Berlin : Habemus bourgmestre-dirigeant !

Hier, le parlement de la ville-état de Berlin a élu son nouveau bourgmestre-dirigeant, l'équivalent d'un ministre-président d'un Land. C'est ainsi que se termine une élection des plus chaotiques qui aura duré un an et demi...

Hier, Kai Wegner prêtait serment comme nouveaux bourgmestre-dirigeant de Berlin. Mais avait-il bien réfléchi ? Foto: Sandro Halank / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – En Septembre 2021, l’Allemagne votait pour son nouveau parlement et gouvernement. Le même jour, la ville-état de Berlin essayait d’organiser en parallèle, aussi les élections régionales. Mais ce scrutin était marqué par une série de couacs qu’après une longue bataille juridique, la Cour Constitutionnelle avait ordonné de rappeler les Berlinois aux urnes pour un nouvel essai du scrutin régional. Celui-ci avait lieu au mois de Février dernier, mais les résultats étaient tellement serrés que les négociations en vue d’une coalition gouvernementale étaient compliquées. Pendant que les partis négociaient, on trouvait dans les bureaux de vote, à plusieurs reprises, des paquets de bulletins de vote non comptés qui, un moment donné, risquaient même de changer les résultats. Hier, la diète de la ville-état a donc élu Kai Wegner (CDU) comme nouveau bourgmestre-dirigeant, mais Berlin est et restera Berlin – cette élection ne pouvait pas non plus se dérouler comme une autre.

Après de longues discussions, la coalition sortante SPD-Verts-Linke s’était séparé, malgré le fait qu’elle disposait toujours d’une courte majorité au parlement (et qu’elle aurait pu rester au pouvoir), et le SPD s’est mis à négocier avec son concurrent, la CDU, parti le plus fort au mois de février. La cheffe du SPD berlinois Franziska Giffey cédait, le cœur léger, son poste de bourgmestre-dirigeant au candidat CDU Kai Wegner, moyennant un poste de sénatrice (ministre) de l’économie, évitant ainsi la fin de sa carrière politique, mais malgré la nouvelle majorité SPD-CDU, il fallait trois tours de vote pour que Kai Wegner fut finalement élu. Déjà entre les tours, on cherchait les « dissidents », qui pouvaient autant se trouver dans les rangs du SPD (dont une très courte majorité des adhérents avait avalisé la coalition avec la CDU), que parmi les élus de la CDU (dont certains n’apprécient pas non plus l’idée de travailler avec le SPD).

Pour être élu, Kai Wegner avait besoin de 80 votes. Le doigt dans le nez, pensaient CDU et SPD qui comptent ensemble 86 élus au parlement berlinois. Premier tour. 70 votes pour Kai Wegner. Comprendre : 16 membres de cette coalition CDU-SPD n’avaient PAS voté pour leur candidat. Un désaveu. Deuxième tour. 79 votes. Même après des appels à la discipline du groupe, il restaient 7 « dissidents ». Troisième tour. 86 votes. Mais les votes de qui ? De l’extrême-droite AfD dont personne ne veut les voix ? L’AfD, elle, sème le doute. « Peut-être la moitié de notre groupe a voté pour Wegner », dit un élu AfD. Des Verts ou de la Linke ? Impensable. Ou est-ce que les deux groupes CDU et SPD avaient fini par voter unanimement pour Kai Wegner ? On ne le saura jamais. Kai Wegner non plus. Difficile de commencer son poste de manière aussi peu prometteuse.

Le nouveau bourgmestre-dirigeant risque de regretter son serment. Car il ne se pose pas la question si le parlement a confiance en son bourgmestre-dirigeant, mais Kai Wegner doit se poser la question s’il peut faire confiance à sa propre coalition gouvernementale qui hier, l’a déjà trahi au moins deux fois, avant même qu’il soit élu.

Pour l’état-ville de Berlin avec ses innombrables problèmes, le début de l’ère Kai Wegner n’aurait pas pu être pire. Il est clair que pour chaque projet, pour chaque décision politique, le nouveau bourgmestre-dirigeant devra trembler si sa coalition tient. Le passage d’une crise politique vers une crise de confiance était rapide. Et Berlin risque de rester quasiment ingouvernable. A suivre…

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