Bref, rien…

Le sommet G7 à Biarritz ressemblait davantage aux Championnats du Monde de la communication politique qu'à un sommet politique. Le « club informel » a produit beaucoup – d'air chaud.

Ouf, fini et tout le monde peut rentrer à la maison. Le G+1+1+1+1+1+1+1 était un échec programmé. Foto: ScS EJ

(KL) – Depuis la fin de ce sommet G7, les protagonistes s’auto-congratulent pour cet « excellent sommet » qui aurait dépassé toutes les espérances. Pourtant, il suffit de lire le petit résumé dégarni publié par l’Elysée pour comprendre que les participants à ce sommet n’ont fait que brasser du vent. Quasiment aucun des sujets annoncés en amont n’a été abordé ; et en principe, il aurait suffit que Donald Trump et Emmanuel Macron se rencontrent quelque part en tête-à-tête pour discuter un peu entre eux – les autres participants faisaient office de figurants, et il est peu étonnant que ce sommet n’ait donné aucun résultat.

Inégalités dans le monde, crise climatique, égalité hommes-femmes ? Oui, ces sujets figuraient sur l’agenda de ce sommet, mais Emmanuel Macron en avait décidé autrement. Avec son show autour de la question de l’Iran qui certes, fait partie des problèmes actuels du monde, le président français a effacé tous les autres sujets pour se présenter au monde comme le nouveau porte-parole planétaire. Donald Trump, visiblement ennuyé par cette manifestation étrange, laissait faire son homologue français, puisqu’il n’y avait aucune raison pour hausser le ton.

Les résultats ? Donald Trump décidera au moment qui lui semblera opportun de rencontrer le président iranien pour éventuellement discuter avec lui d’un nouveau traité nucléaire. Peut-être. Si cela arrange ses plans. Sinon, le G7 « appelle de ses vœux » l’organisation d’une conférence sur la situation en Libye. Sensationnel. Et – moment fort de ce sommet, le monde a appris que l’épouse de Donald Trump aime le vin français. Enorme. Toutefois, le président américain ne s’est pas prononcé si oui ou non, il allait maintenir son plan de taxer les importations de vin français. L’annonce d’Emmanuel Macron que les Etats-Unis et la France auraient trouvé un accord, sonne creux. Si accord il y a, pourquoi ne pas le présenter ?

Pendant trois jours, le monde a regardé en direction de Biarritz. Annoncé comme un événement qui allait changer le cours du monde, ce G7 s’est ensuite rétréci à son vrai format, la rencontre d’un « club informel » qui s’est donc soldé sans aucun résultat. Les millions et millions dépensés pour organiser cette rencontre d’un « club informel » n’étaient pas bien investis – puisqu’il n’y avait que Donald Trump et Emmanuel Macron qui monopolisaient les microphones, il aurait été moins cher de leur offrir un smartphone moderne pour qu’ils puissent parler.

Pour les livres d’histoire, il faut noter la présence des 5 autres. Un Boris Johnson qui abusait de ce sommet pour se rapprocher un peu de Donald Trump dans l’espoir que ce dernier sauve ses meubles après son « hard Brexit », il y avait Giuseppe Conte, qui ne représentait rien du tout, puisqu’il vient de démissionner de son poste de premier ministre de l’Italie, on a vu Shinzo Abe qui se tenait poliment à l’écart des discussions, sauf lors des discussions avec le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammed Javad Zarif, parce que le Japon importe beaucoup de pétrole iranien, on a aperçu la chancelière allemande Angela Merkel qui avait visiblement besoin de vacances, et il y avait aussi le chef du gouvernement canadien Justin Trudeau dont l’expression du visage exprimait une seule question : « Mais qu’est-ce que je fais là ? ».

Finalement, il ne s’agissait pas d’un sommet G7, mais d’un G 1+1+1+1+1+1+1. Chacun faisait un peu ce qu’il voulait, mais à l’époque de la communication politique, les disciples d’Emmanuel Macron s’exclament aujourd’hui avec des « ah ! » et des « oh ! ». Un peu comme dans le conte de Hans Christian Andersen « Les Nouveaux habits de l’empereur ». Mais ça, c’est une autre histoire. Nous tairons poliment l’annonce spectaculaire d’injecter la somme de 20 millions d’euros dans le sauvetage de la forêt amazonienne. Donc, la moitié du prix de ce week-end au bord de la mer pour sauver le poumon vert de la planète. No comment. En somme, il s’agissait d’un de ces sommets dont le monde aurait parfaitement pu se passer. Circulez, il n’y a rien à voir.

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