Bolton limogé

Quelle excellente nouvelle !

Et hop, un clown sinistre en moins ! Foto: Gage Skidmore/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Le conseiller le plus agressif et le plus dangereux du Président américain a été expulsé d’un auguste coup de pied trumpien aux muscles fessiers. Les désaccords entre le Président et Bolton s’étalaient depuis plusieurs mois : sur la Corée du Nord, sur l’Iran, sur tous les points brûlants des relations internationales. Cette éjection ne suscite-t-il pas quelque espoir ? Eh bien si !

Bolton est un « faucon », un va-t-en-guerre. Trump lui même a estimé à plusieurs reprises que c’est lui qui devait modérer Bolton… Né en 1948 à Baltimore, issu d’une famille baptiste, cet avocat diplômé de Yale ne partage nullement l’option pacifiste de nombre de ses coreligionnaires. Elevé dans un collège militaire du Maryland, il signe en 1966 avec ses petits camarades un éditorial du journal de son école titré No Peace in Viet Nam ! Farouchement anti-communiste, il appelle au héroïsme de la jeunesse américaine… et se réfugie dans la Garde nationale américaine pour éviter d’avoir à se battre dans le vert pays de l’Oncle Ho ! Un tel procédé situe bien le personnage, maître des discours enflés et enflammés et souverain dans l’art de l’esquive cauteleuse et vipérine.

Entre 1981 et 1983, il fait partie de l’administration républicaine aux côtés de Ronald Reagan, le cow boy suprême. Bolton s’y distingue en demandant que les Etats-Unis quittent l’UNESCO, et par son soutien au sionisme agressif. Sous George Bush, entre 1989 à 1993, chargé des relations du gouvernement avec les organisations internationales au sein du Département d’État, il défend ce qu’on pourrait appeler un isolationnisme intéressé, égocentrique et anti-humanitaire : il s’oppose sans cesse au rôle de « gardien de la Paix » des Etats-Unis dans le monde. En 1998 pourtant, sans doute pour emberlificoter le gouvernement démocrate dans une sale histoire pas encore réglée aujourd’hui, Bolton réclame à Clinton l’intervention en Irak et le renversement de Saddam Hussein.

Belliciste, il adopte au moins depuis 2001, date où il investit le poste de Secrétaire d’État aux questions de désarmement (!) sous George Bush, une ligne dure – et très dangereuse par une étonnante absence de discernement – sur la Corée du Nord et l’Iran. Deux dossiers très différents, mais qu’il tend à confondre dans une même mayonnaise doodle dixie. Un peu plus tard, en 2002, Bolton empêche la mise en œuvre du protocole de vérification des armes biologiques, et la même année, annonce le retrait des Etats-Unis de la Cour Pénale Internationale…

George Bush le nomme ensuite… ambassadeur américain à l’ONU ! Mais à juste titre, le Sénat bloque cette nomination.

Conseiller à la Sécurité nationale de Trump depuis mars 2018, John Bolton adopte une ligne dure, très dure, plus dure que celle de Trump lui-même, ce que le président américain constate avec un certain étonnement. Il s’élève sans cesse contre l’Accord de Vienne de 2015 sur le nucléaire iranien, qui pourtant représente une étape majeure sur le chemin d’une possible paix avec l’État théocratique… et avec le peuple iranien. Mais Bolton désire la guerre, et non la paix ! Il considère que le renversement du régime iranien pourrait permettre d’installer un gouvernement « démocratique ». Il semble ainsi oublier d’examiner les leçons d’une foule de tentatives américaines de ce type, notamment dans les pays du Moyen-Orient…

Dans sa pratique même, il était devenu de plus en plus évident qu’en vue d’exercer une pression sur le Boss Trump, Bolton laissait filtrer certaines informations confidentielles sur ses intentions ; et que le Conseil de Sécurité nationale tendait à devenir une sorte de tour d’ivoire, qui prenait de plus en plus de latitude face au Pentagone et au département d’Etat. Dangereux, tout cela.

Donald Trump n’est pas de cet avis là. Il y a fort à parier, si du moins il nous reste un soupçon d’optimisme, que le Président américain, qui commence aussi à bénéficier d’une certaine expérience, subira désormais des influences moins aventureuses et moins dangereuses. Un changement majeur dans la politique américaine, cet hiver ?

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