ses concitoyens, le président de plus en plus solitaire s’est fendu il y a peu d’une lettre aux Français dont il ne représente qu’une très faible minorité, et a encore plus récemment déploré le spectacle déplorable offert par son camp. Il n’y a pas à dire, celui qui se prend pour Jupiter, tient infiniment plus de Néron.
Si l’arrogance du Chef de l’État n’est plus à démontrer, si son déni pathologique du réel a depuis bien longtemps atteint un point de non retour, il reste un mot qui, prononcé régulièrement par lui, devient de plus en plus insupportable. « Bâtir » : « …bâtir une majorité solide… » (10/07/2024), « …bâtir une Europe plus unie,… » (25/04/2024), « …bâtir une autonomie à la Corse,… » (28/09/2023), « …leur bâtir une place… » (25/04/2019), les exemples sont légions.
Comment cet homme, qui ne cesse de détruire systématiquement les fondements de notre République, peut-il encore employer le mot « bâtir » dans ses fumeux et lunaires discours d’auto-congratulation, sans que se joue un remake de la Prise de la Bastille ? Force est de constater que les Français font preuve à son égard, d’une infinie patience et d’une incommensurable charité, à moins qu’ils soient complètement hypnotisés par la magnificence décadente du président d’une République dont les institutions se révèlent inefficaces pour contrer les ambitions autocratiques d’un seul individu.
Son œuvre de destruction a commencé bien avant son accession à la magistrature suprême, qu’il a transformé en Olympe personnelle. Après avoir, durant la mandature de François Hollande, infiltré l’Élysée de 2012 à 2014 en tant que secrétaire général adjoint du cabinet du Président, obtenant les clefs de la « Maison Bercy » de 2014 à 2016, il a la dernière année de cette séquence, fait adopter la loi dite El Khomri, préférant donner le nom d’une pauvre lampiste à ses textes antisociaux.
Il n’y a pas d’argent magique pour les hôpitaux publics, par contre l’État macroniste fait la part belle aux secteur privé. La Prime Chauffage concède quelques cacahuètes aux plus démunis, sans que ne soient vraiment remis en cause les substantiels bénéfices des énergéticiens, ainsi que les taxes hallucinantes sur l’énergie, et la soumission de son prix au marché européen, alors que l’Espagne et le Portugal l’ont fait sans que leurs économies s’effondrent pour autant.
Que faut-il entendre dans le « bâtir » macronien, employé à tout bout de champ par le chef d’un État ressemble sous sa gouvernance, à une république bananière et dont le parti d’origine ressemble de plus en plus à une armée mexicaine ? Une funeste fumisterie, car aucun Président n’aura autant que lui saccagé la démocratie et livré le pays aux mains des puissances d’argent. Les deux allant évidemment de pair, faut-il encore le préciser ?
Dans la catégorie ultralibéral assumé et enflé d’orgueil, Nicolas Sarkozy était un petit joueur. Dans la catégorie banquier rothschildien propulsé à l’Élysée, Georges Pompidou qui avait lui de bons côtés, fait vraiment pâle figure. Dans la catégorie combinard et machiavélique, François Mitterrand qui conservait néanmoins une certaine hauteur de vue, est loin derrière Emmanuel Macron. Dans la catégorie je sais aussi faire peuple, Valéry Giscard d’Estaing avait, probablement à son insu, un irrésistible sens du comique grâce auquel beaucoup lui fut pardonné. Dans la catégorie une histoire abracadabrantesque, Jacques Chirac n’a jamais connu une telle détestation. Quant à Charles de Gaulle, dans la catégorie à cheval sur le Gouvernement Provisoire, la IVème et la Vème République, lui seul a su à deux reprises démissionner.
Emmanuel ne quittera le Palais de l’Élysée par son propre chef, car de la démocratie il n’en a cure. Armant toujours plus fortement les forces de l’ordre, pour disperser les manifestations, plutôt que de réinstaurer l’autorité républicaine dans les quartiers de relégation, revoyant dos à dos extrême-droite et la gauche qu’il ne craint pas de qualifier d’extrême, méprisant les corps intermédiaires pour gouverner avec les conseils des cabinets de consulting au service exclusif du Kapital, son jeu apparaît très clairement.
L’hypothèse de l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, contre laquelle il prétend se battre bec et ongles, ne le dérangera pas autant que celle de la gauche qu’il exècre et par laquelle il est passé pour se tailler une stature de candidat en 2017. La macronie obéit aux mêmes patrons que l’extrême-droite, à savoir les puissances d’argent. Il ne faut pas être grand clerc pour y voir clair, et ceux qui croient contrer Emmanuel Macron en votant pour Marine Le Pen, le comprendront à leur dépens, car ces sinistres pantins sont les deux faces d’une même pièce.
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