BILD : L’Allemagne mobilise contre la Grèce

Avec cette action, la BILD-Zeitung tente de monter les Allemands contre le peuple grec. Une honte. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – «Non – plus de milliards pour les Grecs avides» a titré la BILD hier, tout en invitant ses lecteurs à prendre des «selfies» et de les envoyer à la rédaction. Cette image du «Grec avide» n’est non seulement totalement fausse, mais elle témoigne également d‘une ignorance parfaite de ce qui se passe de nos jours en Europe. A croire que cette action ait été concertée par la «Pegida».

Une telle diffamation d’un état partenaire européen provoque des questions. Pourquoi est-ce que BILD reprend ainsi les positions du ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble ? Ce dernier, parait-il, se trouve actuellement en croisade contre la «Syriza» et n‘hésite pas à employer des moyens questionnables pour discréditer le nouveau gouvernement grec. On pourrait avoir l’impression que Schäuble, en fin de sa carrière politique, veuille détruire l’UE pour éviter l’émergence d’un mouvement de la gauche qui se révolterait contre l’Europe corrompue de Bruxelles. Mais Schäuble n’entrera pas dans les livres d’histoire comme le sauveteur de l’Occident, si jamais son nom sera retenu par l’Histoire, ce sera en tant que incendiaire de la pire espèce. Il doit être content d’avoir trouvé un soutien à sa hauteur en la BILD-Zeitung.

Au risque de nous répéter – nous n’avons pas envoyé de l’argent dans la gueule de «Grecs avides», mais l’argent envoyé en Grèce n’a servi qu’à satisfaire la faim de banques allemandes et internationales avides qui, entre autres, ont financé des marchés d’armes superflus, obligeant l’ancien gouvernement conservateur grec d’acheter massivement des armes aux entreprises allemandes. Un peu plus de 2% de l’argent envoyé en Grèce est réellement arrivé dans les caisses grecques – le reste est allé aux banques pour que celles-ci puissent rembourser les banques allemandes et internationales. Des banques qui avaient parié sur le collapse de l’économie grecque et qui, ce faisant, ont gagné des fortunes. BILD aurait mieux fait de titrer : «Non – plus de milliards pour les banques corrompues».

Mais où est-ce que les Schäuble, Juncker et la BILD-Zeitung veulent en venir ? Est-ce que cette association malsaine vise vraiment la montée de forces ultranationalistes et en partie, néonazies en Europe ? Pourtant, il semble clair que si la «Syriza» devait échouer, cela profitera surtout à ces forces d’extrême-droite. Donc à ceux qui poursuivent des objectifs de haine, de violence et de division des peuples européens.

Heureusement, la Fédération des Journalistes Allemands (DJV) a pris la parole en condamnant fermement cette action de la BILD-Zeitung. La manipulation de ses lecteurs par la BILD prend des dimensions qui pourraient devenir dangereuses pour la démocratie, tout comme cette politique sans merci de Wolfgang Schäuble qui lui, donne l‘impression de vouloir se venger pour son triste sort personnel. Toujours est-il que le DJV a demandé à la BILD de stopper immédiatement cette campagne.

Si nous n’arrivons pas à changer le cours des choses, l’Europe sera vouée à l’échec. La faute aux europolitiques qui n’arrivent pas à se décider de maitriser ce monstre qui est le monde de la finance. Ce ne sont pas «les Grecs» qui sont avides, mais les banques qui spéculent et des politiques au comportement corrompu.

Et nous ? Electeurs et électrices ? Nous continuons à suivre ces politiques comme des lemmings et nous ne comprenons toujours pas que les peuples européens se fassent actuellement exsanguer. Reste à espérer que le peuple grec comprenne que les Allemands, dans leur majorité, soient aussi des victimes d’une propagande violente et qu’ils ne savent pas ce qu’ils disent. Au fond, on ne peut demander que le pardon au peuple grec. Tout en espérant que des médias comme BILD ne soient plus lus un jour et que des politiques comme Schäuble soient chassés du monde politique. On peut toujours rêver….

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste