Bruxelles – l‘Union Européenne a moralement déposé le bilan

Les ministres de l‘intérieur de l‘UE n‘ont pas réussi à se mettre d‘accord sur une répartition de 120 000 réfugiés. L‘Union ne mérite plus ce nom - le reste, c‘est de la «communication politique». Lamentable.

Qui dira à ces réfugiés à Budapest qu'il faudra attendre le 8 octobre avant d'être éventuellement fixés sur leur sort ? Foto: Mstyslav Chernov / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(KL) – Si, si, les ministres de l‘intérieur se sont dépêchés de communiquer un «résultat» de leur réunion hier à Bruxelles. Sur le principe de la répartition des réfugiés, on serait plus ou moins d‘accord. Mais pas sur les clés utilisées pour déterminer les quotas. Et on se retrouvera le 8 octobre pour en discuter. Le 8 octobre ? Est-ce que ces gens ne sont pas au courant que les réfugiés sont là, aujourd‘hui, en partie enfermés dans des camps qui ressemblent affreusement à d‘autres camps que l‘Europe a connu dans le passé, dans des pays comme la Hongrie ? Que 15000 réfugiés sont bloqués en Autriche, sans pouvoir avancer ni reculer ? Ne sont-ils pas conscients qu‘il faut une solution, là, maintenant, toute de suite ? Et est-ce que l‘Europe a réellement quitté le chemin de l‘humanisme pour se mettre à gérer la problématique de manière bureaucratique «à la bruxelloise» ? Honte à ces ministres de l‘intérieur, honte aux gouvernements qui se fichent du sort de dizaines de milliers de personnes ayant du fuir leurs pays, honte à ces administrations qui condamnent ces réfugiés à un sort indigne, inhumain et incertain !

Sur la table à Bruxelles, il y avait la proposition de Jean-Claude Juncker. La proposition de répartir 120 000 réfugiés d‘urgence (plus 40 000 qu‘on voulait déjà répartir avant, sans pour autant y arriver, maintenant, on annonce fièrement de vouloir se mettre d‘accord pour ces 40 000 d‘ici le mois de décembre…), en tenant compte de quatre paramètres pourtant justes et faciles à comprendre : le nombre d‘habitants (coefficient 40%), la performance économique (coefficient 40%), le taux de chômage (coefficient 10%) et le nombre de demandeurs d‘asile déjà accueillis (coefficient 10%). Quoi de compliqué dans ce calcul ?

Mais l‘Europe n‘a pas réussi à accepter cette proposition minimale, elle a lamentablement échoué. Il s‘agissait de répartir 15600 réfugiés arrivés en Italie, 50400 arrivés en Grèce et 54000 arrivés en Hongrie. A distribuer pendant deux ans sur les autres états-membres de ce qui fut jadis l‘Union. Cette répartition, qui ne tenait même pas compte du nombre de réfugiés effectivement arrivés depuis le début de l‘année, n‘a pas trouvé de majorité parmi ceux des 28 qui auraient été susceptibles à participer à une telle action. Car avant de calculer, il convient déjà d‘éliminer d‘office la Grande-Bretagne, l‘Irlande et le Danemark qui, de toute manière, sont exempts. Va savoir pourquoi.

Selon le plan de Juncker qui n‘a pas été adopté hier à Bruxelles, chaque état-membre aurait du accueillir pendant les deux ans à venir – Allemagne 31 443 réfugiés, France 24 031 réfugiés, Espagne 14 931 réfugiés, Pologne 9287 réfugiés, Pays-Bas 7214 réfugiés, Roumanie 4646 réfugiés, Belgique 4564 réfugiés, Suède 4469 réfugiés, Autriche 3640 réfugiés, Portugal 3074 réfugiés, République Tchèque 2978 réfugiés, Finlande 2398 réfugiés, Bulgarie 1600 réfugiés, Slovaquie 1502 réfugiés, Croatie 1064 réfugiés, Lituanie 780 réfugiés, Slovénie 631 réfugiés, Lettonie 526 réfugiés, Luxembourg 440 réfugiés, Estonie 373 réfugiés, Chypre 274 réfugiés, Malte 133 réfugiés. Il n‘est sera rien.

Plusieurs pays de l‘est de l‘Europe, ont saboté ce plan qui s‘est basé sur l‘article 78, alinéa 3 du Traité de Lisbonne qui stipule que le Conseil Européen peut, après avoir écouté l‘avis du Parlement Européen, décider de mesures temporaires en cas d‘affluence soudaine de réfugiés d‘origine hors EU. La condition pour de telles mesures est l‘urgence de la situation et la dimension du problème. La situation actuelle devrait présenter une urgence suffisante pour agir. Mais plusieurs pays européens n‘ont plus rien à voir avec les «valeurs européennes» qu‘ils prétendent défendre.

La France et l‘Allemagne étaient favorables à ce plan. Mais la Hongrie, la République Tchèque, la Slovaquie et la Pologne, qui forment une sorte «d‘association de malfaiteurs européens» sous l‘appellation «groupe de Visegrád» (c‘est là qu‘ils se sont rencontrés pour former la résistance contre une mesure humanitaire à l‘échelle européenne) ont saboté ce plan. Soutenus, il faut le dire, pas les pays baltes qui estimaient que le nombre de réfugiés qui leur était destiné, dépassait de loin leur capacité d‘accueil. Eh ben. Ou ils excellent dans le racisme et l‘islamophobie comme la Slovaquie qui pousse le racisme au point de proposer d‘accueillir 200 Syriens «à condition qu‘ils soient chrétiens».

Hier, à Bruxelles, l‘Europe s‘est perdue. Si cette «Union» n‘est pas capable de réagir ensemble et de manière solidaire face à une telle catastrophe humanitaire, elle n‘a plus de raison d‘être. Et à quoi sert une «union» avec des pays comme la Hongrie avec laquelle nous ne partageons visiblement aucune valeur ? Schengen est mort. Et l‘Europe est morte avec.

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