Boris Johnson suspend la démocratie britannique

Le Parlement britannique a été fermé par Boris Johnson jusqu’au 14 octobre. Pendant la phase décisive pour l’avenir de la Grande Bretagne, il ne veut pas être dérangé dans ses sinistres plans.

C'est ici que l'on devrait entendre les représentants du peuple britannique - mais tel un dictateur, Boris Johnson a suspendu la démocratie jusqu'au 14 octobre. Foto: UK Government / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Cela est unique dans la longue histoire de la Grande Bretagne – jamais avant un premier ministre n’avait perdu l’intégralité des votes qu’il avait initiés au parlement. Mais l’Histoire ne retiendra probablement pas le fait qu’il soit le plus grand loser dans l’histoire politique de la Grande Bretagne, mais plutôt ce qu’il suivra. Malgré le vote d’une loi, signée et validée par la Reine Elisabeth II, lui interdisant d’opérer le « no deal Brexit » et l’obligeant à demander une cinquième extension du délai du Brexit si, le 19 octobre, aucun accord n’est trouvé entre la Grande Bretagne et l’Union Européenne, il a annoncé dans la nuit du vote qu’il n’allait « en aucun cas » demander une telle extension à Bruxelles. Le 31 octobre, il veut sortir son pays de l’UE, « avec ou sans accord ». Donc, il veut faire exactement ce que le Parlement lui a interdit de faire par cette nouvelle loi. Et pour que le Parlement ne puisse pas le déranger dans ses préparations du « no deal Brexit », il l’a fermé – jusqu’au 14 octobre. La démocratie britannique s’en trouve paralysée. Les Britanniques le laisseront-ils faire, avec leur flegme légendaire, ou bien y aura-t-il au moins une tentative d’empêcher la destruction du Royaume Uni ?

Les résultats des derniers votes au « House of Commons » étaient prévisibles. Par un vote, la majorité au Parlement (comprendre : la coalition des partis dans l’opposition, la « majorité » au gouvernement ne disposant plus de la majorité des voix) oblige le gouvernement de rendre le rapport « Yellowhammer » public, ce rapport établi par le gouvernement et qui dessine les conséquences catastrophiques d’un « no deal Brexit ». De plus, par ce vote, le Parlement oblige le gouvernement de publier également les communications entre les membres du gouvernement – pour prouver que ce gouvernement ne travaille même plus sur un Brexit organisé, mais qu’il fait tout pour réaliser le « no deal Brexit » pour lequel ce gouvernement ne dispose d’aucun mandat.

Mais Boris Johnson se fiche autant des votes que des lois. Ainsi, il a déclaré que les communications entre les membres du gouvernement ne seraient pas rendues publiques ; et on verra bien s’il publiera le rapport « Yellowhammer » qui explique point par point comment la Grande Bretagne tombera dans une crise sans précédent suite à un « no deal Brexit ».

Il est surprenant qu’il y ait encore des Britanniques qui suivent le menteur notoire Boris Johnson. Pour l’instant, il n’a pas soumis une seule proposition concernant le « Backstop » qui est censé empêcher la reprise des hostilités en Irlande. Il ment à ses compatriotes en leur disant qu’il serait en train de négocier un nouveau deal avec l’Union Européenne – il n’y a pas de telles négociations. Et il est difficile d’imaginer que l’UE se mette à négocier avec un premier ministre fantasque qui vient de suspendre la démocratie britannique. Mais ce n’est pas à l’Union Européenne de régler le problème Johnson, c’est aux Britanniques de se débarrasser de cet homme qui est une honte, pas seulement pour le Parlement britannique, mais pour le Royaume Uni.

L’Union Européenne doit réfléchir – pourquoi devrait-elle accorder une 5e extension du délai du Brexit ? Aucune nouvelle idée n’est sur la table et on a l’impression que le gouvernement britannique s’occupe de tout, sauf de réfléchir à une solution au point clé du projet de traité – le « Backstop ». Même si l’Union Européenne prolongeait ce délai une nouvelle fois, que se passerait-t-il pendant ce temps ? Et on ne peut pas sérieusement négocier avec un gangster politique qui éteint la démocratie parlementaire parce qu’elle le dérange dans ses sinistres plans.

Si les Britanniques eux-mêmes ne sont pas en mesure ou ne voient pas la nécessité de stopper Boris Johnson dans sa mise en scène shakespearienne, ils subiront le « no deal Brexit » le 31 octobre. L’UE a fait preuve de bonne volonté et de souplesse en prolongeant le délai à quatre reprises. Mais il est inconcevable que des élus Britanniques traînent encore dans les institutions européennes, perçoivent de gros salaires et continuent à se moquer de l’Europe. N’importe le format des futures relations entre la Grande Bretagne en pleine décomposition et l’Union Européenne, elles seront tendues et la confiance n’est plus de mise. Et un jour, il faudra quand même que les Britanniques se posent la question comment il était possible qu’un Boris Johnson ait pu arriver dans une position dans laquelle il a pu désintégrer le Royaume Uni.

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