Benitagla échappe au coronavirus

En Andalousie, le petit village montagnard de Benitagla, a jusqu’ici totalement échappé à la pandémie de Covid-19.

Petit village au cœur de la Sierra de los Filabres, Benitagla n’est pas pour autant isolé du monde. Foto: Ange Garrido Garrido / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Comme le rapportait le quotidien La Vanguardia, aucun des 58 habitants du village de Benitagla n’a jusqu’ici été touché par le Covid-19. C’est la seule commune d’Andalousie qui peut se dire « libre del coronavirus ». Son « alcalde » (maire) Juan Padilla reconnaît que c’est une grande chance, dont le mérite revient à tous les habitants qui ont suivi scrupuleusement les mesures d’hygiène, comme le confirme María Navarro du Centro Guadalinfo Benitagla.

Au cœur de la Sierra de los Filabres, Benitagla fait figure de village gaulois. Mais il ne vit pas en autarcie, car sans commerce installé, il est approvisionné régulièrement par des commerçants ambulants. Ce qui fait dire au journaliste que les habitants fonctionnent au « toque de pito », un coup de sifflet annonçant le passage d’un commerce itinérant, et non le sifflement d’un quelconque représentant de la loi.

Les Benitagleras et Benitagleros, vivant à une altitude de 950 m dans un climat méditerranéen montagnard, n’ont pas besoin de cela pour s’auto-discipliner. Fondé par les descendants des tribus berbères d’Al Andalus, d’où son nom traduisible en « fils de Taglab », ce petit village est mentionné dans un document officiel en 1782 par Francisco Javier Simonet, précisant que des localités andalouses conservent leur toponyme arabe, dont Banu Taglab qui deviendra l’actuelle Benitagla.

Lorsque les Maures en furent chassés par la Reconquista, le village était quasiment désert. La mosquée devint une église, 25 colons s’y installèrent en 1577, mais en 1593, il n’en restait que 3, ces derniers prenant soin des oliviers et amandiers. A la fin du XVIIIe siècle, la population était montée à 116 habitants, mais au milieu du XXe siècle, un fort exode rural provoqua de nombreux départs vers la côte, mais aussi vers Barcelone et la France.

L’âge moyen des habitants de ce village était supérieur à 60 ans en 2019, et l’activité subsistante reste l’agriculture. Mais la mairie possède néanmoins un site internet. La commune a même accueilli la réunion de la Commission de Coordination Provinciale du Gouvernement d’Andalousie. En matière de délocalisation de l’administration, c’est une bonne initiative, montrant aux habitants que chaque municipalité compte.

Dans les maisons traditionnelles, les murs sont épais de cinquante centimètres et fait de pierre, puis enduits de chaux. Les petites fenêtres ne laissent pas entrer la chaleur, et les toits sont couverts de tuiles courbées rouges, fabriquées à proximité. Un puits se trouve à distance des habitations et on peut y contempler un acacia centenaire. Le « Mirador de las Eras », place du village avec vue panoramique, servait autrefois d’aire de battage des céréales.

L’église actuelle, rénovée en 1995, est située sur l’emplacement de l’ancienne mosquée, dont le minaret a été transformé en clocher. En 2016, sa fête patronale, se déroulant au mois d’août, a fait l’objet d’une vidéo qui en 25 minutes, permet de découvrir ce village aujourd’hui « libre del coronavirus ». En septembre, le pèlerinage de la Virgen de la Cabeza, réunit les habitants de 14 villages de la Sierra de los Filabres. Ce qui créé une certaine animation, dans ce « pueblo » au final pas si isolé que cela…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste