Berlin : Angela Merkel s’exprime avant les vacances

Lors de sa traditionnelle conférence de presse avant les vacances, la chancelière a fait le tour des dossiers brûlants. En affichant une grande diplomatie envers la France.

Lors de sa conférence de presse, Angela Merkel s'est montrée contente de son bilan. Foto: © CDU Deutschland / Dominik Butzmann

(KL) – «Est-ce que vous considérez que la France soit actuellement le mauvais élève en Europe [«Sorgenkind»] et que pensez vous des exportations françaises d’armes vers la Russie ?», a demandé un confrère lors de la conférence de presse d’Angela Merkel. Réponse : «La France a lancé son agenda des réformes et doit maintenant faire les prochains pas. Mais cela ne concerne pas que la France, nous aussi, en Allemagne, nous devons faire nos devoirs. En ce qui concerne les exportations d’armes, elles se situent dans un cadre légal et actuellement, il n’y a pas d’interdiction pour de telles exportations.» Comprendre : ces exportations dérangent au plus haut point à un moment où la responsabilité pour le conflit en Ukraine est imputée, en large partie, à la Russie. Mais la chancelière s’est également exprimée sur d’autres sujets.

Ukraine : La chancelière a indiqué que de nombreux éléments indiqueraient que les séparatistes pro-russes soient responsables du crash du vol MH17. Elle ne croit pas en l’argument que les séparatistes ne disposeraient pas des armes nécessaires pour une telle attaque. «Lorsque le Président ukrainien avait accepté un cessez-le-feu unilatéral, les séparatistes en ont profité pour occuper trois postes de frontière. La nuit, du matériel lourd en provenance de la Russie a été transporté par ces postes.» Pour calmer la situation, Angela Merkel demande à la Russie d’accepter à ce que des équipes de l’OECD puissent contrôler la frontière du côté russe. Et – «il faut continuer à parler avec Vladimir Poutine».

Israël / Palestine : «L’état d’Israël a le droit de se défendre. L’armement et le comportement de la Hamas a pris une toute nouvelle dimension et il faut comprendre qu’Israël se défend. L’Allemagne soutient l’initiative de paix égyptienne et même si la situation semble sans issue, il faut continuer à chercher des solutions par la négociation. A terme, seule une solution à deux états pourra résoudre le problème, même si cela demandera des compromis douloureux à tous les partis impliqués.»

Relations avec les Etats-Unis : «Les Etats-Unis sont et resteront le partenaire le plus important de l’Allemagne», a déclaré la Chancelière, réagissant à la question si l’Allemagne était encore un état souverain. «En ce qui concerne la question de la surveillance, nous avons des points de vue différents, et oui, je suis chancelière d’un état souverain. Pour ce qui est de la protection des données personnelles, nous devons continuer à discuter, tout en améliorant la coopération entre les services.» En même temps, Angela Merkel a catégoriquement rejeté l’idée d’accorder l’asile à Edward Snowden. «Les conditions pour lui accorder l’asile ne sont pas réunis.» Les Etats-Unis pourront donc, plus ou moins, agir comme ils agissent. Ce ne sera pas Angela Merkel qui les arrêtera.

Postes dans l’UE : Angela Merkel estime que c’est normal que le sommet de Bruxelles n’ait pas réussi à déterminer le nouveau «ministres des affaires européennes» ainsi que le Président du Conseil Européen. «Le timing est clair – les états-membres doivent soumettre à Jean-Claude Juncker les noms des nouveaux commissaires et ce, d’ici la fin du mois. Juncker préparera ensuite tout pour que nous puissions prendre les décisions nécessaires fin Août.»

Droit de péage pour les automobilistes étrangers : «Pendant la campagne électrorale, vous aviez dit qu’il n’y aurait pas de droit de péage pour les voitures individuelles sous une chanclière Angela Merkel», lui a rappelé un confrère. Mais Angela Merkel a tellement l’habitude de faire des grands écarts qu’elle a trouvé aussi une réponse : «En effet, j’ai promis que les automobilistes allemands ne devraient pas payer plus», a-t-elle dit, tout en oubliant que la citation venait effectivement de sa bouche, «nous sommes en train de discuter avec l’UE pour nous assurer que nos plans soient conformes avec le droit européen. Toutefois, je ne vois pas en quoi cela pourrait affecter la cohésion européenne.» Il faut croire que les doléances provenant de toutes les régions frontalières allemandes n’ont pas été entendues à Berlin. La chancelière semble donc déterminée à introduire ce «droit d’entrée» en Allemagne, ce qui constitue une vraie atteinte à l’esprit européen de Schengen.

La chancelière a également parlé du bilan de la Grande Coalition après les premiers sept mois et, on pouvait s’y attendre, elle est très contente du travail de son gouvernement. Loi sur les énergies renouvelables, paquet retraites, salaire minimum, investissements dans le secteur de la formation, engagement allemand dans les dossiers internationaux – Angela Merkel en est fière, tout en oubliant que la plupart de ces dossiers ont été portés par ses collègues de coalition du SPD.

A la fin, un journaliste voulait savoir si, face aux crises actuelles, Angela Merkel allait passer des vacances paisibles. Réponse très allemande : «Soyez assuré que la chancelière allemande est toujours en service. Même pendant ses vacances.»

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