Belarus : Sviatlana est prête

La candidate éjectée prête à diriger les opérations

" Ensemble ! " Foto: Tut.by/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – La candidate poussée à l’exil, Sviatlana Tsikhanouskaia, a déclaré hier matin dans une vidéo de 6 minutes qu’elle était prête : prête à jouer le rôle de « leader national », en vue de nouvelles élections et de manière provisoire. Et cela sur fond de grève des grandes entreprises nationales, socle du régime post-soviétique de Loukachenka. Et après le discours du dictateur, dimanche, où il réitère son refus de revenir sur les résultats des élections…

Huit heures, hier matin. Sviatlana Tsikhanouskaia publie une vidéo.Elle se trouve en lieu sûr à Vilnius depuis les 10 août et sa « conversation » avec la Commission électorale. Ses enfants se trouvaient depuis plusieurs mois en Lituanie, à la suite de menaces à peine voilées contre leur intégrité physique. Son mari, lui, se trouve en prison en Belarus. Il était candidat aux élections, il y a de cela longtemps déjà. Le Cafard, comme on appelle Loukachenka là-bas, sentait en lui un dangereux concurrent ; il l’a donc fait condamner sur des accusations complètement controuvées, ce qui est facile quand la justice est à votre botte.

Son épouse Sviatlana a donc pris sa place. Superbe occasion à ne pas rater, ce trio de femmes qui s’est formé alors, issu de la société civile, dans un contexte défavorable pour le dictateur (notamment grâce à sa non-gestion de la Crise COVID). Mais l’une des trois est partie pour la Russie, Tsikhanouskaia pour la Lituanie. Cela nuira un peu à son image, incontestablement, en cas d’élections renouvelées. Actuellement, l’incertitude persiste d’ailleurs quant aux possibles résultats de tels scrutins : après le vote du 9 août, on estimait (sondages de l’Académie des Sciences) que Loukachenka a dû ramasser au plus 60% des voix ; aujourd’hui, on entend dire que si élections il y a demain, il n’obtiendra que 3% des suffrages… Assez peu crédible. On peut supposer pourtant que sa concurrente l’emportera. Espoirs…

Dans sa vidéo de ce matin, Tsikhanouskaia déclare qu’elle est prête à assumer un rôle de dirigeant national, afin que le calme revienne dans le pays et qu’il revienne à un rythme normal. « Je pleure avec tous les autres quand des personnes sont arrêtées et enfermées lors des manifestations », a-t-elle ajouté. « Je ne me suis pas fait d’illusions quant à une carrière politique ; je ne voulais pas devenir un personnage politique. Mais le destin en a décidé : je me suis retrouvé en première ligne de la confrontation avec l’arbitraire et l’injustice.

” Le destin et vous, qui avez cru en moi, qui m’avez donné la force. Aujourd’hui, à chaque instant, j’admire votre courage, votre capacité à vous organiser vous mêmes, votre force et votre discernement. Il est devenu tout à fait clair pour le monde entier que les Bélarusses sont des personnes capables de s’organiser, de prendre les bonnes décisions, de se défendre et de défendre leurs proches. Mais le plus important, c’est que nous l’avons réalisé nous mêmes. Il est impossible de perdre cette énergie créatrice, ces changements positifs dans la société, notre détermination, avec laquelle nous changerons notre pays.

«  Vous m’avez donné vos voix,et je l’apprécie vraiment.Je sais absolument pourquoi vous l’avez fait.Nous voulons tous sortir de ce cercle sans fin dans lequel nous nous sommes enfermés il ya 26 ans. Je suis prête à prendre mes responsabilités (…) pour que la pays se calme, entre dans un rythme normal, pour que nous libérions tous les prisonniers politiques et préparions dès que possible le cadre législatif et les conditions d’organisation d’une nouvelle élection présidentielle.

« Je comprends », a-t-elle poursuivi, « que le plus important, c’est l’indépendance du Bélarus. Elle est une constante qui ne peut être perdue en aucune circonstance. A chaque instant, mon cœur se gonflait d’amour et de fierté quand j’apprenais que dans de nombreux bureaux de vote, les commissions comptaient honnêtement les bulletins, passant outre la pression des autorités ; et quand les policiers déployaient leurs boucliers aux pieds des simples Bélarusses pacifiques. Ces actions resteront dans l’histoire. Elles sont devenus un signe des temps. Les temps de la Libération. »

Sviatlana Tsikhanouskaia s’adresse ensuite aux forces de sécurité :

« Les Bélarusses n’acceptent pas la violence ; ils sont généreux et justes. Si vous refusez d’exécuter les ordres criminels et décidez de vous placer aux côtés du peuple, il vous pardonnera et vous soutiendra.(…) Après tout, nous sommes un tout, que quelqu’un veut diviser.(…) Nous n’avons pas le droit de nous combattre les uns les autres.(…) Nous sommes un, et vous devez savoir que nous vous accepterons toujours si vos pensées sont pures et votre repentir sincère. »

La suite aujourd’hui. Avec des réactions toujours attendues de Vladimir Poutine. Des réactions plus claires et plus décisives…

 

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