Bienvenue dans la « bulle à écho »

Evolution, révolution ou régression ? Foto: Aleeexfernandez / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL/AK) Depuis le changement de l’algorithme de Facebook, les contenus affichés et proposés deviennent de plus en plus insipides. Dans le fil d’actualité, on ne trouve plus que des posts qui reflètent plus ou moins nos propres opinions et goûts, pour que le temps passé sur le réseau soit le plus agréable possible. Pas de stress, peu de news, les mêmes publications qui reviennent sans cesse. Le tout est accompagné par des publicités censées correspondre parfaitement à nos attentes, quand bien même on n’attend rien. Et si Zuckerberg se trompait ?

Environ 2 milliards d’utilisateurs font de Facebook le réseau social le plus important du monde, dont les algorithmes inaugurent « l’ère cyber ». De plus en plus, ce sont les réseaux sociaux qui déterminent la vie des utilisateurs. Chaque clic, chaque page vue, chaque article lu, chaque photo postée, complètent le profil que le géant américain a créé pour chacun d’entre nous. Nous sommes encerclés.

Récemment, j’ai eu le malheur de cliquer par inadvertance sur une publicité pour une carte de crédit prépayée. Le temps de cliquer sur « retour », Facebook avait déjà enregistré mon présumé intérêt pour une telle carte, et les données correspondantes ont été exploitées instantanément. Quelques minutes plus tard, j’étais bombardé de publicités qui me proposaient toutes sortes de cartes de crédit. Selon le même principe, Facebook décide quels contenus et posts me sont proposés, toujours selon mes centres d’intérêts présumés.

Sachant que je m’exprime en faveur d’une fermeture de Fessenheim, Facebook me propose de nombreuses publications sur ce sujet et, au cas où je n’aurais pas tout lu la première fois, me les fait défiler à plusieurs reprises. En revanche, je ne vois plus les posts de ceux qui s’expriment en faveur du maintien de Fessenheim ; Facebook estime probablement que mon âme sensible ne doit pas être molestée par des opinions que je ne partage pas.

Ceci engendre ce que les experts appellent désormais la « bulle à écho » : les utilisateurs de Facebook se retrouvent confinés dans une sphère composée de personnes « amies » et de contenus que l’algorithme « pense » proches. Le reste disparaît, comme censuré. Les posts que l’on publie, font « écho » à ceux des amis qui partagent la même sensibilité. Cette fausse harmonie limite les discussions polémiques tout en rétrécissant le regard sur le monde. Et cela peut vite devenir ennuyeux.

Peut-être que Facebook se trompe cette fois-ci. En coupant court à la diversité des opinions, en « censurant » ce que nous voyons, le réseau perdra de son intérêt. C’est le moment pour la concurrence de se réveiller et de proposer des plateformes plus libres, plus ouvertes, moins commerciales. Ce ne serait pas une mauvaise chose…