BlackRock : bientôt, les pinsons vont chanter

Des billets verts au bec

Du travail sur le BlackRock Foto: Nirajan pant/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Larry Fink, le dirigeant du plus grand groupe financier mondial, BlackRock, vient de publier sa Lettre annuelle aux actionnaires de son groupe. He made a dream : que les investisseurs dont il s’occupe (comme gestionnaire d’actifs) placent leurs fonds, une fois la crise du COVID-19 surmontée, dans le développement durable. Et que le marché, qui ne sera de toute manière plus ce qu’il était en février 2020, évolue en ce sens. Alors, une nouvelle société écologique nous attend, grâce aux milliers de dollars injectés ? Ou bien plutôt la continuation sur sa lancée de ce capitalisme verdissant que nous avons pu voir sévir avant la pandémie ?

BlackRock, c’est ce géant de la finance états-unien fondé en 1988, qui pratique la gestion d’actifs et qui en 2018, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 14 milliards de dollars. En 2018, BlackRock gérait… 6840 milliards de dollars, et en 2019, 7400 milliards de dollars, c’est-à-dire 6700 milliards d’euros… BlackRock, c’est l’un de maîtres du monde, dans notre début de vingt-et-unième siècle. Y appartiennent de facto : Emmanuel Macron, et celui qui menaçait de diriger l’Allemagne si les Allemands n’étaient pas été sages, Friedrich Merz, avant que ne se déclare le vilain virus aux dents crochues. BlackRock mène le monde. Mais jusqu’à quand ?

La Lettre de Larry Fink, quel drôle de hasard, arrive dans les boîtes à lettres, notamment dans celle d’Emmanuel Macron, deux jours après la décision du gouvernement allemand de créer un Fonds de stabilisation économique de 100 milliards d’euros. Menace pour le marché libre ? Cette intervention étatique en effet est une mesure exceptionnelle, plus forte encore que lors de la crise de 2008. Ce type de décision, nous le verrons fleurir dans tous les pays d’Europe et dans une partie du reste du monde. En Allemagne en tout cas, ce Fonds servira des crédits, des garanties,de sauvetages de faillites ; au moins aux entreprises de 250 employés minimum, et selon les textes officiels, d’ « importance majeure pour la société », et celles qui sont à même d’assurer « la souveraineté technologique » (laquelle, au fait ? Celle de l’Allemagne, ou bien celle de l’Europe ?), le maintien des« infrastructures nécessaires » et la bonne progression du« marché du travail ».

L’État sera donc présent, et bien présent, dans l’aide aux entreprises. Comme il ne l’a pas été depuis bien longtemps. Alors, l’économie de marché est-elle menacée par ce vilain virus bolchévik au surin entre les dents ? C’est bien ce que semble craindre Larry Fink ; c’est au moins ce qu’on peut lire entre les lignes, et savourer dans la tonalité de sa bafouille. Le financier américain prévoit des conséquences radicales sur sur l’économie et la société même. Non seulement le COVID-19 exerce « une forte pression sur les marchés et sur la croissance à court terme », mais il entraînera aussi une « réévaluation de nombreux aspects de l’économie mondiale ».

Une réévaluation ? Fink est à la fois grandiloquent et lucide : « Quand nous aurons surmonté la crise, le monde ne sera plus le même, la psychologie des investisseurs aura changé. Le commerce aussi aura changé. » Le dirigeant de BlackRock pratique le wishful thinking lyrique : “A tous les investisseurs qui ne regardent pas le sol vacillant sous leurs pieds, mais fixent l’horizon devant eux s’ouvrent d’immenses possibilités”. D’après Fink, la crise actuelle sera un catalyseur pour des propositions qui respecteront l’environnement et la « gestion sociale » des entreprises. Il affirme que le temps sera venu des investissements dans le développement durable.

Au fond, on ne peut être plus clair. Et que l’avenir soit fait du verdissement  accéléré du capitalisme libéral, comme celui qu’on pouvait observer et vivre avant la crise de COVID-19, ou bien d’un accompagnement étatique énergique et conséquent de la catastrophe dont ce capitalisme aux mains vertes se trouve largement à l’origine… et de changements réels, structurels et conséquents, cela dépend largement de nous, dès à présent.

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