Bons migrants, mauvais migrants

Le Conseils des Résidents Étrangers de Strasbourg s’insurge contre la circulaire ministérielle du 12 décembre 2017 qui vise à « faire le tri » des étrangers dans les centres d’hébergement d’urgence.

Distinguer entre "bons" et "'mauvais" migrants est indigne d'un état qui se veut civilisé. Foto: Christian Michelidis / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le « Conseil des Résidents Étrangers de Strasbourg » (CRE) a demandé, dans une lettre ouverte, la suspension de la circulaire du 12 décembre 2017 « relative à l’examen des situations administratives dans l’hébergement d’urgence », qui institue une vérification du statut des personnes hébergées. Celles dont les papiers ne seraient pas en règle pourraient se voir confrontées à des conséquences dramatiques : refus d’aide, arrestation, expulsion. La demande d’annulation de cette circulaire est portée par de nombreuses ONG et associations qui voudraient que la France reste (ou redevienne ?) un modèle en matière de respect des Droits de l’Homme.

La personne qui se trouve sans logement en hiver (d’ailleurs aussi en été !), est un être humain dans le besoin. Point. La question de son statut légal et des raisons qui l’ont amenée dans cette situation est secondaire. N’est-ce pas un devoir de toute civilisation que d’aider son prochain ? Heureusement que dans l’étable de Bethlehem, personne n’a vérifié le statut légal de Marie, Joseph et du nouveau-né…

Une personne en situation de détresse est et restera un être humain ayant droit à un traitement digne et respectueux. Au moment où le monde vit la plus grande vague migratoire de son histoire, avec plus de 65 millions de personnes ayant dû prendre la fuite pour échapper aux guerres, conflits, catastrophes naturelles et crises diverses, il est inhumain d’organiser une distinction entre « bons » et « mauvais » migrants. La question de l’accueil est celle du devoir humain.

Pervertir les structures d’accueil en les transformant en une sorte de « filtre » pour migrants, en leur attribuant un rôle de « police auxiliaire » informant les autorités sur le statut légal des personnes cherchant abri et secours, cela ne peut en aucun cas constituer la réponse d’un État civilisé à cette situation de détresse.

Du moins, c’est l’avis du CRE, mais aussi des organisations suivantes : Fédération des acteurs de la solidarité, Cités du Secours catholique, Droit au logement, Petits Frères des pauvres, Aurore, Dom’asile, Emmaüs France, Emmaüs solidarité, France terre d’asile, Amicale du Nid, NAS, UNIOPPS, Cimade, Fédération Entraide protestante, FEHAP, Fondation Abbé Pierre, Fondation de l’Armée du Salut, Ligue des droits de l’Homme, CASP, Centre Primo Lévi, GISTI, Le Refuge, Secours catholique, Médecins du monde, Médecins sans frontières, Oppelia.

Rappelons que la loi française prévoit un « accueil inconditionnel en hébergement d’urgence […] au profit de toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale ».

La loi est prévue pour « toute personne », pas seulement pour celles dont les papiers sont en règle. La distinction entre « bons » et « mauvais » migrants apporte de l’eau au moulin des extrémistes xénophobes, qui ont commencé depuis un moment à mener des actions excluant les migrants non-européens et de croyance musulmane.

Tous les pays européens doivent gérer l’accueil de migrants. Mais dans cette situation, il convient de ne pas effacer les principes sacrés de l’aide au prochain et de l’hospitalité. La circulaire du 12 décembre 2017 constitue une attaque contre la solidarité dans la société et s’ajoute à la longue liste de défaillances de l’État dans l’accueil des migrants. Il convient de l’invalider immédiatement.

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