Bruxelles versus Strasbourg – la fin de la fin des frais d’itinérance ?

Théoriquement, les frais d’itinérance (roaming) que les opérateurs téléphoniques encaissent lorsque leurs clients se trouvent à l’étranger, devraient être abolis. Théoriquement.

Mais qu'est-ce qui a bien pu motiver les responsables européens d'agir ainsi contre les intérêts des Européens ?... Foto: MediaPhoto.org / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Voilà un exemple type pour une Europe qui n’a cure des intérêts de ses citoyens – le plan initial de réaliser le troisième niveau de la baisse des frais d’itinérance à la fin 2015, après deux baisses de ces tarifs en 2013 et 2014, ont été modifiés par les 28 états-membres. Ce qui signifie qu’il faut continuer à payer des charges supplémentaires lors de déplacement en Europe. Dans un document du Conseil Européen, donc de l’assemblée des chefs des gouvernements des 28, la notion de l’abolition de ces frais a été remplacée par l’autorisation accordée aux opérateurs d’appliquer de tels frais sur une base annuelle, mensuelle, hebdomadaire ou journalière. Exit donc l’idée d’une Europe qui communique sans frontières. Et les consommateurs européens, donc nous tous, nous trouvent une nouvelle fois bernés par les grandioses annonces des institutions européennes qui finissent, comme souvent, par plier le genou devant les intérêts économiques des grands groupes. Le dernier mot, toutefois, appartiendra au Parlement Européen. Mais puisque ce parlement ne s’est jamais encore distingué comme rempart citoyen face à l’Europe des lobbys de Bruxelles, il n’y a pas beaucoup de chances à ce que le parlement européen commence maintenant à vraiment représenter les citoyens et citoyennes européens.

On comprend pourquoi les responsables européens voudraient bien concentrer toutes les institutions européennes à Bruxelles – cela faciliterait le travail des lobbys qui y dépensent tous les ans des millions pour influencer les élus européens pour qu’ils agissent en leur sens. En ce qui concerne les frais d’itinérance, les lobbys de l’industrie de la télécommunication ont fait un sacré boulot. Ils ont réussi à faire revenir l’Europe institutionnelle de son plan d’abolir ces frais d’itinérance à la fin de cette année 2015 – pour que les opérateurs puissent continuer à encaisser ces frais. Au lieu de créer une Europe de la communication sans frontières, les responsables ont, une nouvelle fois, privilégié l’envie du monde économique de gagner de l’argent par rapport au besoin des Européens de communiquer librement.

Il devient de plus en plus difficile, même pour les Européens les plus convaincus, de défendre cette Europe qui est devenue le caniche des grands groupes financiers et économiques. Les protestations qui fusent actuellement de toute part contre cette décision, seront vite oubliées. Quand on pense que seulement trois semaines après la découverte que les services secrets allemands aient espionné l’Elysée et la Commission Européenne, plus personne n’en parle, les responsables bruxellois n’ont pas vraiment du souci à se faire.

Car les Européens ont décroché de l’Europe institutionnelle. Plus personne ne fait confiance à cette Europe de Bruxelles, considérée comme l’exemple type de la corruption institutionnalisée, comme une administration qui agit systématiquement contre les intérêts des citoyens et citoyennes européens. Les Européens hausseront brièvement les surcils, diront «de toute manière, ils font ce qu’ils veulent» et passeront à autre chose.

Mais si nous n’apprenons pas à nous défendre contre ceux qui, en notre nom, tuent en Méditerranée, qui regardent crever les gens dans le Sud de l’Europe, qui acceptent la misère dans tous les pays européens, tout en câlinant les «marchés», ils continueront à tout jamais.

D’accord, nos moyens sont limités. Notre seule arme est et reste le bulletin de vote. Il faut que nous cessions de voter pour ceux qui trahissent autant les citoyens que l’idée d’une Europe humaniste, sociale et pacifique. Nous devons nous engager dans les ONG, dans des initiatives, dans de nouveaux partis. Mais nous ne devons plus regarder les bras croisés ces bourreaux de cette idée de l’Europe massacrer notre Europe.

Donc, comme souvent, faites l’effort, écrivez à vos députés européens, demandez de rejeter ce plan du Conseil Européens, rappelez leur devoir d’un eurodéputé d’agir dans l’intérêt des citoyens et dites que vous n’allez jamais plus voter pour eux et leurs partis si le plan d’abolition de ces frais d’itinérance est vraiment remplacé par l’autorisation d’appliquer exactement ce frais. Ça suffit, maintenant !

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