Belarus : libération immédiate de Maria Kalesnikava !

Etrangetés et obscurités du périple vers l'Ukraine

Maria à Kiev le 29 août Foto: MKUnkn;/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Maria Kalesnikava semble localisée, depuis hier soir : elle se trouverait près de Mazyr, à la frontière ukrainienne. On l’espère en bonne condition et dans la possibilité de revenir à Minsk après une nuit mouvementée. A-t-elle voulu se rendre en Ukraine ? Non, sans doute. Mais des incertitudes et des interrogations subsistent sur les événements de cette nuit et de cette journée.

Hier matin, on s’en souvient, celle qui est devenue sans doute la principale personnalité du mouvement d’opposition au dictateur Loukachenka s’est fait enlever un peu après 10 heures en plein centre de la capitale bélarusse. Elle avait ensuite disparu : plus de réponse au téléphone, plus aucune trace.

Deux autres proches du petit Conseil de Coordination de l’opposition (qui comprend sept membres), Anton Radnyankou et Ivan Kravtsou, sont allés à sa recherche. Sans entrer trop dans les détails : arrivés à l’entrée d’un bâtiment officiel, ils ont été à leur tour emmenés. A l’un d’entre eux, on a passé des menottes et un sac noir sur la tête. Tous deux ont été détenus dans des locaux de police de Minsk : l’un a attendu en silence durant 4 heures, sac noir sur les yeux, l’autre a été interrogé. Tout cela et la suite, ils l’ont expliqué lors d’une conférence de presse à Kyiv, la capitale de l’Ukraine, où ils se trouvent actuellement.

Les policiers ont proposé au second d’utiliser sa voiture personnelle pour se rendre en Ukraine avec Maria Kalesnikava et son ami. Pour que le régime soit enfin débarrassé d’eux, bien évidemment. Ce qu’il est difficile de comprendre, c’est pourquoi Ivan Kravtsou a accepté ; il ne l’a d’ailleurs pas clairement expliqué aux journalistes réunis hier soir à Kyiv. parlant de « détendre l’atmosphère » – mais s’agit-il de la pseudo-motivation exprimée par les barbouzes bélarusses, ou bien de la sienne ? En tout cas, Maria avait expressément déclaré, voici seulement quelques jours, qu’elle ne quitterait jamais le Bélarus de son plein gré. Une position confirmée avant-hier par son père.

Ensuite, les deux amis racontent qu’ils ont été emmenés vers la frontière ukrainienne dans deux minibus. Et selon eux, ce ne serait que dans le no man’s land de quelques kilomètres qui sépare les deux frontières qu’on a rendu à Ivan sa voiture personnelle, qu’on y a placé Maria et Anton Radnyankou pour qu’ils rejoignent ainsi Kyiv. Ici, la motivation est plus claire : il s’agissait de faire croire que les trois opposants fuyaient vers l’Ukraine et ainsi, les décrédibiliser. Mais d’où surgissait la voiture ? Qui est ce ON qui, il faut bien le supposer sans doute, l’a conduite jusque là ?

Mais selon leurs dires, Maria est sorti brusquement de la voiture et a réduit son passeport en miettes, afin de ne pas être en mesure d’entrer dans le pays voisin ! Impressionnant, mais conforme au caractère de cette flûtiste au fort tempérament. Et la voilà donc détenue, d’après la version commune aux policiers, aux douaniers et aux opposants, près du poste frontière, à Mazyr.

Voici donc les grandes lignes de ce que l’on sait de ce qui s’est passé depuis hier matin. Et qui reste très incertain et en partie problématique. Nous en saurons plus aujourd’hui, sans aucun doute.

En tout cas, il faut absolument réclamer la libération immédiate et inconditionnelle de Maria Kalesnikava. Les journalistes, les organisations internationales et humanitaires doivent faire entendre leurs voix très fort pour que Maria soit libéré le plus vite possible. Et avec elle ou après elle, l’ensemble des prisonniers politique bélarusses, qui se chiffrent par centaines !

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