Bosch, l’avenir de la microéléctronique

La nouvelle usine de semi-conducteurs construite par le groupe Bosch à Dresde, pourra réduire la dépendance européenne des producteurs asiatiques et américains.

Le groupe Bosch a investi en Saxe pour une production européenne de semi-conducteurs. Foto: Clubbinman / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Lyacine Boulakhras) – Bosch n’a jamais fait un investissement aussi énorme au cours de ses 130 ans d’histoire. Le groupe allemand, dont le siège est situé près de Stuttgart (Bade-Wurtemberg), a dépensé près d’un milliard d’euros pour construire une usine de fabrication de puces électroniques à la pointe de la technologie à Dresde (Saxe). Cette « usine du futur » a été inaugurée, il y a quelques jours, en présence de la chancelière allemande Angela Merkel et avec le soutien des entreprises françaises. Le « Bundesministerium für Wirtschaft und Energie » (ministère allemand des affaires économiques) a fourni environ 140 millions d’euros de financement pour le projet.

La nouvelle usine est la première usine « intelligente » du groupe. Elle est entièrement automatisée et ses appareils sont tous interconnectés à l’aide de technologies 5G. Elle utilisera des plaquettes de silicium d’un diamètre de 300 mm pour fabriquer des semi-conducteurs d’une superficie de plus de 100 000 mètres carrés. Il est prévu de démarrer la production à grande échelle fin 2021 et le premier lot de puces sera lancé au milieu de 2022. Les clients de l’usine seront principalement l’industrie automobile et les industries émergentes très prometteuses d’Internet. Grâce à cet investissement, le groupe va pouvoir créer plus de 700 emplois.

Il s’agit d’un investissement important pour le Land de la Saxe, ainsi qu’un investissement important pour l’Allemagne, l’Europe et la France. « Dans le passé, le pétrole était l’élément vital de l’économie. Aujourd’hui, nous dépendons plus que jamais des semi-conducteurs », a déclaré la chancelière Angela Merkel. « Les puces sont de plus en plus petites, mais leur importance dans notre économie et dans presque tous les domaines de la vie ne cesse de croître. La microélectronique est le fondement de presque toutes les technologies du futur : l’intelligence artificielle, l’informatique quantique et même l’application des technologies autonomes et connectées. C’est l’expertise de Bosch. »

Par conséquent, la mise en service de la nouvelle usine contribuera à renforcer la production européenne dans les domaines clés des composants électroniques. En fait, l’Europe se rend compte qu’elle est trop dépendante de l’Asie et des États-Unis. Récemment, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche et le Royaume-Uni se sont ainsi alliés pour faire de la microélectronique, un important projet d’intérêt commun européen (PIIEC), comme il en existe dans la fabrication de batteries automobiles. L’un des principaux objectifs est d’accélérer le développement de la production européenne.

L’inauguration de l’usine de Dresde tombe donc à point nommé, d’autant plus que les pénuries de semi-conducteurs font rage depuis plusieurs mois dans le monde. De nombreuses entreprises industrielles sont désormais contraintes d’ajuster leur production pour réduire cette pénurie. C’est le cas de plusieurs constructeurs automobiles en Allemagne. La difficulté d’approvisionnement est due à l’augmentation exponentielle de la demande de composants électroniques, conséquence de la pandémie, mais aussi due à la croissance d’Internet. Les offres ne suivent pas et la pénurie pourrait durer jusqu’en 2022.

Si la nouvelle usine de Dresde ne peut résoudre la pénurie à elle seule, elle contribuera à y répondre. Plus généralement, après avoir émergé dans les années 2000, la Saxe est devenue un centre européen de premier plan pour la production automobile. Mais aussi, de plus en plus, pour la microélectronique. Près de 2.300 entreprises employant 60.000 salariés travaillent dans ce domaine pour un chiffre d’affaires annuel de 14 milliards d’euros. Et plusieurs fabricants de semi-conducteurs viennent d’annoncer des investissements d’ampleur dans la région, dont le groupe allemand Infineon.

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