Bibliothèques Idéales

Un programme dense et de très haute qualité ! Foto: Bibliothèques Idéales / Ville de Strasbourg

(Marc Chaudeur) – Plus de 150 acteurs culturels invités, plus de 100 manifestations (rencontres, lectures, concerts et projections : l’un des meilleurs moments de l’année arrive très bientôt au cœur de ce mois de septembre redouté, mais riche en belles surprises ensoleillées. C’est cette Messe strasbourgeoise du Livre que sont les Bibliothèques Idéales. François Wolfermann met là en place, depuis plusieurs années, une superbe marqueterie littéraire et commerciale.

Des dizaines d’écrivains, de bande-dessinateurs, de chanteurs, de musiciens, de comédiens… Et cela pendant dix jours, du 5 au 15 septembre. Des rencontres auxquelles s’ajoutent, dans les médiathèques de Strasbourg, des lectures et des ateliers d’écriture – à ne pas manquer, notamment, pour vos enfants : l’atelier de l’admirable Sylvie de Mathuisieulx. Et à manquer encore moins : un Après-midi franco-allemand auquel participeront parmi d’autres Anne Weber, Cécile Wajsbrot et Christine de Mazières. Pour le programme complet, il suffit de cliquer sur CE LIEN !

L’enthousiasme nous a fait nous précipiter dans l’énumération des participants. Et cependant, il n’y a pas dans les Bibliothèques de fil directeur. Cette Messe repose plutôt sur une sélection opérée au sein de la foire d’empoigne de la production littéraire de l’année en France. C’est ainsi que les stars télévisuelles de la littérature côtoient les meilleurs auteurs – qui se trouvent n’être pas les mêmes. Pour la philosophie, on aura le publiciste Michel Onfray, sur lequel nous reviendrons dans Eurojournalist, tant son émergence dans les médias de masse est significatif, et puis l’excellent Dorian Astor, et les sympathiques Raphaël Enthoven et Adèle van Reeth.

Dans le domaine de la littérature, c’est infiniment plus passionnant. On nous offre une palette extraordinaire. Laurent Gaudé, Thomas Piketty, Brest Easton Ellis, et puis le fantôme si présent de Proust ; et la sociologue israélienne Eva Illouz avec son message si pertinent sur le bonheur, qu’on trouve d’ailleurs en partie dans Aristote, déjà. Et Christian Bobin, pour respirer dans la touffeur post-post-moderne. A ne point manquer, surtout : Alfa Kaba et Sana Yazbek, rescapés l’un de l’enfer libyen, l’autre de la révolution et de la répression syrienne. Et, ultime amande sur le kugelhopf : Jean-Pierre Dupuy s’interrogera sur la physique contemporaine, et l’excellent Christian Naudin l’accompagnera d’une lecture des physiciens de Friedrich Dürrenmatt.

Passionnant aussi : la conjonction de 3 grands auteurs, Laurent Binet, Abdourahman A.Waberi et Ruby Namdar, en vue de répondre à la question éminemment leibnizienne : « Ce qui a été aurait-il pu ne pas être ? »  Aah, le nez fripon de Cléopâtre pointe à nouveau… Ce qui intéresse surtout, c’est qu’on commence à deviner une mode de l’uchronie, cette utopie projetée dans le passé : signe indubitable d’un refuge dans l’imaginaire, du à de l’insatisfaction et de l’angoisse et à l’insatisfaction que produit une actualité hideuse et indigne. Nous n’avons fait là que piocher quelques grains de raisin particulièrement savoureux. Il y en a cent autres. En ce qui concerne la chanson, par exemple, on pourra admirer la tchatcheuse sincérité d’Abd Al Malik le Strasbourgeois et de solides évocations de l’immense Jacques Brel et du grand Charles Aznavour.

En somme, comme chaque année désormais, une belle et longue partie de plaisir s’annonce, qui rendra plus moelleuse, une fois de plus, notre rentrée et notre rentrée dans l’automne strasbourgeois.

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