Beaucoup de bruit pour rien – l’Union Européenne est impuissante face à la Pologne

La procédure lancée par l’Union Européenne contre la Pologne suite aux attaques du gouvernement néo-nationaliste polonais contre la liberté de la presse et la Cour Constitutionnelle, n’a aucune chance d’aboutir.

La chef du gouvernement polonais Beata Szydlo se fait un plaisir de désavouer la Commission Européenne. Foto: Platforma Obywatelska RP, Polskalo / Wikimedia Commons / CC-SA 2.0

(KL) – Faudra-t-il désinscrire la démocratie de la liste des «valeurs européennes» ? Force est de constater que l’Union Européenne n’a aucune chance de faire revenir la Pologne à la raison, après que le gouvernement néo-nationaliste à Varsovie ait dramatiquement limité la liberté de la presse, après avoir déjà rendu le travail de la Cour Constitutionnelle quasiment impossible. La procédure que l’UE a lancé mercredi contre la Pologne, basée sur l’article 7 des Traités Européens permettant de vérifier si un état-membre viole les principes démocratiques de l’Europe, a déjà échouée avant même de commencer. Ce qui suivra, relève de la «communication politique» sachant qu’aucune mesure ne sera prise contre la Pologne. Est-ce qu’on a entendu ricaner à l’est de l’Europe ?

Déjà en théorie, cette procédure est lourde. D’abord, il faut que la Commission Européenne constate des «signes claires pour une menace du système» contre l’état de droit que tout état-membre de l’UE est censé être. Si de tels «signes» peuvent être constatés, les institutions européennes peuvent demander au gouvernement polonais d’initier des changements. Si de tels changements ne sont pas mis en œuvre, l’UE peut décider de sanctions contre l’état en question. Mais la Commission n’arrivera pas à ce troisième stade de la procédure, elle n’arrivera même pas au deuxième palier. Car pour que des «signes» soient officiellement constaté, il faut que les autres états-membres soient unanimes pour ce constat – ce qui ne sera pas le cas. La Hongrie a déjà annoncé ne pas vouloir s’exprimer contre la Pologne et on peut parier que la Slovaquie et la République Tchèque adopteront la même attitude. Sachant que la procédure n’a donc aucune chance d’aboutir, on pourrait la stopper dès maintenant.

On apprécie aussi le rôle désemparé du président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker qui lui, n’a qu’un objectif – éviter les litiges entre les états-membres, au point de fermer les yeux devant des attaques sur les principes mêmes de la démocratie en Pologne. Tandis qu’il a lancé cette procédure, la chef du gouvernement polonais Beata Szydlo s’est fait plaisir en déclarant à la presse que Juncker lui avait assuré, dans le cadre d’un entretien téléphonique, qu’il ne s’agissait que d’une «procédure de routine» et que la Pologne n’avait aucune conséquence à craindre. Tout le monde sait donc que cette procédure n’a aucune chance d’aboutir – pourquoi la poursuivre, alors ? Pour pouvoir dire aux européens qu’on a tout essayé ? Pensent-ils vraiment que les européens soient dupes à ce point ?

L’Union Européenne est donc arrivé au point où elle n’a aucun moyen pour éviter des attaques sur les principes de base d’une démocratie dans un de ses états-membre. Le principe de l’unanimité est devenu le plus grand frein à un travail efficace des institutions européennes, car il est tout simplement impossible d’arriver à des positions communes lorsque 28 pays sont concernés. L’impuissance européenne face au déclin démocratique en Pologne, face à la position cynique vis-à-vis des réfugiés qu’adoptent la Hongrie, la Slovaquie et la République Tchèque, face à l’absence d’une politique étrangère, sociale, fiscale, de défense commune, le dossier de la Pologne ne fait que raviver le débat quant à la raison d’être de l’Union Européenne. Et semaine après semaine, il devient plus difficile de trouver des réponses valables à donner…

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